Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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TOURNEUR (Jacques [Jack, aux États-Unis]) (suite)

Autres films :

Un vieux garçon (1931) ; la Fusée (1933) ; Toto (id.) ; Pour être aimé (id.) ; Nick Carter, Master Detective (1939) ; Phantom Raiders (1940) ; Doctors Don't Tell (1941) ; Days of Glory (1944) ; Easy Living (1949) ; Stranger on Horseback (1955) ; Timbuktu (1959) ; Fury River (CO George Waggner, Alan Crosland Jr., Otto Lang, id.) ; Mission of Danger (CO G. Waggner) ; la Bataille de Marathon (La battaglia di Maratona, IT, id.) ; Frontier Rangers (TV, id.) ; The Comedy of Terrors (1963) ; War Gods of the Deep/City Under the Sea (US-GB, 1965). ▲

TOURNEUR (Maurice Thomas, dit Maurice)

cinéaste français (Paris 1873 - id. 1961).

Étrange itinéraire que celui de ce cinéaste qui, après des débuts sans éclat dans le serial français à la veille de la Première Guerre mondiale, émigre aux États-Unis, où il réalise une carrière prestigieuse. Sa renommée lui vaudra un temps d'être mis sur un pied d'égalité avec Griffith et De Mille, avant de rentrer en France, à l'aube du parlant, et d'y tourner quelques-uns des films commerciaux les plus solides de l'époque — jusqu'à ce qu'un grave accident, en 1949, le contraigne à une retraite prématurée, et à finir par où d'autres commencent : la traduction en série de romans policiers. Si aucun de ses films ne s'impose comme une réussite majeure, beaucoup recèlent d'indéniables qualités de style et une veine poétique et « aventurière » qui culmine dans l'Île au trésor (1920), le Navire des hommes perdus (1929) et la Main du diable (1943).

On divisera schématiquement sa carrière en trois périodes : %— Les débuts en France. Après de menus travaux au Vaudeville et chez Antoine, en tant qu'acteur puis régisseur, Tourneur entre à la firme Éclair, où il succède à Émile Chautard dans la réalisation de films populaires à petit budget, aujourd'hui perdus, et qui témoignaient, dit-on, d'un sens de la composition théâtrale et plastique assez rare : le Système du docteur Goudron et du professeur Plume (1912), la Dame de Montsoreau (1913), un Rouletabille (1914) en deux épisodes d'après Gaston Leroux, etc. %— La période américaine. Sa bonne connaissance de l'anglais lui vaut d'être envoyé aux États-Unis pour diriger la succursale américaine d'Éclair. Il s'y affirme si bien qu'on le retrouve bientôt parmi les ténors de la Paramount. Là encore, il est difficile de juger sur pièces, la plupart de ces films (plus de cinquante au total) n'étant jamais montrés dans les cinémathèques. Selon Jean Mitry, ils sont à ranger dans un courant « symboliste » ou « féerique » qui tranche sur le prosaïsme hollywoodien. Citons : Trilby (1915), d'après George Du Maurier, Fille d'Écosse (1917) et Une pauvre petite riche (id.), deux des meilleurs films de Mary Pickford ; une adaptation de l'Oiseau bleu (1918), de Maeterlinck, foisonnant de recherches décoratives, et, la même année, une sorte de version érotique d'Intolérance de Griffith, Woman, qui sera scindée pour l'exploitation française en deux parties : l'Éternelle Tentatrice et les Fées de la mer ; l'Île au trésor, d'après Stevenson, avec Lon Chaney ; le Dernier des Mohicans (1920) ; l'Île des navires perdus (1923), un mélodrame aux accents présternbergiens ; enfin l'Île mystérieuse, ce dernier film, non achevé par Tourneur et signé Lucien Hubbard, ayant fait l'objet d'une exhumation récente qui a permis d'apprécier ses curieuses fioritures baroques (et en couleurs). Le cinéaste avait développé à l'époque ses conceptions dans un article du Motion Pictures Magazine : « Nous ne devons point chercher à l'écran la réalité vraie, mais créer des effets qui suscitent des réactions émotionnelles ou intellectuelles... Il s'agit d'atteindre une vérité essentielle plus significative que la seule vérité des apparences. » %— De retour en Europe, il tourne en Allemagne encore un film muet, le Navire des hommes perdus, où l'on voit une horde de matelots avinés guigner une proie charmante qui n'est autre que Marlene Dietrich. La production française parlante de Tourneur sera plus inégale, on y trouve des films policiers : Accusée, levez-vous (1930), Au nom de la loi (1932), Cécile est morte (1944) ; des comédies, tantôt pesantes : le Voleur (1933), tantôt très enlevées : Avec le sourire (1936) ; des mélodrames, raffinés comme les Deux Orphelines (1933), robustes comme le Val d'enfer (1943) ; un thriller parodique : Justin de Marseille (1935) ; des films historiques : Koenigsmark (id.), Katia (1938), Mam'zelle Bonaparte (1941) ; du fantastique de qualité : la Main du diable ; et un des rares exemples de bon théâtre filmé : Volpone (1940), avec Louis Jouvet, Charles Dullin et Harry Baur. Le tout parfaitement représentatif du cinéma français des années 30. Son dernier film, en 1948, sera un « policier » de série, Impasse des Deux-Anges.

Louis Delluc définissait Tourneur comme « un artisan sincère et pensif qui façonne pour lui-même cette sorte d'atmosphère qui donne à l'œuvre une forme, un style, un caractère supérieurs ». Ses meilleurs films se signalent par un mélange de force et de préciosité qui n'est pas sans charme.

Films ▲

En France : le Friquet (1912) ; Jean la Poudre (id.) ; le Système du docteur Goudron et du professeur Plume (id.) ; Figures de cire (id.) ; le Dernier Pardon (1913) ; le Puits mitoyen (id.) ; le Camée (id.) ; Sœurette (id.) ; le Corso rouge (id.) ; Mademoiselle 100 millions (id.) ; les Gaietés de l'escadron (id.) ; la Dame de Montsoreau (id.) ; Monsieur Lecoq (1914) ; Rouletabille (le Mystère de la chambre jaune, la Dernière Incarnation de Larsan) [id.]. Aux États-Unis : la Treizième Heure (The Man of the Hour, 1914) ; Maman (Mother, id.) ; Fille de pirate (The Wishing Ring, id.) ; le Spéculateur (The Pit, id.) ; Alias Jimmy Valentine (1915) ; The Cub (id.) ; le Code secret (The Ivory Snuff Box, id.) ; Trilby (id.) ; Insouciance (The Butterfly on the Wheel, id.) ; Human Driftwood (CO E. Chautard, 1916) ; la Folle Chimère (The Pawn of Fate, id.) ; The Hand of Peril (id.) ; The Closed Road (id.) ; The Rail Rider (id.) ; l'Amérique, champion du droit (The Velvet Paw, id.) ; A Girl's Folly (1917) ; la Casaque verte (The Whip, id.) ; la Flamme éternelle (The Undying Flame, id.) ; l'Exilée (Exile, id.) ; The Law of the Land (id.) ; Fille d'Écosse (The Pride of the Clan, id.) ; Une pauvre petite riche (The Poor Little Rich Girl, id.) ; la Délaissée (Barbary Sheep, id.) ; les Étapes du bonheur (The Rise of Jenny Cushing, id.) ; les Yeux morts (Rose of the World, 1918) ; Maison de poupée (A Doll's House, id.) ; l'Oiseau bleu (The Blue Bird, id.) ; Prunella (id.) ; l'Éternelle Tentatrice et la Fée des mers (Woman, id.) ; Sporting Life (id.) ; la Bruyère blanche (The White Heather, 1919) ; la Ligne de vie (The Life Line, id.) ; le Papillon brisé (The Broken Butterfly, id.) ; Une victoire (Victory, id.) ; The County Fair (CO Edward J. Mortimer, 1920) ; My Lady's Garter (id.) ; l'Île au trésor (Treasure Island, id.) ; Un lâche (The Great Redeemer, id.) ; le Cercle blanc (The White Circle, id.) ; Au fond de l'océan (Deep Waters, id.) ; le Dernier des Mohicans (The Last of the Mohicans, CO C. Brown, id.) ; la Fange (The Bait, 1921) ; The Foolish Matrons (CO Brown, id.) ; Lorna Doone (1922) ; Dans la ville endormie (While Paris Sleeps/The Glory of Love, 1923 [, 1920]) ; Calvaire d'apôtre (The Christian, id.) ; l'Île des navires perdus (The Isle of Lost Ships, id.) ; The Brass Bottle (id.) ; les Deux Gosses (Jealous Husbands, id.) ; Torment (1924) ; la Phalène blanche (The White Moth, id.) ; Sporting Live (1925) ; la Frontière humaine (Never the Twain Shall Meet, id.) ; le Corsaire aux jambes molles (Clothes Make the Pirate, id.) ; le Cavalier des sables (Old Loves and New, 1926) ; Aloma (Aloma of the South Seas, id.) ; l'Île mystérieuse (The Mysterious Island, 1929 [, 1926]). En Allemagne : le Navire des hommes perdus (Das Schiff der verlorenen Menschen, 1929). En France : l'Équipage (1928) ; Accusée, levez-vous (1930) ; Maison de danse (1931) ; Partir (id.) ; Au nom de la loi (1932) ; les Gaietés de l'escadron (id.) ; Lidoire (id.) ; les Deux Orphelines (1933) ; le Voleur (id.) ; l'Homme mystérieux/Obsession (1934) ; Justin de Marseille (1935) ; Koenigsmark (id.) ; Samson (1936) ; Avec le sourire (id.) ; le Patriote (1938) ; Katia (id.) ; Volpone (1940) ; Péchés de jeunesse (1941) ; Mam'zelle Bonaparte (id.) ; la Main du diable (1943) ; le Val d'enfer (id.) ; Cécile est morte (1944) ; Après l'amour (1948) ; Impasse des Deux-Anges (id.).