Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
N

NILSEN (Alper [Vladimir Semionovitch])

opérateur soviétique (Saint-Pétersbourg 1906 - 1942).

Il étudie la physique et les mathématiques à Petrograd puis en Allemagne où il devient cameraman professionnel. Il entre au VGIK comme professeur de prise de vues grâce à l'amitié et à l'estime d'Eisenstein, qui lui offre d'être l'assistant d'Édouard Tissé pour Octobre et la Ligne générale, puis il est directeur de la photographie d'Alexandrov pour les Joyeux Garçons (1934), le Cirque (1936) et Volga Volga (1938). Nilsen est expérimentateur de techniques nouvelles pour le son, la couleur et la transparence ; l'un de ses ouvrages a été traduit en anglais : The Cinema as a Graphic Art (Londres, 1936). Il est arrêté comme « traître à la patrie » en 1937 et réhabilité à titre posthume en 1956.

NILSSON (Anna Querentia, dite Anna Q.)

actrice américaine d'origine suédoise (Ystad, Suède, 1888 - Hemet, Ca., 1974).

Elle est sans doute la première actrice suédoise à faire carrière en Amérique où elle apparaît à l'écran dès 1911, travaillant notamment pour la compagnie Kalem et pour des cinéastes comme Dwan, Walsh ou Maurice Tourneur. Son élégance naturelle l'impose dans plusieurs films comme Au crépuscule (Heart of the Sunset, Paul Powell, 1918), Three Live Ghosts (G. Fitzmaurice, 1922), la Rançon d'un trône (C. B. De Mille, 1923), Broadway, la nuit (Broadway After Dark, M. Bell, 1924), Ponjola (D. Crisp, id.), Winds of Chance (F. Lloyd, 1925), The Top of the World (George Melford, id.), One Way Street (John Francis Dillon, id.), Après la tourmente (Sorrell and Son, H. Brenon, 1927). Elle abandonne sa carrière à la fin du muet mais réapparaît occasionnellement dans quelques films ultérieurs notamment Boulevard du Crépuscule de Billy Wilder en 1950.

NILSSON (Maj-Britt)

actrice suédoise (Stockholm 1924).

Par l'ampleur de la gamme de ses émotions et la chaleur avec laquelle elle sait exprimer la féminité, elle reste inégalée dans l'histoire du cinéma suédois. Elle avait déjà joué dans six films — notamment Voyage au loin (A. Sjöberg, 1945) et la Rue (Gösta Werner, 1949), où elle interprète le rôle d'une prostituée — lorsqu'elle tourne pour la première fois avec Ingmar Bergman dans Vers la joie (1950), bientôt suivi de Jeux d'été (1951). Dans ces deux films, elle est l'incarnation même de l'enthousiasme de la jeunesse et de la féminité candide, mais c'est dans le second qu'elle fait plus particulièrement la preuve d'un potentiel remarquable de réactions aux joies et aux malheurs de la vie. Si elle a tenu un rôle intéressant dans l'Attente des femmes (1952), aucun des autres films qu'elle tourna dans les années 50 n'eut réellement d'impact, à l'exception des Oiseaux sauvages de Sjöberg (1955). Elle fit un bref retour à l'écran en 1974 dans Une mélodie simple, sous la direction de Kjell Grede, mais se consacra ensuite exclusivement au théâtre.

NILSSON (Rob)

cinéaste et scénariste américain d'origine norvégienne (1939).

Après de brillantes études qui le conduisent à Harvard, ce peintre et poète se tourne vers le cinéma dans les années 70, travaillant au sein d'un collectif de cinéastes de gauche. En 1979, il coréalise, avec John Hanson, un film qu'il a écrit : Northern Lights (id.). Il y recrée dans un mélange de lyrisme et de style documentaire la dure existence de fermiers d'origine norvégienne installés dans le Dakota du Nord au début du siècle. Ce coup de maître lui vaut la caméra d'or à Cannes. Mais cela ne lui facilite guère sa carrière et, faute de trouver des financements à ses projets, il se lance en 1986 dans une expérience de cinéma improvisé (tant par les acteurs que par les techniciens), qui, tout en étant intéressante, limite singulièrement son impact (Signal 7, 1986 ; Heat and Sunlight, 1987).

NINCHI (Annibale)

acteur italien (Bologne 1887 - Pesaro 1967).

Directeur de compagnie dès 1914, il interprète au théâtre un large répertoire qui va des classiques grecs à Shaw, en passant par Shakespeare et D'Annunzio. Bien que ses débuts dans le cinéma remontent à 1909 (Carmen), il ne fait que de brefs passages dans les studios : Ninchi est avant tout un des monstres sacrés de la scène italienne. Au cinéma, on peut retenir son personnage de Scipion dans Scipion l'Africain de Carmine Gallone (1937) et surtout ses interprétations pathétiques du père de Marcello Mastroianni dans La dolce vita (1960) et dans Huit et demi (1963) de Federico Fellini. Frère de Carlo Ninchi.

NINCHI (Ave)

actrice italienne (Ancône 1914 - Trieste 1997).

Cousine des acteurs Annibale et Carlo Ninchi, elle obtient un diplôme à l'Accademia d'arte drammatica de Rome et joue ensuite au théâtre. Avec d'autres acteurs populaires, elle débute au cinéma dans une comédie loufoque : Circo equestre Zabum (M. Mattoli, 1946). Elle interprète presque cent films, surtout des comédies en dialecte où elle crée le personnage de la grassouillette et débonnaire femme du peuple. Elle obtient le prix Nastro d'Argento pour Vivre en paix (L. Zampa, id.), où elle joue à côté d'Aldo Fabrizi avec qui elle apparaîtra souvent en tandem comique. Parmi ses succès majeurs : Un jour dans la vie (A. Blasetti, 1946), l'Honorable Angelina (Zampa, 1947), les Années difficiles (Zampa, 1948), Emigrantes (A. Fabrizi, 1949), Dimanche d'août (L. Emmer, 1950), Totò cerca moglie (C. L. Bragaglia, id.), Gendarmes et Voleurs (Steno et M. Monicelli, 1951), les Fiancés de Rome (Emmer, 1952), Totò e le donne (id., id.), La valigia dei sogni (L. Comencini, 1954), l'Air de Paris (M. Carné, id.), le Bigame (Emmer, 1956), les Noces vénitiennes (A. Cavalcanti, 1959), Au risque de se perdre (F. Zinnemann, 1959), In ginocchio da te (Ettore Fizzarotti, 1965), Lacombe Lucien (L. Malle, 1974). Elle consacre ses dernières années à mitonner un rôle de sympathique cuisinière dans des émissions de télévision.

NINCHI (Carlo)

acteur italien (Bologne 1897 - Milan 1974).

Il joue au théâtre avec la troupe de son frère Annibale (v. ce nom) et débute au cinéma en 1930 dans Corte d'assise (G. Brignone). Par sa diction dépouillée et rigoureuse, il s'adapte à tous les genres de rôles et interprète ainsi de très nombreux films, dont Terra madre (A. Blasetti, 1930), Passaporto rosso (C. Brignone, 1935), Scipion l'Africain (C. Gallone, 1937), Dora Nelson (M. Soldati, 1939), les Fiancés (M. Camerini, 1941), La morte civile (F. M. Poggioli, 1942), Circo equestre Zabum (M. Mattoli, 1946), Deux Lettres anonymes (Camerini, 1945), la Beauté du diable (R. Clair, 1950), Naples millionnaire (E. De Filippo, id.), La fiammata (Blasetti, 1952), l'Ennemi public no 1 (H. Verneuil, 1954), I colpevoli (T. Vasile, 1957), Il marito (N. Loy, 1958), I moschettieri del mare (Steno, 1962).