Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LIBAN.

Alors sous mandat français, ce pays n'est pas touché par la fièvre cinématographique avant les années 30. On présume que la première salle s'est ouverte en 1909 à Beyrouth. Si on oublie deux expériences d'amateurs sans lendemain dues à Jordano Pidutti, originaire de Trieste, on peut dater la naissance de la production libanaise de la création en 1931 de la société Laminar, ou Lumnar Film, à laquelle s'associe Pidutti, dont le second long métrage est les Aventures d'Abou Obeid (Mughamarat Abu Ubayd, 1931). Sa fondatrice, Herta Gharghur, s'appuie sur des propriétaires de salles, Cattan et Haddad, pour produire, en 1934, le seul long métrage de la Lumnar : Dans les ruines de Baalbeck (Bayn Hayakil Ba'labak, Julio De Luca et Karam Bustani). Bien que les techniciens en soient italiens, c'est tout de même le premier film entièrement réalisé en pays arabe sans le recours à des laboratoires étrangers. Il était parlé en arabe et sous-titré en français. Malgré un succès réel, on en resta là. Il faut en effet attendre près de vingt ans pour que le Liban se dote de véritables laboratoires et aménage deux studios : Harun, et al-Arz (1952). Mais les premiers cinéastes issus des diverses fractions nationales : Georges Qai, Aḥmad al-Tukhi, Georges Nasser* (Vers l'inconnu [Il Ayn], 1958), puis Gary Garabédian, Michel Harun, Walid Schmayyt, ne passent pas le cap de tentatives parfois sincères mais assez peu prometteuses. Le mélo et le musical à l'égyptienne se développent et attirent à Beyrouth des Égyptiens : occasionnellement Yusuf Chahin*, Aṭif Salim*, très régulièrement, dès les années 60, Barakat*. Le Libanais Salman* ('la Première Mélodie' [al-Laḥn al-Awwal], 1957) fait une carrière abondante et facile dans la comédie musicale. Peu à peu, les studios et les laboratoires de Beyrouth, dont les performances demeurent pourtant désolantes (son, couleur, doublage ou sous-titrage), suppléent les structures techniques absentes de pays voisins : Iraq, Jordanie, Syrie, jusque vers 1975. On peut noter une modeste production de documentaires et de films touristiques. Les événements politiques s'aggravent et motivent une génération nouvelle : Michel Khleifi*, Alaouie*, Jocelyne Saab, Marun Baghdadi* (Petites Guerres [al-Hurub al-saghira], 1983), dont les qualités de précision et d'écriture n'effacent ni l'intelligence du réel ni sa perception sensible. Au sortir de la guerre civile, en 1991, le cinéma libanais, à l'image du pays, est exsangue. Hormis la dernière fiction de Baghdad¯ı (Hors la vie, 1991) avant sa mort, seuls se distinguent les documentaristes déjà en place depuis la fin des années 70 et début 80. Il faut attendre la seconde moitié des années 90 pour qu'une véritable reprise du cinéma libanais se fasse sentir, avec l'arrivée de nouveaux cinéastes, revisitant la période de la guerre et inaugurant enfin un nécessaire travail de deuil : Mohamed Soueid (Absence, 1991 ; Destinée, 1997), Ziad Doueiri (West Beyrouth, 1998), Ghassan Sahlab* (Beyrouth fantôme, 1998 ; Guerre civile, 2001), Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (Autour de la maison rose, 1998).

LIBRARY SHOT.

Locution anglaise pour plan d'archives.

LIEBENEINER (Wolfgang)

acteur et cinéaste allemand (Liebau [auj. Lubawka, Pologne] 1905 - Vienne, Autriche, 1987).

Acteur et metteur en scène de théâtre, il débute au cinéma en 1930, obtenant son premier grand rôle dans Liebelei (Max Ophuls, 1933). En 1937, il débute dans la réalisation et tourne cinq films en deux ans, dont Yvette (1938). En 1940, il est coauteur et réalisateur de Bismarck et, un an plus tard, dirige Suis-je un criminel ? (Ich klage an, 1941), le célèbre film sur l'euthanasie qui ternira sa réputation après la guerre. Directeur de production à la UFA pendant les années de guerre, il revient à la mise en scène théâtrale en 1945 à Hambourg, puis à Vienne (1954). Réalisateur très prolifique à compter de 1949, il tourne notamment Liebe 47 (1949) et des « films de famille », dont les plus célèbres sont la Famille Trapp (Die Trapp Familie, 1956) et la Famille Trapp en Amérique (Die Trapp Familie in Amerika, 1958), puis, dans les années 60, quelques œuvres de télévision.

LIEDTKE (Harry)

acteur allemand (Königsberg [auj. Kaliningrad] 1882 - Bad Saarow-Pieskow 1945).

C'est surtout avec Ernst Lubitsch que s'impose, au début des années 20, ce jeune premier fringant, volontiers cascadeur, qui faillit devenir le Douglas Fairbanks allemand. Sous sa direction, il incarne notamment Don José, partenaire de Pola Negri, dans Carmen (1918), le séduisant prince Nuki de la Princesse aux huîtres (Die Austernprinzessin, 1919), le chevalier Armand Saint-Foy dans Madame du Barry (id.), le matois Nour al Din de Sumurun (1920) et l'un des héros empanachés de la Femme du pharaon (1922). Il tourne également l'Homme sans nom (G. Jacoby, 1921), les Finances du Grand Duc (F. W. Murnau, 1924), le Marchand de Venise (P. P. Flener, id.), le Beau Danube bleu (An der schönen blauen Donau, F. Zelnik, 1926), Régine ou la Tragédie d'une femme (Regine, die Tragödie einer Frau, E. Waschneck, 1927) et une cascade de comédies sirupeuses signées Viktor Janson ou Geza von Bolvary. Dans le premier film « parlant et chantant » allemand, Ce n'est que votre main, madame (Ich küsse Ihre Hand, Madame, Robert Land, 1929), il pousse la romance, aux côtés d'une pimpante partenaire qui n'est autre que Marlene Dietrich : en réalité, sa voix est doublée par celle du ténor Richard Tauberg. Le subterfuge sera vite éventé, et ses intonations assez vulgaires vont constituer un lourd handicap dans sa carrière parlante, beaucoup plus effacée : Der Page vom Dalmasse-Hotel (V. Janson, 1933) ; Zwischen zwei Herzen (Herbert Selpin, 1934) ; Sophienlund (Heinz Rühmann, 1943). Willy Fritsch, Henri Garat et autres Nelson Eddy l'avaient depuis longtemps détrôné dans le cœur des midinettes.

LIGERO (Miguel)

acteur espagnol (Madrid 1890 - id. 1968).

Venu du théâtre, il fait sa première apparition sur l'écran à l'époque du muet. Mais il doit sa popularité à une verve comique, aussi emphatique qu'efficace, perceptible notamment dans trois classiques d'avant-guerre : Nobleza baturra (F. Rey, 1935), La verbena de la paloma (B. Perojo, id.) et Morena Clara (F. Rey, 1936) ; il participe d'ailleurs à leurs remakes, signés respectivement Juan de Orduña (1965), José Luis Sáenz de Heredia (1963) et Luis Lucia (1954). Durant sa phase dorée, il est dirigé encore par Rey et Perojo (El barbero de Sevilla, 1939, tourné dans les studios allemands) et par son propre fils, Luis Ligero (Sobresaliente, 1948 ; Entre barracas, 1949), parmi d'autres.