Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BROCCOLI (Alberto Romolo, dit familièrement Cubby)

producteur américain (New York, N. Y., 1909 - Los Angeles, Ca., 1996).

D'abord assitant réalisateur pour la 20th Century Fox puis la RKO de 1941 à 1949, il s'installe à Londres en 1951 et devient producteur. Après quelques films dont le Serment du chevalier noir (T. Garnett, 1954), il lance dès 1962 avec James Bond 007 contre Dr No (T. Young) la célèbre et populaire série vouée aux exploits de l'intrépide et séduisant agent 007.

BROCKA (Lino Ortiz)

cinéaste philippin (San José, Nueva Ecija, 1940 - Manille 1991).

À force d'obstination et de talent, il a donné au cinéma philippin ses lettres de noblesse. Après des études à l'université des Philippines, il se convertit à la religion mormon, passe deux ans à Hawaii dans une colonie de lépreux comme missionnaire, séjourne à San Francisco puis, de retour aux Philippines, participe aux spectacles de la compagnie dramatique, Educational Theater Association. Il ne cessera d'avoir des activités théâtrales, montant des pièces de Sartre et de Tennessee Williams, mais aussi des spectacles liés à la situation de son pays. Dans les années 70 (sa première œuvre date de 1970), il réalise une trentaine de films. Beaucoup d'entre eux sont alimentaires, mais, certains échappant au commercialisme et à la médiocrité de l'industrie locale, imposent très vite Lino Brocka comme un cinéaste complet, attaché à dévoiler la réalité sociale et économique des Philippines, doué d'un sens aigu des gestes et des lieux, donnant à ses films une énergie et une vitalité étonnantes. Influencés par le cinéma italien d'après-guerre et la production hollywoodienne, ils appartiennent à des genres codifiés (mélodrame, policier) auxquels le réalisme du traitement donne une nouvelle fraîcheur. Parmi une production abondante, citons en particulier :’On t'a pesé et trouvé trop léger‘ (Tinimbang ka Ngun it Kukang, 1974) ; ’Manille dans les griffes du néon‘ (Maynila : sa mga kuko ng Liwanag, 1975) ; Insiang (id., 1976) ; Jaguar (id., 1979) ; Bona (id., 1980) ; Angelo Markado (id.) ; Bayan ko (id., 1984) ; Macho Dancer (1988) ; les Insoumis (Ora pro nobis / Fight for us, 1989).

BRODIN(E) (Norbert)

chef opérateur américain (St Joseph, Mo., 1896 - Los Angeles, Ca., 1970).

De 1919 à 1945, sa carrière, fort bien remplie, n'émerge pas de l'anonymat. Mais lorsqu'il est engagé à la 20th Century Fox et qu'il travaille avec Henry Hathaway (la Maison de la 92e rue, 1945 ; le Carrefour de la mort, 1947), Joseph L. Mankiewicz (Quelque part dans la nuit, 1946), Elia Kazan (Boomerang, 1947) et Jules Dassin (les Bas-Fonds de Frisco, 1949), il contribue à l'esthétique du film noir et à l'évolution de cette esthétique. Le tournage hors des studios, sur les lieux mêmes de l'action, qui n'exclut pas la souplesse des déplacements ni la composition de l'image, les jeux d'ombre et les reflets de lumière, l'éclairage cru ou très contrasté des visages : autant de données qui, tout en créant l'impression du document, imposent le sentiment de la fatalité dans l'univers urbain. À partir de 1953, il travaille uniquement pour la télévision.

BRODSKY (Vlastimil)

acteur tchèque (Hrušov nad Odrou 1920).

Acteur de théâtre, il débute à l'écran en 1947 dans la Frontière volée de Jiři Weiss, obtient quelques rôles dans des films de Martin Frič et de Jiři Krejčik à la fin de la décennie suivante mais ne rencontre la notoriété qu'au cours des années 60, durant lesquelles il a la chance de travailler avec les meilleurs cinéastes de l'époque : Zbyňek Brynych (Transport au paradis, 1962), Vojtech Jasny (Un jour, un chat, 1963 ; Chronique morave, 1968), Evald Schorm (Du courage pour chaque jour, 1964 ; la Fin du bedeau, 1969), Jiři Menzel (Trains étroitement surveillés, 1966 ; Un été capricieux, 1967 ; Crime au café-concert, 1968). On le retrouve ensuite dans des films moins significatifs comme ‘ le Fantôme de Freon ’ (Freonovy duch, Zbynek Zelenka, 1990) ou ‘ Une trop bruyante solitude ’ (Příliš hlučná samota, Vera Cais, 1995, d'après B. Hrabal). Il a été l'époux de Jana Brejchova.

BRONNER (Robert)

chef opérateur américain (New York, N. Y., 1907 - Los Angeles, Ca., 1969).

Venu au cinéma durant les années 50, l'essentiel de sa carrière se déroule à la MGM, où il éclaire à quatre reprises Cyd Charisse dans Beau fixe sur New York (G. Kelly et S. Donen, 1955), Viva Las Vegas (R. Rowland, 1956), la Belle de Moscou (R. Mamoulian, 1957) et Traquenard (N. Ray, 1958). En dehors du musical déclinant, il trouve son terrain d'élection dans la comédie : The Opposite Sex (D. Miller, 1956), Prenez garde à la flotte (Ch. Walters, 1957), Ne mangez pas les marguerites (id., 1960). Il continuera d'explorer ce domaine après avoir repris son indépendance : Milliardaire pour un jour (F. Capra, 1961) ; série Gidget (P. Wendkos, 1959-1963) ; Trois sur un sofa (J. Lewis, 1966).

BRONSON (Elizabeth Ada Bronson, dite Betty)

actrice américaine (Trenton, N.J., 1906 - Pasadena, Ca., 1971).

Elle accède brusquement à la célébrité, en 1924, en obtenant le rôle principal de la première version de Peter Pan, réalisée par Herbert Brenon. La Paramount espère tenir en elle une nouvelle Mary Pickford et cherche à l'enfermer dans des rôles charmants, nostalgiques ou féeriques : Are Parents People ? (M. St Clair, 1925) ; Not so Long Ago (S. Olcott, id.), A Kiss for Cinderella (Brenon, 1926). Elle cherche à élargir sa palette. Elle est la Vierge Marie dans Ben Hur (F. Niblo, 1924), apparaît dans des westerns (The Golden Princess, C. Badger, 1925 ; Open Range, C. Smith, 1927), des comédies romantiques (Ritzy, R. Rosson, 1927), dans l'un des premiers « talkies » (le Fou chantant, 1928, L. Bacon).

BRONSON (Charles Buchinski, dit Charles)

acteur américain (Ehrenfeld, Pa., 1920).

Fils d'émigrés lituaniens, il tient de très petits rôles au théâtre avant de débuter au cinéma sous son véritable nom dans La marine est dans le lac (H. Hathaway, 1951). Son visage buriné, sa musculature de boxeur le vouent, au cours de la première partie de sa carrière (1951-1960), soit aux emplois de personnages typés, d'origine étrangère, dans des films d'action, fantastiques, westerns ou policiers (l'Homme au masque de cire, A. De Toth, 1953 ; Bronco Apache, R. Aldrich, 1954 ; l'Aigle solitaire, D. Daves, id., pour lequel il adopte son pseudonyme ; le Jugement des flèches, S. Fuller, 1957), soit aux premiers rôles dans des productions de série B : Mitraillette Kelly (R. Corman, 1958), sur le petit comme sur le grand écran. Les Sept Mercenaires (J. Sturges, 1960) ouvrent la deuxième partie de sa carrière (1960-1967), tête d'affiche de grosses productions, avec des cinéastes renommés, dans des rôles variés : la Grande Évasion (Sturges, 1963), le Chevalier des sables (V. Minnelli, 1965), Propriété interdite (S. Pollack, 1966). Il abandonne la télévision. Les Douze Salopards (Aldrich, 1967) lui valent la célébrité. Commence alors la troisième partie de sa carrière, celle de star internationale, qui le reconduit malheureusement aux rôles typés de ses débuts : Adieu l'ami (Jean Herman, 1968), Il était une fois dans l'Ouest (S. Leone, id.), le Passager de la pluie (R. Clément, 1969). Dans des films conçus pour sa femme Jill Ireland (1936-1990) et pour lui, Michael Winner fait de lui un héros omnipotent, omniscient, sans mystère ni sensibilité, qui, des Collines de la terreur (1972) au Flingueur (1973), devient archétypal avec Un justicier dans la ville (1974). Bronson essaye d'échapper à ce personnage (Cosa Nostra, T. Young, 1972) ou de le ridiculiser : From Noon Till Three (C'est arrivé entre midi et trois heures, Franck D. Gilroy, 1976). Devant les réserves du public, il s'y laisse ramener : Un justicier dans la ville no 2 (Winner, 1981), Death Wish 3 (id., 1985). Il interprète ensuite la Loi de Murphy (Murphy's Law, J. Lee Thompson, 1986) et Protection rapprochée (Assassination, Peter Hunt, 1987). Dans des entreprises aussi mornement commerciales, Bronson semblait s'épuiser et épuiser ses plus fidèles admirateurs. Heureusement, on le redécouvre, acteur de composition sobre et mesuré, dans Indian Runner (Sean Penn, 1991) : muré dans son silence et dans sa solitude, il crée une mémorable figure paternelle vouée au suicide.