Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
T

TOURELLE.

Sur une caméra ou un projecteur, pièce rotative portant plusieurs objectifs. ( CAMÉRA, PROJECTION.)

TOURINE (Viktor) [Viktor Aleksandrovič Turin]

cinéaste soviétique (Saint-Pétersbourg 1895 - Moscou 1945).

Après des études théâtrales à Saint-Pétersbourg, il part pour les États-Unis, où il suit des cours techniques au Massachusetts Institute of Technology de Boston. Il est un temps acteur et scénariste à la Vitagraph d'Hollywood. De retour en URSS, il tourne un documentaire, les Mots d'ordre d'Octobre (Lozungi Oktjabrja, 1922), puis, après un détour par la fiction — la Lutte des géants (Bor'ba gigantov, 1926), le Provocateur (Provokator, 1928) —, il signe son chef-d'œuvre, Turksib/la Route d'acier (Stalnoj put ', 1929), puissant et lyrique reportage sur la construction de la voie ferrée Turkestan-Sibérie. En 1938, il réalise le Peuple de Bakou (Bakincy).

TOURJANSKY (Vjačeslav Turžanskij, dit Victor)

cinéaste d'origine russe (Kiev, Ukraine, 1891 - Munich, Allemagne, 1976).

Élève de Stanislavski à l'Académie d'art dramatique de Moscou, il débute comme acteur à l'écran en 1912 puis, deux ans plus tard, comme réalisateur (Symphonie de l'amour et de la mort [Simfonija Ljubvi i smerti], 1914 ; les Frères Karamazov [Brat'ja Karamazovy], 1915). Chassé par la révolution d'Octobre, il émigre en France avec son épouse, Nathalie Kovanko, et la troupe théâtrale de son beau-frère, Boris Fastovitch. Il poursuit sa carrière en signant des mélodrames à résonance exotique (le Chant de l'amour triomphant, 1923), des films d'aventures (Michel Strogoff, 1926) et quelques œuvrettes de routine avant d'assister Abel Gance lors du tournage de Napoléon (1927). Appelé aux États-Unis, il y réalise un film unique, The Adventurer (1928), et occidentalise son prénom, avant de revenir en Europe. Désormais, son cosmopolitisme l'entraînera dans les studios français, allemands et italiens, où il se fera remarquer par une succession de films sans grande originalité, mais dont certains seront des succès publics. Parmi de nombreux titres citons : Wolga Wolga (ALL, 1928), Manolescu (ALL, 1929), l'Aiglon (Der Herzog von Reichstadt, 1931 et version française), le Chanteur inconnu (FR, id.), Volga en flammes (FR, 1934), les Yeux noirs (FR, 1935), Die ganze Welt dreht sich um Liebe (ALL, id.), le Mensonge de Nina Petrovna (FR, 1937), Feinde (ALL, 1940), Tonelli (ALL, 1943), Orient-Express (ALL, 1944), Salto mortale (ALL, 1953), Königswalzer (ALL, 1955), les Bateliers de la Volga (I Battellieri del Volga, IT - FR, 1959), le Roi cruel (Erode il Grande, IT - FR, id.), les Cosaques (I Cosacchi, CO Giorgio Rivalta, IT - FR, 1960), le Triomphe de Michel Strogoff (FR - ALL, 1961), Cléopâtre, une reine pour César (Una regina per Cesare, CO Piero Pierotti, IT - FR, 1962).

TOURNAGE.

On assimile parfois fabrication d'un film et tournage de ce film. En fait, le tournage n'est qu'une des phases de la fabrication du film, celle où l'on enregistre le matériau de l'œuvre : les images et les sons « directs » captés en même temps que les images.

Globalement, quatre grandes phases peuvent être distinguées dans le processus de fabrication : la « genèse » ; la préparation du tournage ; le tournage ; enfin, ce que l'on appelle de plus en plus souvent la « postproduction », c'est-à-dire l'ensemble des travaux (montage, mixage, etc.) postérieurs au tournage.

La genèse d'un film.

Un film est une opération artistique et financière, montée par le producteur, dans laquelle un certain nombre de personnes physiques ou morales investissent avec l'espoir d'être payées de retour, « investir » et « payer de retour » étant à prendre ici dans un sens large et non nécessairement financier : pour une entreprise de production classique, l'affaire est effectivement d'ordre financier ; mais un jeune réalisateur ou un jeune comédien peut investir son temps de travail, sa rémunération, voire ses économies, dans l'espoir d'atteindre la notoriété ou de voir se réaliser un projet qui lui tient à cœur.

Il est clair alors que, au début du film, il y a l'idée du film, une idée dont on peut penser — à tort ou à raison — qu'elle est susceptible de déboucher sur un « retour » justifiant l'investissement. Cette idée initiale peut être le scénario proposé par le réalisateur. Ce peut être l'idée de porter à l'écran un roman à succès. Ce peut être beaucoup moins précis : un thème d'actualité (pollution, espace, drogue, racisme, etc.), l'idée de faire tourner un chanteur à la mode, de réunir deux vedettes jamais vues ensemble, l'idée de donner vie à un héros de bande dessinée, etc. À un extrême, cela conduit aux films où scénariste, réalisateur, comédiens, collaborateurs de tout genre sont des exécutants engagés pour fabriquer le produit défini par le producteur. À l'autre extrême, le film est la réalisation matérielle de l'œuvre que le cinéaste « portait en lui ».

Quoi qu'il en soit, à mesure que l'idée progresse pour ce qui est des possibilités de réalisation (financement, disponibilité des vedettes pressenties, etc.), elle doit se préciser pour ce qui est du contenu du film. Classiquement, cela s'effectue par la rédaction successive de divers documents. Le synopsis expose le sujet en quelques pages. La continuité, ou traitement, ou encore adaptation, développe le synopsis, en faisant bien apparaître la structure du film. Le scénario décrit ensuite, scène par scène, ce qui sera tourné. Le découpage décrit enfin, plan par plan, ce qui sera tourné ; jusqu'à l'achèvement du film, il demeurera le document de référence. À vrai dire, s'il faut dans tous les cas aboutir au découpage (les films « improvisés sont l'exception qui confirme la règle »... ou de la mystification), les autres étapes du processus ne sont données ci-dessus qu'à titre indicatif. En particulier, il n'y a pas de distinction nette entre continuité (surtout si elle est « dialoguée ») et scénario, de même qu'entre découpage « technique » et découpage (le premier comporte des indications techniques détaillées, le second des indications plus sommaires). Ces travaux sont l'œuvre de scénaristes, d'adaptateurs, de dialoguistes, généralement en collaboration avec le réalisateur, qui est d'ailleurs, aujourd'hui, le plus souvent, auteur ou coauteur du scénario. Le découpage, où apparaît la « façon de voir » du réalisateur, est évidemment à la charge de ce dernier.