Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MEHBOOB (Ramjan Khan, dit Aka Mehboob Khan ou Mehboob Khan, ou)

cinéaste et producteur indien (Bilimorya, Gujerat, 1906 - Bombay 1964).

D'abord acteur à la fin du muet et au début du parlant, il réalise vingt-quatre films entre 1935 et 1962, devenant son propre producteur à partir de 1940. Il aborde différents genres, dont la description du monde paysan, et s'y fait le défenseur des humbles. Ses films les plus connus sont Bahen (1941), Roti (1942), Najma (1943), Humayun (1945), Elaan (1947), Andaz (1949), Mangala fille des Indes (Aan, 1952), Mother India (1957), remake d'un de ses films précédents : ‘ Femme ’ (Aurat, 1940), portrait d'une paysanne pauvre, sorte de « Mère Courage » face à l'adversité, proposé pour un Oscar. (Langue hindi.)

MEHRJUI (Dariush)

cinéaste iranien (Téhéran 1941).

Inscrit à l'université de Los Angeles (UCLA) pour y étudier la philosophie, il devient journaliste, écrit des scénarios pour la TV et tourne dès l'année qui suit son retour à Téhéran un film policier démarqué des James Bond, Diamant 33 (1966). Trois ans plus tard, il se révèle avec une étrange et belle fable, la Vache (Gâv, 1969), un auteur de qualité, tout de suite lié à l'éclosion d'un réel cinéma national. Il aborde la comédie sociale avec Monsieur le Naïf (Aghaye Halon, 1969), puis s'inspire curieusement du Woyzeck de Büchner dans le Facteur (Postchi, 1971). Le Cycle (Dayereh Minah, 1974) reste bloqué trois ans par la censure, et Mehrjui se voit refuser tout nouveau projet. Le film, remarquable par son écriture nette et incisive, relate les trafics de sang humain nécessaire aux hôpitaux et jette sur la société iranienne un regard sans complaisance. Interprété par un jeune acteur inconnu, Said Kangarani, il marque la deuxième mort du cinéma iranien, étouffé par le pouvoir des mollahs, un cinéma dont Mehrjui est alors un des espoirs. Mehrjui réalise ensuite les Locataires (Ejerah Neshinha, 1987), Shirak (1988), Hamon (1990), Banoo (1992), Sara (1993), adaptation dans le contexte iranien de la Maison de poupée d'Ibsen, Pari (1995), Leila (1997) sur la polygamie, et le Poirier (Derakht-e-Golabi, 1998) où un écrivain mûr revient travailler dans sa maison natale et retrouve l'arbre de son enfance.

MEHTA (Ketan)

cinéaste indien (Navsari, Gujarat, 1952).

Son premier film, ‘ Un conte populaire ’ (1980), dédié à Brecht, Goscinny, Uderzo et Asait Thakore (!), l'impose comme un auteur original et remporte un certain succès que viennent confirmer ‘ la Fête du feu ’ (Holi, 1983) et Mirch Masala (1985). Mehta se tourne ensuite vers le documentaire et travaille essentiellement pour la télévision. Il revient au cinéma avec Hero Hiralak (1988), Maya Memsaab (1992) et Sardar (1993).

MEIGHAN (Thomas)

acteur américain (Pittsburgh, Pa., 1879 - Great Neck, N. Y., 1936).

Connu à Broadway, il devient une vedette du muet grâce à De Mille (la Piste du pin solitaire, 1916 ; l'Admirable Crichton, 1919 ; l'Échange, 1920 ; le Réquisitoire, 1922). Étoile de la Paramount dans les années 20, il joue un personnage simple et le plus souvent rassurant : M'Liss (M. Neilan, 1918) ; The Miracle Man (George Loane Tucker, 1919) ; Conrad in Quest of His Youth (W.C. De Mille, 1920) ; QuestTin Gods (A. Dwan, 1926) ; The Canadian (W. Beaudine, 1926) ; The New Klondike (L. Milestone, id.). Il s'adapte sans problème, mais brièvement, au parlant (The Racket, L. Milestone, 1928 ; The Argyle Case, Howard Bretherton, 1929).

MEIJI-MONO (litt. « chose de Meiji »).

Terme désignant au Japon les films, ou pièces, se déroulant pendant la période Meiji (1868-1911). Ainsi le Héron blanc (T. Kinugasa, 1959) est un Meiji-mono.

MEISEL (Edmund)

compositeur allemand (Vienne, Autriche, 1894 - Berlin 1930).

Après des études musicales à Berlin, il est violoniste dans l'orchestre philharmonique et commence à composer en 1924 pour Piscator dans son Théâtre politique, ainsi que pour Brecht. Il reçoit de la société Prometheus, qui distribue en Allemagne le Cuirassé Potemkine d'Eisenstein, la commande d'une partition d'accompagnement. Jouée pour la première fois à Berlin en avril 1926, la musique de ce film assure à Meisel une réputation internationale de compositeur d'avant-garde dans un style qui, par son dynamisme rythmique et ses sonorités rutilantes, est voisin de celui de Hanns Eisler ; mais cette partition sera bientôt oubliée, jusqu'à sa redécouverte dans les années 70. Avant de disparaître prématurément, Meisel composera encore des partitions pour une dizaine de films, dont la Montagne sacrée (A. Franck, 1926), Berlin, Symphonie d'une grande ville (W. Ruttman, 1927), Octobre (S. M. Eisenstein, 1928) et l'Express bleu (I. Trauberg, 1929).

MEKAS (Adolfas)

cinéaste américain d'origine lituanienne (Semeniskiai 1925).

Arrivé à New York avec son frère Jonas en 1949, il est l'auteur d'un des meilleurs films indépendants américains des années 60, Alleluia les collines (Hallelujah the Hills, 1963), contribution loufoque à la Nouvelle Vague, mais aussi de Double Barreled Detective Story (1965), parodie de western, et de Windflowers (1968), film engagé contre la guerre au Viêt-nam.

Parmi ses autres films, on peut citer Skyskraper (1965, CM), Compañeras and Compañeros (1970, CO Barbara et David Stone), Going Home (1972, CO Pola Chapelle), Zamrok (1982).

MEKAS (Jonas)

cinéaste expérimental américain d'origine lituanienne (Semeniskiai 1922).

D'une famille de fermiers, il fait, encouragé par un oncle pasteur, des études secondaires et il s'essaie à la poésie. En 1944, il est pris par les nazis et envoyé avec son frère dans un camp de travail près de Hambourg ; tous deux s'en échappent. Après la guerre, « personnes déplacées » en Allemagne, ils étudient les lettres, découvrent le cinéma et émigrent à New York en 1949. Tout en faisant plusieurs petits métiers, Jonas commence alors à filmer avec une Bolex 16 mm, crée en 1955 la revue Film Culture et défend, à partir de 1959, dans ses articles du Village Voice, l'idée d'une Nouvelle Vague américaine. Instigateur du New American Cinema Group (1960), qui réclame des films « rudes, mal faits peut-être, mais vivants », il prêche d'exemple en tournant Guns of the Trees (1961), puis, avec le Living Theatre, The Brig (1964). L'échec de ce rêve de cinéma indépendant dans le système l'amène à se radicaliser : cofondateur de la Film-Makers Cooperative (1962), il devient, avec fougue et générosité, par ses actes et ses articles, le principal animateur du cinéma « underground ». En 1970, il crée, avec P. Adams Sitney, Anthology Film Archives, cinémathèque new-yorkaise du film expérimental, puis se consacre à son œuvre majeure : son journal filmé (Diaries, Notes and Sketches, 1969), qui regroupe en longs assemblages de scènes pointillistes, filmées par petites giclées rapides, les moments significatifs de sa vie (Walden, 1969 ; Reminiscences of a Journey to Lithuania, 1972 ; Lost Lost Lost, 1976 ; Paradise Not Yet Lost, 1980 ; He Stands in a Desert, Counting, the Seconds of His Life, 1985, Scenes from the Life of Andy Warhol, 1963-1990, Zefiro Torna, 1992, Song in Avignon et As I Was Moving Ahead, I Saw Brief Glimpses of Beauty, 2000).