NUYTTEN (Bruno)
chef opérateur français (Melun 1945).
D'abord assistant de Ghislain Cloquet et de Ricardo Aronovitch, il s'est formé à l'école du court métrage avant de signer la photo de près d'une trentaine de films. Imposant le plus souvent aux cinéastes son style personnel de traitement de l'image et de la profondeur de champ, Nuytten sait accepter tout aussi bien la pauvreté iconique des œuvres de Marguerite Duras (la Femme du Gange, 1974 ; India Song, 1975 ; Son nom de Venise dans Calcutta désert, 1976 ; le Camion, 1977) que l'excès expressionniste de films comme Possession (A. Zulawski,1981). Il a collaboré également avec : Bertrand Blier (les Valseuses, 1974), André Techiné (Souvenirs d'en France, 1975 ; Barocco, id. ; les Sœurs Brontë, 1979 ; Hôtel des Amériques, 1981), Claude Miller (la Meilleure Façon de marcher, 1976 ; Garde à vue, 1981), Luc Béraud (la Tortue sur le dos, 1978), Peter Del Monte (l'Invitation au voyage, 1982), Claude Berri (Tchao Pantin, 1983, film pour lequel il obtient un César), Jacques Doillon (la Pirate, 1984), Alain Corneau (Fort Saganne, id.), et Jean-Luc Godard (Détective, 1985). En 1988, il réalise lui-même Camille Claudel, qui remporte cinq Césars dont ceux du meilleur film, de la meilleure actrice (Isabelle Adjani) et de la meilleure photo, puis Albert souffre (1992).
NYBY (Christian)
cinéaste américain (né en 1919 - Temecula, Ca., 1993).
Monteur de trois films de Howard Hawks : le Port de l'angoisse (1944), le Grand Sommeil (1946) et la Rivière rouge (1948), il signe la « Chose » d'un autre monde (The Thing, 1951), produit et supervisé par Hawks, qui en est de toute évidence le véritable auteur. Il a dirigé depuis quelques réalisations mineures : Hell on Devil's Island (1957), Furie sur le Nouveau-Mexique (Young Fury, 1965), Operation CIA (id.), Chef de patrouille (First to Fight, 1967).
NYKVIST (Sven)
chef opérateur suédois (Moheda 1922).
À dix-neuf ans, il entre chez Sandrews, la compagnie suédoise, et apprend le métier de cinéaste avec le grand Julius Jaenzon. On lui confie tout à fait par hasard la prise de vues de scènes d'intérieur de la Nuit des forains de Bergman (1953). Au cours du tournage, les deux hommes apprennent à se respecter mutuellement, mais le chef opérateur attitré de Bergman est alors Gunnar Fischer, et c'est seulement en 1959, avec la Source, que Nykvist commence à travailler régulièrement avec lui. Il a, depuis lors, apporté sa contribution à la plupart des films de Bergman, qui lui ont valu une réputation internationale fondée sur des éclairages remarquables, tant en couleurs que monochromes : il fait en effet preuve d'un talent particulier dans l'utilisation des filtres, et on ne connaît pas d'équivalent à la transparence et à la limpidité de ses images. Nous ne mentionnerons que le spectaculaire travail sur la couleur qui caractérise Toutes ces femmes (1964) et les gros plans stupéfiants de Persona (1966) ; les panoramiques fluides de l'Heure du loup (1968) et la prédominance des rouge sang dans Cris et Chuchotements (1972) ; l'évocation d'un Berlin hideux, en proie à la folie, dans l'Œuf du serpent (1977), et les subtils camaïeux de gris de De la vie des marionnettes (1980). On peut se demander si, sans l'habileté de Nykvist, Bergman aurait su exploiter avec le même talent le décor naturel de l'île de Fårö, ou s'il aurait su maîtriser aussi efficacement les hasards de la technique télévisuelle lors du tournage du Rite (1969), de Scènes de la vie conjugale (1973) ou de la Flûte enchantée (1975).
Nykvist, qui est l'un des rares membres européens de l'American Society of Cinematographers (ASC), a collaboré à de nombreux films de premier plan comme Black Moon (L. Malle, 1975), le Locataire (R. Polanski, 1976), la Petite (Malle, 1978), Le facteur sonne toujours deux fois (B. Rafelson, 1980), Un amour de Swann (V. Schlöndorff, 1984), Après la répétition (I. Bergman, id.), Dream Lover (A. Pakula, 1985), le Sacrifice (A. Tarkovski, 1986), Katinka (M. von Sydow, 1988), Une autre femme (W. Allen, 1989), Kristin Lavransdatter (Liv Ullmann, 1995). Lauréat d'un Oscar pour Cris et Chuchotements en 1973, Nykvist est aussi l'auteur de deux longs métrages, le Pont de vigne (Lianbron, 1965) et Oxen (1991), et d'un grand nombre de courts métrages, sur la nature africaine pour la plupart. Son fils, Carl-Gustaf Nykvist, est également metteur en scène. Il a signé plusieurs documentaires avant de réaliser les Femmes sur le toit (Kvinnorna på taket, 1989) et l'Arme étincelante (Blankt Vapen, 1991). Il a réalisé un documentaire sur son père, La lumière me tient compagnie (Ljuset håller mig sällskap, 2000).
NYMAN (Michael)
musicien britannique (Londres 1944).
Il a été musicologue et critique avant de composer et s'est alors consacré plus particulièrement à la musique contemporaine et à celle des XVIIe et XVIIIe siècles. Il collabore avec l'avant-garde londonienne et ses courtes compositions accompagnent les films expérimentaux puis le premier long métrage (The Falls, 1980) de Peter Greenaway. Sa partition pour Meurtre dans un jardin anglais (1982) est un grand succès et il compose la musique de quatre autres films de Greenaway : Z.O.O. (1985), Drowning by Numbers (1988), le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (1989) et Prospero's Books (1991). Vivant une partie de l'année en France, dans le Sud-Ouest, il compose de brèves pièces pour quelques films français, dont Monsieur Hire et le Mari de la coiffeuse, de Patrice Leconte (1989 et 1990). De plus en plus sollicité, il est l'auteur de nombreuses autres partitions, notamment la Leçon de piano (J. Campion, 1993), dont il a tiré une musique de concert, le Roi des aulnes (V. Schlöndorff, 1996), Gattaca (Andrew Nicol, 1997) et plusieurs films de M. Winterbottom.
« Minimaliste » dans différents sens du terme, il a parfois tendance à reprendre ses formules musicales d'un film à l'autre (ex. Carrington, de Christopher Hampton, 1995). Ses compositions sont aisément reconnaissables par leur simplicité et leur forme répétitive, un goût savant pour le pastiche et la citation, un rythme spécifique et une grande élégance, qui font le succès de ses musiques de concert, souvent interprétées par son propre orchestre, fondé en 1977.