INTERMÉDIAIRE.
Copie intermédiaire, ou intermédiaire, contretype (négatif ou positif) du négatif original. ( COPIES, TIRAGE.) Film intermédiaire, film conçu pour la confection de tels contretypes.
INTERNÉGATIF.
Syn. de négatif intermédiaire. ( COPIES, ÉTALONNAGE.)
INTERPOSITIF.
Syn. de positif intermédiaire. ( COPIE.)
INTERTITRE ou TITRE.
Plan ne comportant que du texte, généralement en blanc sur fond noir, intercalé à des fins explicatives entre deux scènes. (Très courants dans le cinéma muet, les intertitres ne sont presque plus utilisés.)
« IN THE CASE ».
Expression anglaise équivalent de dans la boîte.
INTRODUCING.
Équivalent anglais de pour la première fois à l'écran. ( GÉNÉRIQUE.)
INVENTION DU CINÉMA.
Le cinéma est né lorsque se sont enfin rejointes deux voies de recherche explorées au cours du XIXe siècle, la première visant à créer l'illusion du mouvement, la seconde visant à analyser les mouvements.
L'illusion du mouvement.
Le phénomène de la persistance rétinienne, apparemment connu depuis l'Antiquité, fit l'objet vers 1820 de diverses expériences. L'une d'elles conduisit un médecin londonien, le Dr Paris, à inventer un jouet, le Thaumatrope (1826), où la rotation rapide d'un disque en carton tendu entre deux fils provoque la superposition visuelle des dessins portés par les deux faces du disque (par ex. l'oiseau d'un côté, la cage de l'autre).
Auteur de la première théorie de la persistance rétinienne, Joseph Plateau imagina en 1832 le Phénakistiscope (ou Phénakisticope), disque de carton percé sur son pourtour de fines fentes radiales équidistantes et comportant, plus proche du centre, une couronne de dessins représentant les phases successives d'un mouvement cyclique. Faisant tourner rapidement le disque, on observe les dessins par réflexion dans un miroir en plaçant l'œil au niveau des fentes : celles-ci ne permettant la vision que pendant un instant très bref, les dessins sont « immobilisés au vol » et leur vision successive crée l'illusion du mouvement. Commercialisé sous le nom de Fantascope, cet appareil connut un très grand succès. Inventé par Simon Stampfer presque en même temps, le Stroboscope n'en diffère que par la séparation des fentes et des dessins, portés par deux disques distincts tournant en sens contraire. Mais c'est le Zootrope, conçu par William George Horner en 1834, qui connut la plus grande vogue, tout au long du XIXe siècle : les fentes y sont pratiquées à la partie supérieure d'un cylindre noir, les dessins étant portés par une bande amovible placée à l'intérieur du cylindre.
Si les appareils précédents demeurèrent des jouets, le principe de l'« immobilisation au vol » fut exploité par de nombreux inventeurs du XIXe siècle : placées à la périphérie d'un disque, les vues transparentes à animer étaient démasquées, à leur passage devant une fenêtre éclairée, par une découpe pratiquée dans un disque obturateur tournant en synchronisme en sens inverse. (Dérivés de l'appareil de Stampfer, ces appareils peuvent être regroupés sous le terme général de « stroboscopes ». Le Tachyscope d'Ottomar Anschütz, où les vues étaient « immobilisées » par de très brefs éclairs lumineux, appartient à cette famille.) Dès les années 1850, on réalisa ainsi des projections animées, malheureusement très peu lumineuses en raison de l'extrême brièveté du temps pendant lequel les vues étaient démasquées. (On verra qu'Edison lui-même eut recours, dans son Kinetoscope, au principe de l'immobilisation au vol.)
Reynaud.
Certains appareils améliorèrent la luminosité de l'image grâce à un mécanisme d'avance intermittente des vues, celles-ci s'immobilisant un instant devant la fenêtre. Bien qu'il s'agisse là du principe même de la projection cinématographique, l'innovation ne marqua pas les esprits : outre la qualité médiocre du résultat, ces appareils ne pouvaient, comme leurs prédécesseurs, que montrer indéfiniment le même mouvement cyclique.
C'est le Français Émile Reynaud qui parvint le premier, non seulement à projeter des images animées dans de bonnes conditions, mais encore à projeter des mouvements non cycliques.
Dans un premier temps (1877-1880), il réalise le Praxinoscope, Zootrope amélioré où les dessins sont observés par réflexion sur une couronne de miroirs plans placés à mi-distance entre l'axe et la périphérie du cylindre, l'image des dessins dans les miroirs se trouvant ainsi visuellement au centre du cylindre. En raison de la rotation de l'appareil, cette image tourne un peu autour de son axe vertical mais le phénomène n'est guère gênant car elle est rapidement remplacée, en une sorte de fondu enchaîné, par l'image du dessin suivant dans le miroir suivant. Alors que, dans le Stroboscope et le Zootrope, le mouvement des dessins est « arrêté » par l'extrême brièveté du temps de vision, il y a ici compensation optique de ce mouvement.
Remplaçant les dessins opaques par une couronne de vues transparentes, Reynaud réalisa ensuite le Praxinoscope de projection, qui assurait enfin des projections animées lumineuses puisqu'il n'y avait plus aucune obturation du faisceau lumineux. Dans une dernière étape (1888), il eut l'idée de monter ces vues les unes à la suite des autres en les fixant sur deux longs rubans d'acier souple, la bande ainsi obtenue défilant contre un tambour cylindrique ajouré entraîné par la bande elle-même grâce à un système d'œillets. De 1892 à 1900, Reynaud assura lui-même, avec ce « Théâtre optique », plus de 10 000 représentations de diverses saynètes, comportant chacune plusieurs centaines de dessins qu'il peignait lui-même et dont la durée variait entre 5 et 15 minutes environ. (La projection s'effectuait par transparence, les personnages peints sur fond noir évoluant au milieu d'un décor projeté par une lanterne fixe indépendante.)
S'il n'inventa ni la caméra ni le projecteur (encore que plusieurs appareils aient repris par la suite le principe du défilement continu et de la compensation optique [ PROJECTION]), c'est à Émile Reynaud qu'il revient : d'avoir assuré quotidiennement, en public, trois ans avant le cinématographe Lumière, des projections animées de mouvements non cycliques ; d'avoir, dix ans avant Émile Cohl et Stuart Blackton ( ANIMATION), réalisé les premiers dessins animés, dont il ne nous reste malheureusement qu'un modeste échantillon. (Détrôné par le cinéma, Émile Reynaud sombra dans l'oubli et la misère. En 1910, il jeta dans la Seine la plupart de ses bandes, et il mourut à l'hospice d'Ivry dans une extrême pauvreté.)