Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PEOPLES (David Webb Peoples, dit David)

scénariste américain (Middletown, Conn.).

Il avait déjà derrière lui une petite carrière de technicien du son et quelques films et téléfilms obscurs quand, en 1982, avec Blade Runner (R. Scott), il s'affirmait avec éclat comme l'un des meilleurs scénaristes de sa génération. On retrouve chez lui une souplesse professionnelle qui était celle des grands scénaristes hollywoodiens. Il a réussi, avec un brio sans faille, aussi bien un western comme Impitoyable (C. Eastwood, 1992), une comédie comme Héros malgré lui (S. Frears, 1993) ou un film d'anticipation très complexe comme l'Armée des 12 singes (T. Gilliam, 1995), où il développait un court métrage mémorable de Chris Marker, la Jetée.

PÉPLUM.

On a coutume d'habiller de ce nom (c'est le grec « peplos » latinisé) un film d'action vaguement historique et se référant de préférence à l'Antiquité. Principes qui subiront bien des entorses, mais qui ont présidé, avec plus ou moins de bonheur, à deux âges d'or distincts : les années qui précèdent et englobent la Première Guerre mondiale, puis, approximativement, la décennie 1955-1965. Si le genre constitue un morceau de prédilection de la production italienne de ces deux époques, il n'en a pas moins été exploité, dès l'origine, par tous les pays d'Occident. Il semble que le premier « péplum » qu'on puisse répertorier avec certitude soit une bande due à Promio, Néron essayant des poisons sur des esclaves (1897). Comme le futur Film d'Art, le péplum naît du « tableau vivant », distraction culturelle des classes aisées, ou des sujets que la peinture académique met à la mode. Il réclame un sujet connu, ou reçu comme tel, appartenant à l'histoire, la mythologie, les grandes œuvres littéraires. Ainsi : Cupid and Psyche par Edison en 1897 ; la Passion (du Christ), revue par Alice Guy en 1898, après quelques autres ; Cléopâtre, qui confie son nez et le destin du monde aux mains de Méliès la même année. La première des adaptations, plus que nombreuses, de Quo Vadis ? est signée Ferdinand Zecca, pour Pathé, en 1901. L'année précédente, le Britannique R. W. Paul a tourné l'avatar no 1 des Derniers Jours de Pompéi... La Bible, Dante, Shakespeare viennent soutenir une inspiration qui ne cesse de se recopier. C'est le temps heureux où, selon le mot de Nino Frank, « tous les lions de la Péninsule avaient leur chrétien ».

Si le genre connaît, surtout en Italie, deux périodes fastes, il n'est jamais tout à fait délaissé, spectacle populaire ou fresque ambitieuse. Les cinéastes les plus divers l'ont pratiqué : Victorin Jasset, Feuillade, Nonguet, Zecca, Calmettes, Edwin S. Porter (Nero and the Burning of Rome, produit par Edison en 1908), Robert Wiene, D. W. Griffith (Judith de Bethulie, 1914 ; Intolérance, 1916), Cecil B. De Mille, Schoedsack, Mankiewicz (Cléopâtre, 1963), Kubrick (Spartacus, 1960)... Il est juste de ne pas oublier le dessin animé d'Émile Cohl, les Douze Travaux d'Hercule, produit par Léon Gaumont en 1910.

Peut-être est-ce l'Ambrosio qui donne le coup d'envoi en Italie, et seulement en 1908, avec les Derniers Jours de Pompéi de Luigi Maggi. Vont suivre aussitôt, sur la via Antica, Caserini, Enrico Novelli, Romeo Bossetti, Ernesto Maria Pasquali, Giuseppe De Liguoro, Enrico Guazzoni... Le genre va passer par le meilleur et par le pire, jusqu'à la fantastique et somptueuse adaptation du roman de Pétrone par Fellini (Satyricon, 1969). Il convient cependant de revenir sur Cabiria, signé Piero Fosco (c'est-à-dire Giovanni Pastrone), qui, en 1914, fait triompher Itala Film. Les décors extravagants, l'utilisation de l'espace et les mouvements de foule annoncent en effet Griffith, puis Eisenstein. Pastrone s'est hissé à la hauteur de ses ambitions techniques et a conféré soudain, à ce qui n'est encore le plus souvent qu'un filmage de scènes théâtrales, un réel souffle épique. Ce film monumental (il dure trois heures) est aussi un « monument », une date, une œuvre de référence. Car les lois du genre souffrent d'un avachissement grandissant. Les héros mythologiques, ou « antiques », tel Maciste, se galvaudent bientôt chez les Mongols, qui n'en peuvent mais, ou affrontent Zorro, les Atlantes ou les troupes du Kaiser. Les franges « barbares » du monde antique — c'est décidément une loi intangible, celle-là — finissent par triompher : Vikings, Gaulois ou momies se marient à Byzance ou aux fantasmes orientaux de Hollywood (Night in Paradise, de Arthur Lubin, 1948). À chacun ses rêves et son apocalypse. Le néoréalisme de Blasetti martyrise les bonnes intentions dans Fabiola (1949) ; mieux vaut se distraire avec Annibal (C. L. Bragaglia, 1959) ou les Légions de Cléopâtre (V. Cottafavi, 1960).

Une mythologie visuelle se superpose à l'histoire. Elle a su triompher par sa représentation rassurante (même quand les villes flambent et que les lions déjeunent dans l'arène), dynamique, de catégories morales et de figures sans surprise. Le péplum se garde de déconcerter — sauf s'il tombe aux mains d'un franc-tireur comme Fellini ou comme Huston. Il a toujours un Tarcissus à lapider pour faire pleurer Margot. Il ouvre les portes à une imagerie populaire souvent non exempte d'humour. Ou bien il se fait le cheval de Troie des grandes fables du monde. Film de série ou superproduction, on ne saurait a priori, sans injustice, ranger le péplum parmi les sous-produits culturels. C'est cependant l'attitude habituelle, sort paradoxal d'un cinéma enté, dès l'origine, sur les mythes de l'histoire et de la littérature.

PEPPARD (George)

acteur américain (Detroit, Mich., 1928 - Los Angeles, Ca., 1994).

Après avoir hésité entre la technologie et l'art dramatique, George Peppard choisit ce dernier chemin. Il possède un certain talent mais aussi une tendance à la passivité, que peu de cinéastes ont su secouer. C'est Vincente Minnelli qui lui arracha son interprétation la plus personnelle et la plus sensible dans Celui par qui le scandale arrive (1960). Blake Edwards joua avec adresse de sa mollesse dans Diamants sur canapé (1961), où il était très convaincant en écrivain-gigolo. Enfin, John Guillermin en fit un officier allemand arriviste et autodestructeur dans le Crépuscule des aigles (1966) et un détective désabusé dans le Syndicat du meurtre (1968). Peu actif, il s'est tourné vers la TV et s'est beaucoup investi dans une honorable réalisation (Five Days From Home, 1978).