décorateur français d'origine hongroise (Budapest 1906 - Omonville-la-Petite 1993).
Après des études de peinture à l'École des beaux-arts de Budapest, il s'établit à Paris en 1929 et y est engagé par le grand décorateur de cinéma Lazare Meerson, dont il sera l'assistant jusqu'en 1936, notamment pour À nous la liberté (R. Clair, 1931) et pour la Kermesse héroïque (J. Feyder, 1935). Il devient chef décorateur en 1937 et signe pour Marcel Carné le Londres de fantaisie de Drôle de drame (1937), les pavés luisants du Quai des brumes (1938), le canal Saint-Martin d'Hôtel du Nord (id.) ou la banlieue désolée du Jour se lève (1939). C'est dans la clandestinité qu'il doit dessiner durant l'Occupation trois films majeurs : les Visiteurs du soir (id., 1942), Lumière d'été (J. Grémillion, 1943) et, surtout, les Enfants du paradis (Carné, 1945), avec sa prodigieuse reconstitution du Boulevard du crime. Le vrai dénominateur commun de ces films d'alors, c'est surtout son ami Jacques Prévert, qui lui donne encore l'occasion de dresser dans les studios parisiens, au milieu des restrictions de la Libération, un de ses plus beaux décors : la station de métro Barbès des Portes de la nuit (id., 1946). Avec la diminution constante du poste décoration dans le budget des films après la guerre et le démantèlement des studios français, Trauner, consacré comme un des meilleurs décorateurs mondiaux de cinéma, collabore ensuite de plus en plus exclusivement avec des cinéastes américains, en particulier Billy Wilder, dont il a décoré huit films, notamment la Garçonnière (1960), qui lui vaut un Oscar, Irma la Douce (1963) et la Vie privée de Sherlock Holmes (1970). Il est l'homme des grands décors monumentaux, toujours animé par le souci de n'en pas oublier la dimension humaine, l'expression idéale de ce « réalisme poétique » où se mêlent rigueur de la reconstitution et fantaisie d'une interprétation toute personnelle de la réalité. Au début des années 80, cet alerte octogénaire travaille beaucoup en France avec Bertrand Tavernier (Coup de torchon, 1981 ; Autour de minuit, 1986), Claude Berri (Tchao Pantin, 1983) ou Luc Besson (Subway, 1985).
Autres films :
Mollenard (R. Siodmak, 1938) ; Remorques (Grémillon, 1941) ; Juliette ou la Clé des songes (Carné, 1951) ; la Jeune Folle (Y. Allégret, 1952) ; Othello (O. Welles, id.) ; la Terre des pharaons (H. Hawks, 1955) ; Témoin à charge (Wilder, 1958) ; Chérie, recommençons (S. Donen, 1960) ; Gigot, le clochard de Belleville (G. Kelly, 1962) ; Et vint le jour de la vengeance (F. Zinnemann, 1964) ; la Nuit des généraux (A. Litvak, 1967) ; la Puce à l'oreille (J. Charon, 1968) ; l'Homme qui voulut être roi (J. Huston, 1975) ; Monsieur Klein (J. Losey, 1976) ; Fedora (Wilder, 1978) ; Don Giovanni (Losey, 1979) ; la Truite (id., 1982) ; Harem (Arthur Joffé, 1986).