RAPPENEAU (Jean-Paul)
cinéaste français (Auxerre 1932).
Dans les années qui précèdent la Nouvelle Vague, il est assistant de Raymond Bernard, Georges Lacombe ou Jean Dréville. Il collabore également à une série de courts métrages de Carlos Villardebo et d'Édouard Molinaro. En 1958, il travaille à une adaptation des Trois Mousquetaires pour Jacques Becker, projet interrompu par la mort du cinéaste. Rappeneau se fait ensuite une réputation de scénariste brillant, notamment avec Louis Malle (Zazie dans le métro, Vie privée) et Philippe de Broca (l'Homme de Rio). Sa première réalisation (la Vie de château) obtient le prix Louis-Delluc en 1966 et révèle un cinéaste élégant, minutieux, attentif aux acteurs. Par la suite, il confirme ces qualités dans des comédies trépidantes bien structurées (le Sauvage, menée tambour battant, digne des meilleures réalisations américaines dans le genre), en polissant ses scénarios avec Claude Sautet ou Jean-Loup Dabadie. Son adaptation (avec la collaboration de Jean-Claude Carrière) de Cyrano de Bergerac avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre remporte un grand succès. C'est un film élégant et étonnamment moderne, qui amène l'auteur à adapter en 1994-95 un des livres les plus difficiles de Giono.
Films :
Chronique provinciale (CM, 1958) ; la Vie de château (1966) ; les Mariés de l'an II (1971) ; le Sauvage (1975) ; Tout feu tout flamme (1982) ; Cyrano de Bergerac (1990) ; le Hussard sur le toit (1995).
RAPPER (Irving)
cinéaste américain d'origine britannique (Londres 1898 - Los Angeles, Ca., 1999).
D'abord homme de théâtre, il arrive à Hollywood au milieu des années 30 comme « dialogue director » à la Warner Bros. Il débute dans la mise en scène en 1941 (Shining Victory). Artisan parfois brillant, mais peu énergique dans ses mauvais jours, il réalise surtout une excellente trilogie mélodramatique consacrée à Bette Davis : Une femme cherche son destin (Now Voyager, 1942), Le blé est vert (The Corn is Green, 1945), Jalousie (Deception, 1946) et une brillante comédie douce-amère avec Barbara Stanwyck (les Folles Héritières [The Gay Sisters], 1942). Les années 40 à la Warner sont l'époque de sa splendeur. Ensuite, il poursuit une carrière des plus inégales, jusqu'en 1978 (Born Again), ne sortant de l'anonymat que le temps du méconnu et brûlant la Fureur d'aimer (Marjorie Morningstar, 1958), où Natalie Wood fait une création remarquée aux côtés de Gene Kelly.
RASCEL (Renato Ranucci, dit)
acteur et cinéaste italien (Turin 1912 - Rome 1991).
D'abord batteur d'orchestre dans un café, il travaille ensuite comme danseur et acteur comique dans des théâtres de variétés, où il crée un personnage très populaire de petit clown sournois. Il transfère au cinéma cette silhouette humoristique et candide dans des comédies loufoques comme Pazzo d'amore (Giacomo Gentilomo, 1942), Je suis de la revue (Botta e riposta, M. Soldati, 1950), Marakatumba... ma non è una rumba (Enzo Trapani, id.), Bellezze in bicicletta (Carlo Campogalliani, 1951), Io sono il Capataz (Giorgio Simonelli, id.), Napoleone (C. Borghesio, id.), Amor non ho... però... però... (G. Bianchi, 1952). En 1952, Alberto Lattuada enrichit son personnage d'un aspect tragique de victime gogolienne sans espoir dans le Manteau. Le succès mondial de cette œuvre le pousse à mettre en scène lui-même un film tiré d'un autre récit de Gogol, La passeggiata (1953), qu'il interprète aussi et qui révèle sa veine de poète mélancolique. La suite de sa carrière est riche de rôles drôles à sa mesure, dont : Arrivederci Roma (Roy Rowland et Mario Russo, 1957) ; Rascel marine (Guido Leoni, 1958) ; Policarpo, ufficiale di scrittura (Soldati, 1959) ; Les temps sont durs pour les vampires (Steno, 1959).
RASP (Heinrich, dit Fritz)
acteur allemand (Bayreuth 1891 - Gräfelfing 1976).
Il joue au théâtre avec Max Reinhardt dès 1910, avant de devenir figurant de cinéma. Ce grand acteur est très intimement associé à l'épanouissement du 7e art en Allemagne à l'époque du muet : il est notamment l'interprète de Fritz Lang pour Metropolis (1927), les Espions (1928) et la Femme sur la lune (1929), de G. W. Pabst pour l'Amour de Jeanne Ney (1927) et le Journal d'une fille perdue (1929), d'Arthur Robison pour le Montreur d'ombres (1923) et la Dernière Valse (1927). L'année 1931 sera celle de ses plus brillants rôles : il est Mackie dans la version allemande de l'Opéra de quat'sous (Pabst), Smerdiakov dans les Frères Karamazov (F. Ozep) et Herr Grundeis dans Emil et les détectives (G. Lamprecht). Il poursuit ensuite sa carrière avec moins d'éclat peut-être, mais avec un savoir-faire à toute épreuve. On le verra à la télévision à partir de 1965 et il reviendra au cinéma pour un dernier film en 1975 (Lina Braake, Bernhard Sinkel).
Autres films :
Arabella (K. Grune, 1924) ; le Songe d'une nuit d'été (Ein Sommernachtstraum, Kurt Neumann, 1925) ; Dreyfus (R. Oswald, 1930) ; la Tante de Charley (Charleys Tante, R. A. Stemmle, 1934) ; le Chien des Baskerville (Der Hund von Baskerville, K. Lamac, 1936) ; Paracelsus (Pabst, 1943), Quelque part à Berlin (Lamprecht, 1946) ; Hokuspokus (K. Hoffmann, 1953).
RATHBONE (Philip St. John Basil, dit Basil)
acteur américain d'origine britannique (Johannesburg, Transvaal, 1892 - New York, N. Y., 1967).
À moins de vingt ans, il est sur les planches, en Angleterre, où, d'ailleurs, il reçoit une éducation classique avant d'acquérir une solide formation dramatique. Acteur dans plusieurs policiers du muet, il n'abandonne pas le répertoire (notamment Shakespeare), qu'il joue en Grande-Bretagne puis aux États-Unis dès 1924. Cette carrière dans le genre séducteur racé passe sans difficulté le cap du parlant et quelques mots connus dans la bouche de Ponce Pilate ne lui sont pas une gêne (les Derniers Jours de Pompéi, E. B. Schoedsack, 1935). C'est même le lever réel de son étoile délétère : il est si merveilleusement haïssable en Mr. Murdstone (David Copperfield, G. Cukor, id.), si détestable époux de Garbo (Anna Karénine, C. Brown, id.) que l'élégant jeune premier se voit ipso facto convié à endosser la garde-robe, au demeurant fort riche, de la crapule de service. Le voilà donc voué aux fourbes, aux tordus hautains, aux ferrailleurs sardoniques : il tient l'épée haute à Errol Flynn dans deux beaux titres de Michael Curtiz : Capitaine Blood (également en 1935) et l'éclatant Robin des Bois (1938), où il incarne le triste sir Guy of Gisbourne. Cukor l'invite à se racornir sous le chapeau bossu, les médailles et les retorses pensées d'un étonnant Louis XI que dirige Frank Lloyd la même année : le Roi des gueux (If I Were King). Il est, d'après Shakespeare, le Richard III meurtrier enivrant de la Tour de Londres (Tower of London, R. V. Lee, 1939). Puis il défie Tyrone Power dans un mémorable Signe de Zorro (R. Mamoulian, 1940). Mince comme une lame, le profil coupant, la chevelure négligemment ondulée, Basil Rathbone se glisse d'un fourbe à l'autre avec une dextérité parfaite. L'autre surprise de sa filmographie tient au rôle de Sherlock Holmes dont il emprunte la casquette et le carrick quatorze fois — deux pour la Fox, les autres, sous la molle houlette de Roy William Neill, pour Universal. Dès le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles, Sidney Lanfield, 1939), Nigel Bruce lui fut un aimable et fidèle Watson, mais Rathbone se désintéressa peu à peu d'une exploitation sans génie des romans de Conan Doyle. En conclusion, il convient de saluer un acteur qui a bien servi les films où il a sévi, jusqu'aux franges de l'épouvante : dans le Fils de Frankenstein (Lee, 1939), ou A Comedy of Terrors, aux côtés de Boris Karloff, Vincent Price et Peter Lorre (J. Tourneur, 1965). Deux Oscars (« best supporting actor ») lui furent décernés pour son rôle de Tybalt (Roméo et Juliette, Cukor, 1936) et de Louis XI (1938).