actrice danoise (Copenhague 1881 - id. 1972).
Elle compte déjà près de dix années d'activités théâtrales lorsqu'elle débute au cinéma, en 1910. Son premier film, l'Abîme, réalisé par Urban Gad, est suivi de quelques titres signés August Blom (Devant la porte de la prison, 1911 ; la Danseuse, id.) ou Urban Gad (le Rêve noir, id.), puis elle quitte le Danemark au profit de l'Allemagne, où se déroulera l'essentiel de sa carrière. Bénéficiant du succès de la production danoise sur les marchés de l'Allemagne et des pays d'Europe centrale, elle est appelée à Berlin par le producteur Paul Davidsohn, en compagnie d'Urban Gad. Ce dernier, son réalisateur attitré jusqu'en 1915, est son premier mari — et il restera son homme d'affaires après leur séparation. Elle obtient, dès ses débuts berlinois, une popularité exceptionnelle, notamment avec l'Oiseau étranger (Der fremde Vogel, 1911), la Danse de la mort (1912) et de nombreux autres films dirigés par Urban Gad, dont la Pauvre Jenny (Die arme Jenny, id.), la Fille sans patrie (Die Mädchen ohne Vaterland, 1913), la Mort à Séville (id.), la Suffragette (id.), la Bande de Zapata (1914). Les films mettent en valeur son jeu dramatique, une grande aptitude à incarner des personnages mystérieux — parés à l'occasion de vertus androgynes. Elle devient une des principales figures érotiques du cinéma de l'époque, et elle est considérée pendant la guerre non seulement comme la rivale d'Henny Porten, mais comme la grande tragédienne du cinéma allemand. Elle a tourné sous la responsabilité d'autres réalisateurs : l'A. B. C. de l'amour (Das Liebes ABC, 1916, Magnus Stifter), la Petite Orpheline (Das Waisenhauskind, Walther Schmidthässler, 1917) et la Rose du désert (Die Rose der Wildnis, id., id.).
Après la guerre, sa carrière est caractérisée par quelques adaptations de pièces de théâtre de renom : Rausch (E. Lubitsch, 1919) et Mademoiselle Julie (Fraulein Julie, Felix Basch, 1922) d'après Strindberg, l'adaptation de Loulou (1923) d'après l'œuvre de Wedekind, due à Leopold Jessner (1923), Hedda Gabler (Franz Eckstein, 1924) d'après Ibsen. En 1920, la société qu'elle vient de créer produit le fameux Hamlet de Sven Gade et Heinz Schall, où c'est elle qui joue le rôle du prince...
Elle apparaît encore dans Vanina (A. von Gerlach, 1922), I. N. R. I. (R. Wiene, 1923), où elle incarne Marie-Madeleine, Bouddhas vivants (P. Wegener, 1924) et aussi la Rue sans joie (G. W. Pabst, 1925), où son étoile pâlit quelque peu devant l'affirmation de la personnalité de Greta Garbo. La Tragédie de la rue (B. Rahn, 1927), où elle joue le rôle d'une prostituée, est alors comme son chant du cygne. Elle tourne de moins en moins et le parlant met un terme définitif à sa carrière allemande, son premier film parlant étant aussi le dernier : Amour impossible (Erich Waschneck, 1932). C'est également le premier film où elle a un rôle de femme mûre. Elle rentre au Danemark en 1936, où elle ne fera plus que du théâtre.