WALSH (Kay)
actrice britannique (Londres 1914).
Elle joue en 1934 dans Get Your Man (G. King) et trouve ses meilleurs emplois dans trois films célèbres de David Lean : Ceux qui servent en mer (CO N. Coward, 1942), Heureux Mortels (1944) et Oliver Twist (dans le rôle de Nancy, 1948). Avant de se contenter de rôles plus secondaires, elle est la vedette de l'Homme d'octobre (R. Baker, 1947), Encore (H. French, 1951), les Fanfares de la gloire (R. Neame, 1960). Depuis une apparition remarquée dans Dieu et mon droit (The Ruling Class, Peter Medak, 1972), elle se consacre surtout à la télévision (série de Sherlock Holmes, 1980).
WALSH (Albert Edward Walsh, dit Raoul)
cinéaste américain (New York, N. Y., 1887 - Simi Valley, Ca., 1980).
La figure de Booth, l'acteur qui assassina Lincoln, revient à plusieurs reprises dans les Mémoires de Walsh (Un demi-siècle à Hollywood est la traduction mutilée de Each Man in His Time, qu'il publie en 1974) : en cette image se rejoignent le goût de l'aventure, la passion du théâtre, la nostalgie historique du Sud et le souvenir de Griffith. La jeunesse aventureuse de Walsh, fils d'un Irlandais dessinateur de vêtements, ne prend pas fin lorsqu'il devient acteur — puisque Griffith l'envoie au Mexique, en 1914, filmer Pancho Villa — ni même lorsqu'il devient réalisateur, puisqu'il perd l'œil droit au cours du tournage de In Old Arizona, ni même lorsqu'il remplit, pour le compte de Hearst, une mission en Allemagne, alors qu'il rêve de tuer Hitler. Pas même dans sa retraite : il en profite pour écrire un roman de cow-boys, la Colère des justes. Évident dans ses films, son goût de la vie est insatiable, mais démonstratif et, à sa manière, artistique.
Après avoir interprété et dirigé des courts métrages, mais aussi joué le rôle de Booth dans Naissance d'une nation (Griffith, 1915), il met en scène des films muets mal connus ; le Voleur de Bagdad, dont le dessein général doit tout à Fairbanks, atteste cependant son sens visuel et Au service de la gloire révèle sa truculence. Lorsqu'elles peuvent s'appuyer sur un scénario vif et intéressant, ces qualités se retrouvent dans ses ouvrages parlants : les pirates, les cow-boys, les gangsters et les pionniers, mais aussi les militaires et les policiers inspirent Walsh ; les jolies filles trouvent en lui un peintre attentif, capable de leur faire prendre, et quitter, les poses les plus gracieuses, les plus romanesques et les plus ravissantes (Esther et le roi), pourvu qu'elles soient passionnées ou délurées. Mais le film musical le laisse froid et, dans la comédie, il s'abandonne à la vulgarité. Les éléments mélodramatiques lui pèsent, mais il se montre souvent sensible à des nuances tragiques.
Son œuvre est donc inégale et on en chercherait en vain la moralité : il a été militariste dans le Cri de la victoire et antimilitariste dans les Nus et les Morts, avec un bonheur et une sincérité sensiblement égaux. En revanche, sa mise en scène possède un style qui est parfaitement reconnaissable : elle s'ouvre à une matière visuelle foisonnante et somptueuse, épouse avec énergie les accélérations du récit, guettant le dynamisme des forces qui s'affrontent (l'Entraîneuse fatale), et elle va affirmer des valeurs thématiques puissantes.
Des schémas allégoriques évidents organisent ainsi la Fille du désert ou le Roi et quatre reines. Ils expliquent pour quelle raison stylistique des moments théâtraux, assez souvent de larges monologues non dépourvus d'emphase, alternent avec les scènes actives. Le théâtre de la vie est celui de la passion, peinte plutôt dans son intensité que dans ses détours, et ces aveux violents sont une nécessité de la manifestation, qui fait l'art de Walsh. Habile à inventer le geste qui résume un caractère (les Nus et les Morts), il ne recule pas devant l'image qui obsède (la Vallée de la peur), la folle éloquence (l'Esclave libre) ou le symbolisme le plus cru (l'Église des Fantastiques Années 20 ou l'explosion de L'enfer est à lui). Aussi rythme-t-il volontiers ses récits d'éléments redondants (le chapeau de Gentleman Jim, la valse de Strawberry Blonde), qui en augmentent la clarté. La répétition, le poids du passé, les contraintes d'une figure paternelle semblent d'ailleurs l'avoir beaucoup intéressé. Il est logique aussi que l'opposition de l'évidence et de la confusion comme celle du surgissement et de l'enfoncement aient une fonction capitale dans la manière dont il aménage le visible (Aventures en Birmanie) : ces oppositions traduisent mieux que toute autre le contraste de la machination et de l'aventure (la Grande Évasion), du ressentiment obscur et de l'émotion franche.
Paysagiste sensible, Walsh est aussi un généreux inventeur de gestes. Nul n'a su mieux que lui faire entrer les couleurs de la nature dans un mouvement cinématographique, entraîné par la fougue de ses héros ; nul n'a montré plus sereinement la mer et la nuit. Hors des stéréotypes (L'enfer est à lui), avec une ironie légère (les affrontements féminins de la Charge de la huitième brigade) ou amère (la vision de la civilisation dans les Implacables), avec cruauté parfois (Barbe-Noire le Pirate), mais surtout avec grâce (Gentleman Jim, la Belle Espionne) et avec une inépuisable verve (les Faubourgs de New York), il sait donner un corps parfaitement individualisé aux situations les plus connues. Cela explique la réussite d'une chronique comme Strawberry Blonde ou la force des scènes d'action dans la plupart de ses films. Mais l'objet ultime de tous soins, n'est-ce pas la vivante liberté ?
Le bonheur de la mise en scène — en noir, en blanc, en scope, en couleurs, n'importe — est pour lui si grand qu'outre les œuvres qu'il signe il réalise la Femme à abattre (The Enforcer, B. Windust, 1951), complète le Walking Down Broadway de Stroheim, lorsqu'il fut remanié sous le titre de Hello Sister (1932), et travaille à plusieurs autres films, dont San Antonio (D. Butler, 1945).
Films :
The Life of General Villa (CO C. Cabanne, 1914) ; The Double Knot (id.) ; The Mystery of the Hindu Image (id.) ; The Gunman (id.) ; The Final Verdict (id.) ; The Death Dice (1915) ; His Return (id.) ; The Greaser (id.) ; The Fencing Master (id.) ; A Man for All That (id.) ; Eleven-Thirty P. M. (id.) ; The Buried Hand (id.) ; The Celestial Code (id.) ; A Bad Man and Others (id.) ; The Regeneration (id.) ; Carmen (id.) ; Pillars of Society (1916) ; The Serpent (id.) ; Blue Blood and Red (id.) ; The Honor System (1917) ; The Conqueror (id.) ; Betrayed (id.) ; This Is the Life (id.) ; The Pride of New York (id.) ; The Silent Lie (id.) ; The Innocent Sinner (id.) ; The Woman and the Law (1918) ; The Prussian Cur (id.) ; On the Jump (id.) ; Every Mother's Son (id.) ; I'll Say So (id.) ; Evangeline (1919) ; The Strongest (id.) ; Should a Husband Forgive ? (id.) ; The Deep Purple (1920) ; From Now on (id.) ; The Oath (1921), Serenade (id.) ; Kindred of the Dust (1922) ; Un drame en Polynésie (Lost and Found on a South Sea Island, 1923) ; le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad, 1924) ; À l'est de Suez (East of Suez, 1925) ; The Spaniard (id.) ; le Fils prodigue (The Wanderer (id.) ; The Lucky Lady (id.) ; The Lady of the Harem (id.) ; Au service de la gloire (What Price Glory, 1926) ; The Money Talks (1927) ; The Loves of Carmen (id.) ; Faiblesse humaine (Sadie Thompson, 1928) ; la Danse rouge (The Red Dance, id.) ; Me Gangster (id.) ; In Old Arizona (1929) ; Têtes brûlées (The Cock-eyed World, id.) ; Hot for Paris (id.) ; la Piste des géants (The Big Trail, 1930) ; Hors du gouffre (The Man Who Came Back, 1931) ; Women of All Nations (id.) ; le Passeport jaune (The Yellow Ticket, id.) ; Wild Girl (1932) ; For Me and My Gal (id.) ; Amour de marin (Sailor's Luck, 1933) ; À l'ombre de Brooklyn / les Faubourgs de New York (The Bowery, id.) ; Au pays du rêve (Going Hollywood, id.) ; Rivaux (Under Pressure, 1935) ; Baby Face Harrington (id.) ; Nuit après nuit (Every Night at Eight, id.) ; Annie du Klondike (Klondike Annie, 1936) ; Empreintes digitales (Big Brown Eyes, id.) ; Spendthrift (id.) ; O. H. M. S. / You're in the Army Now (1937) ; les Deux Aventuriers (Jump of Glory, id.) ; Artistes et Modèles (Artists and Models, id.) ; Hitting a New High (id.) ; College Swing (1938) ; St. Louis Blues (1939) ; les Fantastiques Années 20 (The Roaring Twenties, id.) ; l'Escadron noir (Dark Command, 1940) ; Une femme dangereuse (They Drive By Night, id.) ; la Grande Évasion (High Sierra, 1941) ; Strawberry Blonde (id.) ; l'Entraîneuse fatale (Manpower, id.) ; la Charge fantastique (They Died With Their Boots on, id.) ; Sabotage à Berlin (Desperate Journey, 1942) ; Gentleman Jim (id.) ; Intrigues en Orient (Background to Danger, 1943) ; Du sang sur la neige (Northern Pursuit, id.) ; Saboteur sans gloire (Uncertain Glory, 1944) ; Aventures en Birmanie / le Commando de l'enfer (Objective Burma !, 1945) ; Sa dernière course (Salty O Rourke, id.) ; The Horn Blows at Midnight (id.) ; The Man I Love (1947) ; la Vallée de la peur (Pursued, id.) ; Cheyenne (id.) ; la Rivière d'argent (Silver River, 1948) ; les Géants du ciel (Fighter Squadron, id.) ; One Sunday Afternoon (id.) ; la Fille du désert (Colorado Territory, 1949) ; L'enfer est à lui (White Heat, id.) ; Montana (CO R. Enright, 1950) ; le Désert de la peur / Une corde pour te pendre (Along the Great Divide, 1951) ; Capitaine sans peur (Captain Horatio Hornblower, id.) ; les Aventures du capitaine Wyatt (Distant Drums, id.) ; la Femme à abattre (The Enforcer, CO B. Windust, id.) ; Le monde lui appartient (The World in His Arms, 1952) ; Barbe-Noire le Pirate (Blackbeard the Pirate, id.) ; Victime du destin (The Lawless Breed, 1953), la Belle Espionne (Sea Devils, id.) ; Un homme à abattre (A Lion Is in the Streets, id.) ; Bataille sans merci (Gun Fury, id.) ; la Brigade héroïque (Saskatchewan, 1954) ; le Cri de la victoire (Battle Cry, 1955) ; les Implacables (The Tall Men, id.) ; Bungalow pour femmes (The Revolt of Mamie Stover, 1956) ; le Roi et quatre reines (The King and Four Queens, id.) ; l'Esclave libre (Band of Angels, 1957) ; les Nus et les Morts (The Naked and the Dead, 1958) ; la Blonde et le Shérif (The Sheriff of Fractured Jaw, 1959) ; les Déchaînés (A Private's Affair, id.) ; Esther et le roi (Esther and the King / Ester e il re, 1960) ; Marines Let's Go (1961) ; la Charge de la huitième brigade (A Distant Trumpet, 1964).