ÉCLAIRAGE. (suite)
Le problème de bien des décors réels est en effet le manque de recul. Les personnages sont vite « brûlés » s'ils s'approchent par trop des projecteurs. C'est ce qui explique l'emploi fréquent de la lumière réfléchie, la réflexion s'opérant sur le plafond ou sur les murs, éventuellement recouverts de matériaux réfléchissants divers : papier d'aluminium, plaques de polystyrène, etc. Cette technique procure une lumière douce, sans ombres marquées, qui reproduit bien la lumière du jour existant normalement dans un appartement. Avantage : acteurs et caméra peuvent se déplacer avec un minimum de contraintes. Inconvénients : une forte consommation électrique et donc une forte chaleur sur le plateau.
Pour conclure.
Le cinéma n'est ni la photographie ni la peinture, même s'il leur doit beaucoup : au cinéma, la caméra et les personnages bougent, et le film se développe dans la durée.
Le cinéma n'est pas non plus la reproduction, telle quelle, de la réalité. C'est toujours une recréation, qui doit demeurer cohérente tout au long du déroulement du film (dont le tournage s'opère rarement dans l'ordre chronologique de l'histoire).
La plus grande qualité d'un opérateur est, sans doute, de comprendre une mise en scène ou un scénario, avec le réalisateur et pour le réalisateur. (Au besoin : sans que celui-ci s'en aperçoive.)
L'opérateur doit aussi dominer suffisamment la technique, pour rester disponible à tout apport fortuit susceptible d'enrichir l'expression plastique et dramatique du film. Il doit encore prêter une grande attention aux acteurs : pour que s'établisse la communication avec le public, il faut que la lumière s'accorde aux personnages.
Si l'on dit qu'un acteur doit être habité par son personnage, alors l'opérateur doit être habité par son film. La lumière d'un film bénéficiera dans ces conditions d'une démarche chaque fois renouvelée.
Dépassant les problèmes purement techniques, existe-t-il une manière spécifique de photographier pour le cinéma ? Devant la multiplicité des styles d'image possibles, il est plus juste de dire qu'il y a — ou qu'il devrait y avoir — autant de manières de photographier qu'il y a de films.