SÉVERIN-MARS (Armand-Jean de Malafayde, dit)
acteur et cinéaste français (Bordeaux 1873 - Courgent 1921).
L'un des interprètes favoris d'Abel Gance, qui le choisit pour le rôle principal de la Roue (1923). Il avait auparavant tourné dans la Dixième Symphonie (1917) et J'accuse (1918). Les deux hommes ont en commun le lyrisme et une tendance à la grandiloquence, plus apparente encore chez Séverin-Mars dans ses essais littéraires et théâtraux. Cinéaste, il filme en 1921 l'adaptation d'une de ses œuvres : le Cœur magnifique. Acteur, il paraît dans Haceldama (J. Duvivier, 1919), l'Agonie des aigles (D. Bernard-Deschamps, 1922) et la Nuit du 11 septembre (id., id. [RÉ 1919]).
SEVILLA (María del Carmen García Galisteo, dite Carmen)
actrice, danseuse et chanteuse espagnole (Séville 1930).
Sans doute a-t-elle toujours été meilleure danseuse qu'actrice. Sa beauté typée l'a conduite à accepter de nombreux films folkloriques, exotiques et musicaux. Elle débute en 1947 (Serenata espãnola, Juan de Ordũna), s'impose face à Jorge Negrete dans Jalisco canta en Sevilla (1948), dirigée par le Mexicain Fernando de Fuentes, tourne Andalousie (Robert Vernay, 1951), le Désir et l'Amour (H. Decoin, id.), Violettes impériales (R. Pottier, 1952), la Belle de Cadix (R. Bernard, 1953), Don Juan (J. Berry, 1956). Bardem lui propose un rôle plus consistant dans la Vengeance (1957), mais sa notoriété très implantée dans son pays natal où elle est l'héroïne de nombreux mélos indigents franchit les frontières avec Flamenco (D. Siegel, 1958), Nuits d'Europe (A. Blasetti, 1959), le Roi des rois (N. Ray, 1961, dans le rôle de Marie-Madeleine), Antony and Cleopatra (Ch. Heston, 1972, dans le rôle d'Octavie). Las, ses rôles, s'ils mettent en valeur sa silhouette ne peuvent en aucun cas lui permettre de prouver son talent de comédienne, noyé sous les costumes les plus clinquants, les robes les plus froufroutantes ou les oripeaux les plus faussement modestes.
SEVILLA (Emilia Olimpia Andrea Pérez, dite Ninón)
actrice mexicaine d'origine cubaine (La Havane 1921).
Elle joue dans Carita de cielo (José Diaz Morales, 1946), puis devient la principale incarnation de la « cabaretière », véritable genre d'une époque marquée par la décadence précoce de l'industrie cinématographique, par l'affairisme du régime et la fin de l'élan civique de Cárdenas. Dans ce genre suburbain et populaire, mêlant le mélodrame au musical, Ninón Sevilla surgit comme une danseuse tropicale atypique par son allure : blonde, agressive et insinuante vis-à-vis des hommes qui la manipulent. Elle s'écarte de l'archétype de la femme soumise, victime passive, prédominant sur les écrans mexicains, et malmène l'hypocrite morale d'une société corrompue. Ses plus fameux rôles sont dus à Emilio Fernández (Quartier interdit, 1950) et surtout à Alberto Gout : Revancha (1948) ; Maison de rendez-vous (Aventurera, 1949), sans doute le meilleur ; Femmes interdites (Sensualidad, 1950) ; la Professionnelle (No niego mi pasado, 1951) ; Maison de plaisir (Mujeres sacrificadas, id.) ; Disparue à Rio (Aventura en Rio, 1952). On l'a vue encore dans Señora Tentación (J. D. Morales, 1947), Coqueta et Perdida (Fernando A. Rivero, 1949), Rita, fille ardente (Llévame en tus brazos, Julio Bracho, 1953). Elle prolonge sa carrière, par le jeu des coproductions, à Cuba (la Mulâtresse [Mulata], Gilberto Martínez Solares, 1953 ; Yambao, la fille de Satan [Yambao], Alfredo B. Crevenna, 1957), au Brésil (Mulher de Fogo / La mujer de fuego, Tito Davison, 1958) et en Espagne (Música de ayer, Juan de Orduña, 1959).
SEVILLA (Raphaël J.)
cinéaste mexicain (Guanajuato 1903 - Mexico 1975).
Son Más fuerte que el deber (1931), longtemps considéré comme le premier film sonore mexicain, a disparu. Sevilla continue néanmoins à figurer parmi les pionniers de l'étape préindustrielle, en tant que coréalisateur du beau La mujer del puerto (A. Boytler, 1933). L'hétérogénéité des styles et des tons en fait une œuvre singulière, où la fille séduite et abandonnée, devenue prostituée au grand cœur, ne se réduit pas encore à un simple poncif. On ne retrouve, hélas, rien de comparable dans la quarantaine des titres de sa filmographie, généralement des mélodrames, parmi lesquels Irma la mala (1936), Perjura (1938), La abuelita (1942), Porfirio Díaz (1944), Una mujer con pasado (1948).
SEYRIG (Delphine)
actrice française (Beyrouth, Liban, 1932 - Paris 1990).
Elle étudie le théâtre en France puis à l'Actors Studio de New York. En 1959, elle apparaît pour la première fois à l'écran dans Pull My Daisy (R. Frank et Albert Leslie). Deux films de Resnais : l'Année dernière à Marienbad (1961) et Muriel (1963) consacrent sa personnalité énigmatique et sa voix d'une rare musicalité. La carrière qui suit témoigne d'une exigence évidente qui la fit classer quelque peu abusivement parmi les actrices « intellectuelles » : la Musica (M. Duras et Paul Seban, 1966), Accident (J. Losey, 1967), Mister Freedom (W. Klein, 1968), Baisers volés (F. Truffaut, id.), la Voie lactée (L. Buñuel, 1969), les Lèvres rouges (Harry Kumel, 1971, rôle de la comtesse Bathory), Peau d'Âne (J. Demy, id.), le Charme discret de la bourgeoisie (Buñuel, 1972), Maison de poupée (Losey, 1973), Aloïse (Liliane de Kermadec, 1974), India Song (Duras, 1975), Jeanne Dielman (Ch. Akerman, id.), Caro Michele (M. Monicelli, 1976), Baxter, Vera Baxter (Duras, id.), Repérages (M. Soutter, 1977), Chère Inconnue (M. Misrahi, 1980), le Grain de sable (Pomme Meffre, 1983), Golden Eighties (Ch. Akerman, 1986), Johanna d'Arc of Mongolia (Ulrike Ottinger, 1989). Elle a réalisé plusieurs vidéofilms pour la cause féministe (Sois belle et tais-toi, 1975-1977). Son frère est le musicien Francis Seyrig.
SFIKAS (Costas)
cinéaste expérimental grec (Athènes 1927).
Rêvant de devenir violoniste tout en travaillant au Service des postes grecques, il découvre le cinéma en 1950. Ses premiers courts métrages (dont Theraïkos Orthros, CO Stavros Tornes, 1968) sont influencés par le néoréalisme. Contraint au silence sous les colonels, il réalise, en 1973-74, Modelo, étonnante tentative pour donner une vision de l'aliénation selon Marx : réunis dans un unique plan d'ensemble fixe qui évoque Chirico, humains, machines et marchandises composent un lent ballet mécanique. Métropoles (1975) associe des textes de Proust et Rilke à des photos anciennes. Depuis, il tourne des films culturels pour la télévision.