ÉTALONNAGE. (suite)
Remarques diverses.
Au-delà des simples corrections considérées jusqu'ici, l'étalonnage prend en compte les interventions demandées par le réalisateur ou le chef opérateur du film à des fins esthétiques (par ex., une tonalité générale « chaude » ou « froide ») aussi bien que les interventions nécessaires à la réalisation de certains effets comme la nuit américaine*. De toute façon, l'étalonnage implique la participation du chef opérateur.
S'agissant des rushes, projetés quotidiennement pour juger les prises de vues du jour ou de la veille, il existe deux écoles. Les rushes non étalonnés, tirés en lumière standard, reflètent fidèlement le négatif mais demandent une transposition mentale pour imaginer ce que donnera le plan une fois étalonné. On peut aussi demander au laboratoire un premier étalonnage tenant compte des indications qui lui sont fournies (intérieur jour, intérieur nuit, etc.). L'image est beaucoup plus proche de ce qu'elle sera sur la copie finale, mais il est difficile au chef opérateur d'apprécier la qualité — et les défauts éventuels — du négatif, sauf si les rushes reviennent accompagnés d'un rapport technique établi à son intention.
Les films tirés en un grand nombre de copies sont tirés non pas d'après le négatif original mais d'après un internégatif, copie de ce négatif. Les corrections de tirage s'effectuent alors non pas au tirage des copies mais au moment de l'établissement de l'internégatif, les copies étant ensuite tirées en lumière standard.
Charte.
S'il vise à obtenir la continuité du rendu des couleurs entre les plans qui se suivent, l'étalonnage vise tout autant à procurer un rendu satisfaisant des couleurs. L'étalonneur, qui procède par appréciation visuelle, a besoin pour cela de références. Le visage des comédiens, harmonisé par le maquillage*, est une référence. Une autre référence est fournie par la charte (également désignée par le terme angl. liby), filmée en fin de plan et qui porte deux séries standardisées de plages colorées et de plages grises. Paradoxalement, c'est surtout la gamme de gris qui est utile, car elle permet de détecter aisément les dominantes colorées.
« Négatif tête de femme ».
Une fois l'étalonnage effectué, l'image positive doit être identique d'une copie à l'autre et ne doit pas dépendre des variations possibles : du développement, de la lumière, de la tireuse, des caractéristiques (variables selon le fabricant et selon le lot de fabrication) de la pellicule positive employée pour le tirage. Pour minimiser l'influence de ces facteurs, le laboratoire peut agir sur les caractéristiques du développement et sur le réglage de la tireuse. (Matériellement, ce réglage s'effectue en soustractif, par un ou plusieurs filtres placés entre lampe et films, ou en additif, par des volets spécialisés, les « trimers »). Parallèlement à la sensitométrie ( LABORATOIRE), qui permet au laboratoire de mesurer régulièrement la qualité du développement, un contrôle visuel rapide de l'ensemble du processus est fourni par le tirage fréquent (en fin de chaque bobine, par exemple) d'un court fragment de négatif propre au laboratoire et représentant typiquement un visage de femme accompagné d'une charte. Ce « négatif tête de femme » sert également à régler l'analyseur décrit plus avant, par comparaison entre l'image du négatif fournie par l'analyseur et un tirage positif jugé correct de ce même négatif.