Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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CINÉ-CLUB (suite)

C'est à la Libération que le mouvement ciné-club prend son essor et se fédéralise. En mai 1946 naît la Fédération française des ciné-clubs (FFCC) ; le 3 juillet 1946, c'est le tour de la Fédération loisir et culture (FLEC) ; en 1950, celui de la Fédération française de ciné-clubs de jeunes qui devient, en 1964, la Fédération Jean Vigo. La même année se crée Film et Vie, tandis que l'Union nationale inter-ciné-clubs voit le jour en 1958. Certaines de ces fédérations disparaîtront à partir de 1980. La vie associative s'est structurée au lendemain de la guerre. Les bases jetées, dans les années 20, par les Delluc, Moussinac, Dulac et autres, se concrétisent enfin. En 1947, les efforts conjugués de Georges Sadoul, secrétaire général de la FFCC, et de Thorold Dickinson, représentant le mouvement en Grande-Bretagne, donnent naissance à la Fédération internationale des ciné-clubs (FICC), qui regroupe, alors, quelque vingt pays membres.

Pour prolonger leur travail d'information sur le film, commencé lors des débats qui suivent les projections, quatre fédérations de ciné-clubs se dotent de revues : l'UFOCEL (qui deviendra l'UFOLEIS en 1953 : Union française des œuvres laïques d'éducation par l'image et le son) conçoit, en mai 1946, UFOCEL-Informations, qui prend, en novembre 1951, le titre Image et Son (puis : la Revue du cinéma) ; la FLEC crée, en 1946, Téléciné (disparu en 1978) ; la FFCC fonde, en octobre 1947, la revue Ciné-club, qui se mue en Cinéma 55 (novembre 1954), et la fédération Jean Vigo élabore, en septembre 1964, Jeune Cinéma. Ces revues, d'abord bulletins d'information internes au mouvement, acquièrent par la suite une large audience. La Revue du cinéma, avec un tirage de 55 000 exemplaires vers 1985, est arrivée en tête des publications spécialisées en France avant de disparaître, en 1993.

Un certain nombre de lois et de décrets qui ont beaucoup évolué depuis 1950 régissent la diffusion non commerciale du film. ( Non-commercial)

CINÉGÉNIE (précieux).

Équivalent pour le cinéma de photogénie.

CINÉMA (d'après cinématographe).

Procédé procurant l'illusion du mouvement par la projection de vues fixes à cadence élevée. Par extension, art de composer et de réaliser des films, ou bien la branche de l'industrie relative à la fabrication et à la diffusion des films. C'est aussi l'abréviation courante de salle de cinéma.

La racine cinéma — du grec kinêma, mouvement — avait servi à construire cinématique (partie de la mécanique qui étudie les mouvements des corps, abstraction faite des forces qui les produisent) bien avant que les Français Bouly* et surtout Lumière* n'imaginent de baptiser leurs appareils « cinématographe ». À l'exception près de son emploi dans « cinématique », ce radical est aujourd'hui perçu comme dérivant de cinématographe. En fait, le vocabulaire s'est surtout construit autour de la racine plus courte ciné*. Cinéma ne se retrouve en entier que dans cinémathèque* et CinémaScope*, ainsi bien sûr que dans les dérivés de cinématographe. ( CINÉMATOGRAPHE.) Avec la graphie « kinema », on le trouve également dans kinemacolor.

Cinéma devint très vite un substantif, désignant le procédé qui permet de procurer l'illusion du mouvement par la projection, à cadence suffisamment élevée, de vues fixes enregistrées sur un film. Par extension, cinéma désigna l'art de composer et de réaliser des films cinématographiques (le cinéma est souvent qualifié de « 7e art ») ainsi que la branche de l'industrie relative à la fabrication et à la diffusion des films. Par raccourcissement de « salle de cinéma », on appelle également cinémas les salles destinées à l'exploitation commerciale de films cinématographiques.

La langue populaire emploie abondamment cinéma dans un sens figuré : c'est du cinéma, faire du cinéma, faire tout un cinéma (de...). Ces expressions signifient que l'action considérée est factice, destinée à faire croire ce qui n'est pas. Cinoche est le synonyme argotique de cinéma.

CINÉMA.

Revue mensuelle de cinéma issue de Ciné-club, publiée depuis 1947 par la Fédération française des ciné-clubs. Avec un tirage stabilisé autour de 25 000 exemplaires, elle est, avec les Cahiers du Cinéma, la Revue du cinéma-Image et Son et Positif, une des grandes revues françaises d'information et de documentation paraissant régulièrement depuis plus de trente ans. Depuis le numéro un de novembre 1954, le contenu et la structure du sommaire de Cinéma sont restés pratiquement inchangés. Chaque mois sont proposés, dans des proportions variables, des dossiers, des entretiens, des études sur une personnalité ou un pays, une bibliographie, ainsi que le reflet de l'actualité cinématographique. Ouverte à tous les genres et à tous les aspects du cinéma, la revue dès ses débuts a tendance à prendre souvent violemment parti. Ainsi, d'abord largement soutenue à ses débuts, la Nouvelle Vague à partir de 1963 commence à susciter des opinions plus réservées. Au moment des événements de mai 68, l'équipe rédactionnelle se renouvelle en partie. Peu à peu, les tensions et les divergences d'opinion s'accusent au sein de Cinéma. Cette année de crise marque l'irruption de la politique dans le cinéma et dans la revue. Fin 1971, une partie des rédacteurs en conflit avec leurs collègues sur la conception de la critique, quitte la revue et fonde Écran 72. Affaiblie, Cinéma 72 fait appel à de nouveaux collaborateurs ; rapidement, une équipe plus soudée se forme, où le pluralisme des opinions exprimées reste cependant conforme à un axe commun de travail. Le ton de la revue devient plus grave et parfois austère. Durant les années 70, plusieurs collaborateurs de Cinéma passeront à la réalisation de longs métrages (Yves Boisset, Bertrand Tavernier, René Gilson, Gérard Frot-Coutaz pour ne citer que les plus connus).

CINÉMA NUMÉRIQUE.

On qualifie de cinéma numérique les différentes techniques qui permettent de créer ou exploiter des images animées sans faire appel au film cinématographique.

Le cinéma numérique se différencie de la vidéo numérique, par sa qualité et par les techniques de traitement des informations numériques, sous forme de données informatiques (data) identiques pour chaque composante colorimétrique rouge, verte et bleue des images. Un signal vidéo, même haute définition, combine ces informations avec des résolutions différentes.