CENSURE. (suite)
Il faudra attendre 1967 pour que le courant se renverse et que la censure commence à faire bien involontairement le succès de certains films. Puis la révolte de mai 1968, jetant l'anathème sur les censeurs, ouvrira la voie de la libéralisation. Le 10 juillet 1969, le contrôle des films sera confié au ministère des Affaires culturelles. Bien que maintenue, et malgré certains combats d'arrière-garde — municipaux, notamment —, la censure officielle, suivant par là-même l'évolution des esprits, présente un nouveau visage et développe une autre philosophie qui a été traduite par voie réglementaire en 1990.
Ainsi, à l'instar des autres pays démocratiques, le pouvoir exécutif ne s'autorise plus aucune atteinte à la liberté de création par des coupures ou modifications opérées sur le film, mais continue de se permettre, tout en s'en défendant, des restrictions à la liberté d'expression par l'interdiction d'accès à la salle de cinéma de tout ou partie du public au nom de la protection des spectateurs.
La Commission de contrôle, rebaptisée Commission de classification des œuvres cinématographiques, s'attache essentiellement à l'examen critique des idées, images et propos portés par le film en vue de protéger le cas échéant les jeunes spectateurs — dont la personnalité est par définition en cours de structuration — des atteintes aux valeurs qui lui semblent communément admises par le corps social.