Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
E

ÉCLAIRAGE. (suite)

Le problème de bien des décors réels est en effet le manque de recul. Les personnages sont vite « brûlés » s'ils s'approchent par trop des projecteurs. C'est ce qui explique l'emploi fréquent de la lumière réfléchie, la réflexion s'opérant sur le plafond ou sur les murs, éventuellement recouverts de matériaux réfléchissants divers : papier d'aluminium, plaques de polystyrène, etc. Cette technique procure une lumière douce, sans ombres marquées, qui reproduit bien la lumière du jour existant normalement dans un appartement. Avantage : acteurs et caméra peuvent se déplacer avec un minimum de contraintes. Inconvénients : une forte consommation électrique et donc une forte chaleur sur le plateau.

Pour conclure.

Le cinéma n'est ni la photographie ni la peinture, même s'il leur doit beaucoup : au cinéma, la caméra et les personnages bougent, et le film se développe dans la durée.

Le cinéma n'est pas non plus la reproduction, telle quelle, de la réalité. C'est toujours une recréation, qui doit demeurer cohérente tout au long du déroulement du film (dont le tournage s'opère rarement dans l'ordre chronologique de l'histoire).

La plus grande qualité d'un opérateur est, sans doute, de comprendre une mise en scène ou un scénario, avec le réalisateur et pour le réalisateur. (Au besoin : sans que celui-ci s'en aperçoive.)

L'opérateur doit aussi dominer suffisamment la technique, pour rester disponible à tout apport fortuit susceptible d'enrichir l'expression plastique et dramatique du film. Il doit encore prêter une grande attention aux acteurs : pour que s'établisse la communication avec le public, il faut que la lumière s'accorde aux personnages.

Si l'on dit qu'un acteur doit être habité par son personnage, alors l'opérateur doit être habité par son film. La lumière d'un film bénéficiera dans ces conditions d'une démarche chaque fois renouvelée.

Dépassant les problèmes purement techniques, existe-t-il une manière spécifique de photographier pour le cinéma ? Devant la multiplicité des styles d'image possibles, il est plus juste de dire qu'il y a — ou qu'il devrait y avoir — autant de manières de photographier qu'il y a de films.

ÉCLAIRER.

Éclairer un film, fam. pour régler l'éclairage des prises de vues d'un film. ( ÉCLAIRAGE.)

ÉCRAN.

Surface sur laquelle est projetée l'image. Par extension, les comédiens ou les œuvres susceptibles d'apparaître sur l'écran : à l'écran cette semaine, les vedettes de l'écran, porter à l'écran. Grand écran, écran de dimensions supérieures à la moyenne, ou bien façon de désigner le cinéma par rapport au petit écran de la télévision.

L'écran est l'élément sur lequel apparaît l'image : écran d'une salle de cinéma, d'une visionneuse, écran d'un récepteur de télévision.

L'écran des salles.

— Initialement, l'écran était une simple toile (d'où l'argot « toile »). À l'arrivée du parlant, il lui fallut devenir transsonore, pour laisser passer les sons émis par le haut-parleur dissimulé derrière lui. Assez vite, on en vint à la formule actuelle : un support recouvert d'un enduit blanc mat et comportant d'innombrables petits trous circulaires disposés en quinconce. Ces écrans sont obtenus par assemblage côte à côte de lés verticaux de largeur 1 mètre ou 1,5 mètre.

Les cinéastes amateurs emploient couramment des écrans perlés, recouverts de minuscules billes de verre qui assurent une réflexion privilégiée de la lumière au voisinage de l'axe de l'écran. De ce fait, les écrans perlés sont plus directifs que les écrans mats, ce qui interdit pratiquement leur emploi dans les salles commerciales, où les places latérales avancées sont passablement éloignées de l'axe.

Jadis, quand il n'existait qu'un seul format* d'image, l'écran était souvent bordé d'un cadre noir qui augmentait légèrement, par contraste, la luminosité apparente de l'image. Aujourd'hui, plusieurs formats coexistent. L'usage le plus courant est de projeter à hauteur d'image constante, et donc à largeur d'image variable, sur un écran large au format Scope, plus ou moins découvert par les rideaux de scène. (Pour projeter le 70 mm — à l'image moins allongée que le Scope — on choisit généralement d'accroître la hauteur de l'image, de façon à utiliser toute la largeur de l'écran ; un bandeau horizontal mobile ajuste alors la hauteur visible de l'écran.)

Grand écran.

— On distingue souvent le cinéma de la télévision par l'opposition grand écran/petit écran. « Grand écran » peut aussi désigner soit l'écran du Scope ou du 70 mm par opposition à l'écran plus étroit du format standard ( FORMAT), soit un écran particulièrement grand (grand en lui-même ou grand par rapport aux dimensions de la salle). Dans les années qui suivirent le lancement du CinémaScope, on appelait écrans panoramiques (ou écrans larges) les écrans présentant une image plus large que l'image au format standard.

Écran courbe.

— Le CinémaScope est apparu en réplique au Cinérama*, qui présentait une image très allongée sur un écran courbe. Si, en France, les écrans sont du type blanc mat, donc peu directifs, ce n'est pas le cas aux USA, où, pour gagner de la lumière, les écrans sont du type nacré, donc plus directif. Pour compenser en partie cette directivité, mais aussi à l'époque, par mimétisme avec le Cinérama, il a été nécessaire de mettre en place, dans les salles américaines, des écrans courbes. Ce principe est devenu une sorte de mode ; on met en place, en France, des écrans courbes avec une toile « blanc mat ». La courbure de l'écran conduit inévitablement à une réduction de la définition des images projetées, qui pourrait être compensée par l'emploi d'objectifs spéciaux (très rarement utilisés).

Écran hémisphérique.

La projection d'un film peut également se faire sur une portion de sphère pour plonger les spectateurs dans un environnement le plus proche possible de la réalité. Les images enregistrées sur le film ainsi que les équipements de projection doivent également être prévus à cet effet ; ces installations sont principalement utilisées dans les parcs de loisirs ou pour les simulateurs. Pour limiter la lumière parasite à l'intérieur de la salle qui est assimilable à une sphère d'intégration en optique, la surface de l'écran est de couleur grise lorsqu'il est de type omnidirectionnel (procédé Omnimax) ou recouvert d'une peinture le rendant très directif afin de ne réfléchir la lumière que dans une direction (procédé français Panrama).