CAMPOS (Antônio)
cinéaste et chef opérateur brésilien (Silvestre de Ferraz, Minas Gerais).
Dentiste, enseignant, photographe, musicien, comédien, il est le premier à faire du cinéma à São Paulo. Il adapte en 1905 un projecteur Pathé pour la prise de vues. Sa première œuvre de fiction, O Diabo (1908) est probablement inspirée de Méliès. Il crée un laboratoire pour la « confection de films d'après nature, industriels, théâtraux et de réclame ». Avec Vittorio Capellaro, il porte à l'écran des romans, un peu à la manière du Film d'Art : Inocência (1915) d'après Taunay et O Guarany (1916) d'après José de Alencar. Campos est aussi bien scénariste que photographe. O Curandeiro (1917), qu'il tourne seul, inaugure une originale série d'études des « us et coutumes du sertão » (intérieur du nord-est du pays). Vers 1922, il abandonne son activité multiple et devient l'organisateur de la censure.
CAMPOS (António)
cinéaste portugais (Leiria 1922 - Figueira da Foz 1999).
Après plusieurs courts métrages (Um Tesouro, 1958 ; A Almadraba Atuneira, 1961 ; Leiria 1961, id. ; A Invenção de Amor, 1965 ; Chagall, 1966 ; Colagem, 1967), il aborde le documentaire de long métrage et s'impose comme l'un des meilleurs observateurs de l'évolution sociale de son pays et notamment de la transformation économique et psychologique des campagnes : Vilarinho das Furnas (1971), Parlons de Rio de Onor (Falamos de Rio de Onor, 1974), Gente da Praia da Vieira (1975), Histoires sauvages (Histórias Selvagens, 1978). En 1990 il tourne Terra Fria d'après l'œuvre de Ferreira de Castro et, en 1993, un moyen métrage, la Trémie de cristal (A Tremonha de Cristal).
CAMUS (Marcel)
cinéaste français (Chappes 1912 - Paris 1982).
Excellent assistant, il débute dans la réalisation avec Mort en fraude (1957). Ce film, contemporain des débuts de la Nouvelle Vague, aborde un thème tabou : le colonialisme. Avec conviction, Camus y montre le cheminement tragique de la conscience chez un homme sans grande envergure, au contact de la population d'un village vietnamien en proie à la guerre. Orfeu negro (1959), adapté d'une pièce de Vinicius de Moraes, transpose dans le Brésil d'aujourd'hui l'histoire d'Orphée et d'Eurydice. Palme d'or au festival de Cannes, le film vaut par ses couleurs et son rythme. Tenté par l'exotisme, Camus tourne ensuite Os Bandeirantes (1960), l'Oiseau de paradis (1962), Otalia de Bahia (1976), sans retrouver la veine de ses premiers films. Réalisateur du Chant du monde (1965) et du Mur de l'Atlantique (1970) — avec Bourvil —, il se consacre dans les dernières années de sa vie à la télévision.
CAMUS (Mario Camus García, dit Mario)
cinéaste espagnol (Santander 1935).
Il collabore avec Carlos Saura aux scénarios de Los Golfos (1959) et Ballade pour un bandit (1963) et s'impose comme un brillant représentant du « nouveau cinéma espagnol des années 60 », tournant notamment Young Sánchez (1963), Muere una mujer (1964), Con el viento solano (1965), Volver a vivir (1967). Après une période moins réussie et plus indécise (Digan lo que digan, 1968 ; Esa mujer, 1969 ; La cólera del viento, 1970), il retrouve un talent plus sûr avec Los pájaros de Baden-Baden (1975), Los días del pasado (1977) et surtout avec La colmena (1982) et les Saints innocents (Los santos inocentes, 1984). Après La vieja música (1985), il adapte à l'écran la Maison de Bernarda Alba (La casa de Bernarda Alba, 1987) d'après Lorca et tourne la Rusa (id.), Después del sueño (1992), Sombras en una batalla (1993), Amor proprio (1994), El color de las nubes (1997), La vuelta de El Coyote (1998), la Ville des prodiges (La ciudad de los prodigios, 1999).
CANADA.
La notion même du cinéma canadien recèle des ambiguïtés qui sont celles de l'entité canadienne : une fédération de dix provinces et de deux territoires couvrant au total 9 959 000 km², soit dix-huit fois la France, une population de quelque 23 millions d'habitants, dont une minorité de francophones concentrés principalement au Québec. La frange utile, donc peuplée, est une longue bande de terre étirée de l'Atlantique au Pacifique, de la Nouvelle-Écosse à l'île Vancouver. Échanges et communications se font au moins autant suivant les petits axes nord-sud que suivant le grand axe est-ouest. L'histoire du cinéma canadien a été celle d'une lutte toujours recommencée pour affirmer et préserver son identité à l'égard du puissant voisin américain, en s'appuyant éventuellement, et prudemment, sur les États fondateurs européens : le Royaume-Uni, qui pouvait fournir un soutien administratif, ou un débouché ; la France, qui pouvait proposer une caution, financière peut-être, culturelle sans doute, au cinéma québécois. Lutte si inégale que très tôt une autorité politique de tutelle a dû soutenir diverses initiatives : de tous les États d'économie libérale, le Canada est celui dont le cinéma, dans ses phases d'expansion, a été le plus vigoureusement patronné par le pouvoir politique.
Les premiers films canadiens
sont réalisés en 1898 par James Freer, un fermier du Manitoba. Ils sont présentés à Londres l'année suivante sous les auspices du Canadian Pacific Railway, qui les utilise pour promouvoir l'émigration au Canada. Les résultats sont si encourageants que la compagnie de chemin de fer commandite la Bioscope Company of Canada, fondée par l'Anglais Charles Urban, qui produit dans le même but la série Living Canada : paysages et scènes pittoresques filmés d'un océan à l'autre, diffusés entre 1900 et 1910.
La même année 1898, à l'Exposition nationale de Toronto, la compagnie Massey-Harris du Canada présente ce qui est probablement le premier film publicitaire, tourné sur une ferme de l'Ontario par Edison Studios.
Très tôt également, des nickelodéons imités de ceux qui fonctionnaient dans les grandes villes des États-Unis avaient été installés à Toronto ou à Montréal. C'était de petites salles où une trentaine de clients qui avaient payé 5 cents (un nickel) regardaient, debout, un programme de 20 à 25 minutes. Le 1er janvier 1906, un ancien projectionniste, Léo-Ernest Ouimet (1877-1972), ouvre à Montréal, dans la rue Sainte-Catherine, son premier Ouimetoscope : une salle confortable de 400 places. Le succès est tel que, l'année suivante, Ouimet ouvre une seconde salle (31 août 1907) : 1 200 places dans une architecture flatteuse, un programme abondant coupé d'un entracte. Le prix des places variait de 10 à 50 cents. Le programme était constitué de films que Ouimet achetait à New York, et de bandes d'actualités qu'il tournait lui-même.