Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CAMÉRA. (suite)

Pour remplir correctement leur office, les obturateurs rotatifs doivent avoir leur axe de rotation aussi éloigné que possible de l'axe de la fenêtre, ce qui implique des disques de grand diamètre. L'obturateur à guillotine, qui n'est autre — dans son principe — qu'un rectangle animé d'un mouvement de va-et-vient devant la fenêtre, est bien moins encombrant, mais l'image est exposée un peu inégalement, puisque la partie de la fenêtre démasquée en premier est aussi masquée en dernier. On le trouve sur les caméras d'amateur et sur certaines caméras semi-professionnelles.

Les caméras étaient initialement entraînées à la main, l'opérateur s'efforçant de tourner la manivelle le plus régulièrement possible. (Un truc classique, pour parvenir à cette régularité, consistait à siffloter une marche, par exemple Sambre et Meuse.)

Quand vint le parlant, qui exigeait une vitesse parfaitement constante, le moteur électrique s'imposa. Aujourd'hui, les caméras professionnelles sont toutes susceptibles de recevoir, selon les besoins, divers types de moteurs, alimentés soit à partir du secteur, soit (plus généralement) par batteries ou accumulateurs. (Pour le reportage, on se sert usuellement de batteries-ceintures, portées autour de la taille. Il existe aussi des batteries légères, enfichables sur la caméra elle-même.) Pour filmer en son synchrone, on emploie presque toujours soit des moteurs à vitesse parfaitement régulée délivrant une fréquence pilote, soit des moteurs à quartz, qui évitent toute liaison entre caméra et magnétophone. ( REPIQUAGE.)

Pour le reportage, on a beaucoup utilisé l'entraînement par ressort remonté à la main. Le temps de fonctionnement est limité (en général, une trentaine de secondes) et la vitesse n'est qu'approximativement constante (ce qui interdit le son synchrone). En revanche, cet entraînement est peu encombrant, peu coûteux, léger, totalement autonome, ce qui est un avantage sur le moteur électrique qui exige une source d'énergie, soit piles, soit accumulateurs qu'il faudra recharger. Impossible en expédition, en brousse ou en montagne.

Bobines, chargeurs, magasins.

Charger la caméra consiste à mettre en place le film depuis la bobine débitrice jusqu'à la bobine réceptrice en passant par les débiteurs et le couloir. Le déchargement consiste à mettre en boîte le film impressionné.

Les caméras 16 mm légères — et certaines caméras 35 mm de reportage, telle l'Eyemo — emploient des bobines à flasques pleines contenant 30 mètres de film (parfois 60 m) et permettant le chargement dit plein jour : si la partie du film déroulée pour le chargement est évidemment voilée, le reste de la bobine est en effet protégé de la lumière par les flasques et par les premières spires du film.

À la cadence normale de 24 images/seconde, 30 mètres de film n'assurent qu'une autonomie d'environ deux minutes et demie en 16 mm et une minute en 35 mm, ce qui est insuffisant, sauf éventuellement pour le reportage. La capacité normale des caméras est de 120 mètres en 16 mm et 300 mètres en 35 mm, ce qui assure dans les deux cas une autonomie d'environ dix minutes. Le film est alors conditionné en galettes (on continue néanmoins de parler de bobine débitrice et de bobine réceptrice) contenues soit dans des chargeurs, soit dans des magasins. (À vrai dire, le vocabulaire est hésitant : les chargeurs sont souvent appelés magasins.)

Les chargeurs contiennent non seulement les bobines débitrice et réceptrice, soit juxtaposées, soit coaxiales, mais aussi les débiteurs : il ne reste sur la caméra que le couloir et le mécanisme d'avance intermittente, ainsi que le moteur proprement dit. Ils permettent de ce fait un chargement très rapide, particulièrement lorsqu'ils sont à enclenchement automatique. Ce n'est pas un hasard si les caméras à chargeurs (Arriflex, Éclair 16, Caméflex, etc.) sont des caméras conçues à l'origine pour le reportage ou l'actualité, et c'est souvent par le chargeur que les caméras portables prennent appui sur l'épaule. (Le Super 8 utilise des chargeurs simplifiés dépourvus de débiteurs.)

Les magasins, bien antérieurs aux chargeurs, ne contiennent aucun mécanisme : il faut donc effectuer manuellement le chargement. Il existe des magasins indépendants (par ex. pour la Debrie ou la Camé 300), qui contiennent indifféremment la bobine débitrice ou la bobine réceptrice, et des magasins monobloc qui contiennent les deux bobines : une boucle de film sort alors du magasin pour permettre le chargement.

Chargeurs et magasins doivent être chargés dans le noir, pour ne pas voiler la pellicule. Faute de chambre noire, on se sert du charging bag, grand sac étanche à la lumière et où l'on peut glisser les bras.

L'optique.

Les caméras professionnelles sont toutes à objectif interchangeable. La monture, c'est-à-dire le dispositif de fixation de l'objectif sur la pièce qui le supporte, est généralement du type baïonnette (comme sur les appareils photographiques 24 × 36), chaque marque ayant sa propre monture. (Dans certains cas, on peut monter l'objectif sur une caméra d'une autre marque grâce à une pièce d'adaptation.) Un certain nombre de caméras 16 mm utilisent une monture à vis normalisée, dite monture C.

Autrefois, les caméras de reportage étaient couramment dotées d'une tourelle, pièce rotative supportant généralement trois objectifs et qui permettait un changement d'objectif quasi instantané. Cette conception tend à disparaître depuis l'apparition des zooms.

La mise au point s'effectue généralement par rotation de la bague de réglage de l'objectif. Sur les grosses caméras de studio, où l'accès à l'objectif est entravé par le dispositif d'insonorisation (voir plus loin), elle s'effectue par avance ou recul de tout l'objectif, ce mouvement étant commandé par un bouton reporté à l'extérieur du caisson d'insonorisation.

La visée.

Le viseur permet à l'opérateur de voir le champ filmé.

Les premières caméras avaient un viseur à cadre, composé d'un cadre métallique fixé à l'avant de l'appareil et d'un œilleton (ici : un simple trou dans une plaquette) fixé à l'arrière de l'appareil. Vint ensuite le viseur type Newton, moins rudimentaire, qui comporte à l'avant une lentille divergente rectangulaire et, à l'arrière, une lentille convergente servant d'œilleton. Des caches de différentes tailles, ou des repères gravés sur la lentille antérieure, délimitent les champs des divers objectifs possibles. Le gros défaut de ce viseur est son manque de précision lors de l'emploi de longues focales, car l'image observée est alors minuscule. Le viseur optique améliore le précédent : un système optique antérieur, interchangeable en fonction de l'objectif en service, fournit une image de taille constante, quel que soit le champ embrassé. (Sur certaines caméras, ce type de viseur fournissait une image aérienne [ OPTIQUE GÉOMÉTRIQUE] observable à une certaine distance, ce qui évitait d'avoir à coller l'œil à l'œilleton.)