Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

COURTENAY (Tom)

acteur britannique (Hill, Yorkshire, 1937).

Après des études à l'Académie royale d'art dramatique de Londres, il entre au célèbre théâtre de l'Old Vic (1960). Il débute à l'écran dans la Solitude du coureur de fond (T. Richardson, 1962) : en un film, il est devenu l'acteur le plus en vue du Free Cinema. John Schlesinger l'engage pour Billy le menteur dans un rôle qu'il joue également au théâtre. Il obtient le prix d'Interprétation au festival de Venise 1964 pour sa performance dans Pour l'exemple (J. Losey, 1964). La suite de sa filmographie est moins heureuse. Depuis 1971, Courtenay se consacre presque exclusivement au théâtre.

Films :

la Solitude du coureur de fond (T. Richardson, 1962) ; Billy le menteur (J. Schlesinger, 1963) ; Pour l'exemple (J. Losey, 1964) ; Operation Crossbow (M. Anderson, 1965) ; le Docteur Jivago (D. Lean, id.) ; la Nuit des généraux (A. Litvak, 1967) ; le Jour où les poissons (M. Cacoyannis, id.) ; Maldonne pour un espion (A. Mann, 1968) ; Une journée d'Ivan Denissovitch (One Day in the Life of Ivan Denissovitch [Wrede], id.) ; l'Habilleur (P. Yates, 1983) ; le Cri du papillon (K. Kachyña, 1990) ; l'Âge de vivre (Let Him Have It, P. Medak, 1991).

COURT MÉTRAGE.

La réglementation traditionnelle définit comme films de court métrage les films dont la longueur n'excède pas 1 600 m en format 35 mm, soit environ 59 min de projection, les films de longueur supérieure étant considérés comme films de long métrage. Antérieurement, la frontière se situait à 1 300 m, soit environ 48 min de projection. En France un arrêté de 1982 définit les films de court métrage en référence directe à leur durée : « œuvres cinématographiques d'une durée de projection inférieure à une heure ».

En pratique, les films de court métrage sont le plus souvent des œuvres assez brèves qui étaient traditionnellement projetées dans les salles en complément de programme. Les œuvres dites de «  moyen métrage  » (plus de trente-cinq minutes) sont généralement diffusées « couplées » à un autre film de durée comparable (cf. Crin Blanc, A. Lamorisse, 1953 ; la Bergère et le Ramoneur, P. Grimault, 1953).

Aux débuts du cinéma, le programme d'une séance proposait une succession de films très courts. C'est seulement vers 1920 que se dégagea la notion de « grand film » et, par voie de conséquence, celle de « première partie du programme ». Pendant un temps, deux conceptions de première partie cohabitèrent : les courts métrages, et le « double programme » qui proposait - avant le « grand film » – un autre long métrage (ou un moyen métrage). La suppression réglementaire du double programme, lors de la réorganisation du cinéma français sous le régime de Vichy, conduisit au schéma classique d'une première partie proposant uniquement (outre les actualités et les bandes-annonces) des courts métrages : reportage (appelé « documentaire »), dessin animé, fiction, ou simplement attraction, soit par le contenu (chanteur interprétant ses grands succès), soit par la forme (film en couleurs quand le noir et blanc était encore la règle).

Contrairement aux longs métrages, un grand nombre de courts métrages sont réalisés à des fins de diffusion non commerciale : films d'entreprise, films pédagogiques, etc. Ces films ne requièrent ni visa ni autorisation de production. Mais, une fois le film réalisé, rien n'interdit de solliciter un visa d'exploitation commerciale — en fait, cette pratique est rare.

On évalue à environ 400 le nombre de courts métrages réalisés en France chaque année depuis la fin des années 1980. Très peu sont diffusés dans les salles de cinéma, beaucoup sur les chaînes de télévision, en particulier les chaînes payantes qui se sont développées grâce au câble et au satellite. Bien que leur production relève autant du bricolage hors économie que des règles les plus professionnelles, les aides de l'État ainsi que celles des départements et des régions permettent de maintenir une offre significative. Quelques réalisateurs et producteurs parviennent à travailler avec régularité dans ce secteur quelque peu spécialisé, mais il est considéré avant tout comme le banc d'essai des nouveaux talents. Et en effet, chaque année des nouveaux réalisateurs parviennent au long métrage pour s'être fait remarquer dans le court métrage. Ils sont aidés en cela par les festivals spécialisés qui se sont multipliés dans les pays d'Europe occidentale, dont le plus important est celui de Clermont-Ferrand.

L'Agence du court métrage, association régie par la loi de 1901 et financée par le Centre national de la cinématographie, a été créée en 1983 pour informer et conseiller ceux qui réalisent, produisent ou diffusent le court métrage. Elle a notamment créé une structure de diffusion en salles destinée à des exploitants volontaires afin de compenser le désintérêt des distributeurs et la quasi-disparition de ce mode d'expression des circuits commerciaux. Elle publie depuis 1989 la revue trimestrielle Bref. Plusieurs pays d'Europe (l'Allemagne, la Suisse, le Portugal) se sont inspirés de cette expérience pour créer des structures d'intervention analogues.

COUSTEAU (Jacques-Yves)

océanographe et cinéaste français (Saint-André-de-Cubzac 1910 - Paris 1997).

Officier de marine, il s'intéresse à la photographie sous-marine en 1936 et perfectionne le scaphandre léger du commandant Prieur tout en mettant au point un matériel de prise de vues adapté. Avec son équipe, il tourne en 16 mm Par dix-huit mètres de fond (CM : 1943). Puis il réalise Épaves (1945) et de nombreux courts métrages (une dizaine de 1947 à 1955), dont Autour d'un récif. Disposant de moyens plus importants, il obtient un très grand succès public avec son long métrage : le Monde du silence (1955). Il devient producteur, tourne un autre long métrage, le Monde sans soleil (1964), puis de nombreux films diffusés par la télévision.

COUTARD (Raoul)

chef opérateur et cinéaste français (Paris 1924).

Photographe et reporter en Indochine pour Paris-Match et Life, il devient chef opérateur à partir de 1957. Après quelques films, il est révélé par À bout de souffle (1960), où son apport est décisif dans l'instauration du style visuel de Godard : technique du reportage, à savoir caméra extrêmement souple (le plus souvent tenue à la main) et utilisation exclusive de la lumière naturelle. Il va dès lors travailler sur de nombreux films de Godard (le Petit Soldat, 1960 ; Une femme est une femme, 1961 ; Vivre sa vie, 1962 ; les Carabiniers, 1963 ; Une femme mariée, 1964 ; Alphaville, 1965 ; Pierrot le fou, id. ; Made in USA, 1967 ; la Chinoise, id. ; Week-end, id. ; Prénom Carmen, 1983). Mais il travaille également avec d'autres réalisateurs de la Nouvelle Vague : Truffaut (Tirez sur le pianiste, 1960 ; Jules et Jim, 1962 ; la Peau douce, 1964 ; La mariée était en noir, 1968) ; Demy (Lola, 1961) ; Baratier (la Poupée, 1962) ; Kast (Vacances portugaises, 1963) ; ainsi qu'avec les initiateurs du cinéma-vérité : Jean Rouch et Edgar Morin (Chronique d'un été, 1961). Avec la couleur, son style a évolué vers une image plus traditionnelle mais toujours d'excellente qualité (Z, 1969, et l'Aveu, 1970) de Costa-Gavras ; le Crabe-Tambour (Schoendorffer, 1977) ; la Diagonale du fou (Richard Dembo, 1984) ; Max mon amour (N. Oshima, 1986) ; Peaux de vaches (Patricia Mazuy, 1989) et il collabore désormais à des films plus commerciaux. Il a lui-même réalisé Hoa-Binh (1970), évocation sensible mais ambiguë de la guerre d'Indochine, et La Légion saute sur Kolwezi (1979), plate chronique d'une opération militaire en Afrique.