ARANDA (Vicente)
cinéaste espagnol (Barcelone, Catalogne, 1926).
Il se trouve lié à l'école dite de Barcelone, dont l'esthétisme raffiné est nouveau dans le cinéma péninsulaire : Fata Morgana (1965) est une des œuvres les plus représentatives et les plus abouties de ce courant. Il aborde ensuite des genres plus commerciaux, soit le fantastique, soit l'érotique : Las crueles (1969), La novia ensangrentada (1972), Clara es el precio (1974), puis, avec davantage de rigueur, la transsexualité, dans Cambio de sexo (1976). Il porte enfin à l'écran, avec talent, la Fille à la culotte d'or (La muchacha de las bragas de oro, 1979), d'après Juan Marsé, incursion d'un écrivain franquiste dans son passé, Asesinato en el Comité Central (1982), d'après Manuel Vázquez Montalbán, film policier ironiquement teinté de politique, et À coups de crosse (Fanny Pelopaja, 1984), portrait d'une jeune loubarde et d'un policier corrompu. Il tourne ensuite Tiempo de silencio (1986), El Lute-Camina o revienta (1987), Demain je serai libre (El Lute II-Mañana sere libre, 1988) Si te dicen que cai (1989), Amantes (1991), El amante bilingüe (1993), Intruso (id.), Libertarias (1996), La mirada del otro (1998), Celos (1999) et Locura de amor (2001), qui font de lui non seulement un des plus prolifiques réalisateurs de l'Espagne contemporaine, mais aussi l'un des plus respectés.
ARATA (Ubaldo)
chef opérateur italien (Ovada 1895 - Rome 1947).
Assistant opérateur à l'Aquila Film de Turin dès 1911, Arata commence sa carrière de chef opérateur en 1915, au temps du muet (nombreux films avec Righelli, Almirante, Negroni), et son activité se poursuit sans interruption jusqu'à sa mort : il travaille alors au Cagliostro de Gregory Ratoff. C'est un opérateur d'un grand professionnalisme, qui sait parfaitement adapter son style aux différents cinéastes avec lesquels il collabore. Parmi ses œuvres les plus marquantes, on peut citer : Rails (M. Camerini, 1929), Je t'aimerai toujours (id., 1933), La signora di tutti (Max Ophuls, 1934), Passaporto rosso (G. Brignone, 1935), Aldebaran (A. Blasetti, id.), Luciano Serra pilota (G. Alessandrini, 1938), Tosca (Carlo Koch, 1941), Carmen (Christian-Jaque, 1943-1945), Rome ville ouverte (Rossellini, 1945).
ARATAMA (Michiyo)
actrice japonaise (Nara 1930).
Elle débute au cinéma en 1951 et joue le plus souvent des personnages d'épouse ou de mère typiquement japonaises, exprimant des sentiments de pureté morale et de fidélité. Elle est, entre autres, la femme du héros idéaliste Kaji dans la Condition de l'homme (M. Kobayashi, 1959-1961, film en trois parties). Mais elle reste aussi l'interprète d'Ichikawa (le Brasier, 1958), Naruse (Iwashigumo, id.), Ozu (l'Automne de la famille Kohayagawa / Dernier Caprice, 1961) ou encore de Masaki Kobayashi (Kwaidan, 1964 ; Pavane pour un homme épuisé, 1968).
ARAU (Alfonso)
acteur et cinéaste mexicain (Mexico 1932).
Il a une formation classique de comédien et danseur, incluant l'étude de la pantomime à Paris. Il joue notamment dans des films d'Alberto Isaac (El rincón de las vírgenes, 1972 ; Tívoli, 1974). Il passe à la mise en scène avec des comédies comme El Aguila Descalza (1969), où il interprète un double rôle, et Calzonzín inspector (1973), inspirée par une bande dessinée et par Gogol. Mojado Power (1979), une comédie musicale sur les Chicanos, vise déjà le public des États-Unis, où le film a été tourné. Le succès arrive finalement avec la saga d'une famille mexicaine bouleversée par la Révolution, les Épices de la passion (Como agua para chocolate, 1991), adaptation du best-seller de son épouse Laura Esquivel, plus ou moins redevable du réalisme magique popularisé par García Márquez et Isabel Allende. En 1994, il signe Walk in the Clouds (les Vendanges de feu), puis Morceaux choisis (Picking Up the Pieces, 2000), une grosse farce avec Woody Allen en tête d'affiche et souffre-douleur.
ARAVINDAN (Govindan)
cinéaste indien (Kottayam, Kerala, 1935 - Trivandrum, 1991).
Après des études scientifiques, il touche à la peinture et au dessin, à la musique et à la dramaturgie. Il réalise son premier film en 1974, Uttarayanam, qui est remarqué, puis Kanchana Seetha (1977), ’le Chapiteau' (Thampu, 1978), enfin, en 1979, ‘ le Croquemitaine ’(Kummatty) et Estheppan. La vie d'un cirque pauvre (Thampu), l'apparition d'un personnage errant (Kummatty) sont des approches subtiles de l'enfance et du quotidien que l'auteur sait rendre sensibles sans faire appel aux acteurs professionnels. Avec Esthappan, film plus ambitieux, le cinéaste nous donne une autre fable sur la réalité et le mythe dans le monde indien. ‘ Crépuscule ’ (Pokkuveyil, 1981) révèle le monde intérieur d'un adolescent soumis à la fascination de la musique. Plusieurs fois primé, Aravindan, auteur du subtil Chidambaram en 1985, puis de Il était une fois un village (Oridathu, 1987), Marattam (TV, 1988) et Unni (INDE-US, 1990), est, avec Gopalakrishnan notamment, un des cinéastes indépendants représentatifs du Sud (films parlés en malayalam). En 1990, il réalise ce qui sera sa dernière œuvre, Vasthuhara.
ARBUCKLE (Roscoe, dit Fatty)
acteur américain (San Jose, Ca., 1887 - New York, N. Y., 1933).
C'était le gros homme jovial des comédies Keystone de Mack Sennett, où il débuta en 1909. Il fut longtemps l'égal de Charles Chaplin et dirigeait ses propres films. Il tourna avec Mabel Normand, Ford Sterling, Chester Conklin, Chaplin lui-même, et surtout engagea le jeune Buster Keaton, qui apparut à ses côtés dans treize films et qui le considérait comme son maître. Son obésité innocente et son sens de la malice, sa gaieté homérique et la légèreté surprenante de ses gambades en firent longtemps un roi du muet, à Hollywood, où il créa la Comique Film Corporation fondée avec Joe Schenck en 1917, jusqu'au moment où un scandale fameux le fit tomber dans une disgrâce fatale. Au cours d'une partie donnée à San Francisco chez l'acteur Lowell Sherman, la jeune actrice Virginia Rappe mourut d'une péritonite. La colonie hollywoodienne étant très puritaine, on cria à l'orgie, et Arbuckle fut accusé de viol et de meurtre. D'un seul coup, le physique plantureux de Fatty devint un symbole d'obscénité, et l'acteur fut mis au ban de l'industrie. Il fut pourtant acquitté par trois jurys, qui conclurent à l'injustice flagrante du procès et à son innocence, mais le mal était fait. Ce fut, selon l'expression fameuse, « le jour où les rires s'arrêtèrent ». Grâce à l'intervention secrète de Keaton, Arbuckle dirigea plusieurs films sous le nom de William B. Goodrich (ou Will B. Good), notamment The Red Mill avec Marion Davies et Special Delivery avec Eddie Cantor. Il mourut dans l'oubli.