Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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BORATTO (Caterina)

actrice italienne (Turin 1916).

Célèbre dès son premier film (Vivere de Guido Brignone, 1937), Caterina Boratto a eu une carrière à éclipses : de 1938 à 1942, un contrat la conduit à Hollywood, où elle demeure inactive ; de même, elle ne tourne rien de 1943 jusqu'au début des années 60. Elle retrouve alors, grâce à Fellini, des rôles significatifs dans Huit et demi (1963) et dans Juliette des esprits (1965). Sa beauté nostalgique et son charme ont également inspiré Dino Risi (Il tigre, 1967 ; Dernier Amour, 1978), Pollack (Un château en enfer, 1969) et Pasolini (Salò, 1976).

BORAU (José Luis)

cinéaste et producteur espagnol (Saragosse 1929).

Il débute dans le long métrage par des films de commande : Brandy (1963), un western, et Crimen de doble filo (1964), un policier, puis devient un producteur indépendant actif. Après Hay que matar a. B. (1973), il réalise le meilleur de ses films : Furtivos (1975), drame complexe d'un personnage en butte à l'oppression familiale et sociale. Borau cherche à conjurer la crise du cinéma par des coproductions internationales, cadre dans lequel il tourne La Sabina (1979), dérapant vers le pittoresque facile. Il réalise ensuite Rio abajo (1984), Tata mía (1986), Niño nadie (1996) et Leo (2000). Parallèlement, il a ajouté de nouvelles cordes à son arc, celles d'auteur et éditeur, prolongeant ainsi un long magistère.

BORDERIE (Raymond Borderie, dit Bernard)

cinéaste français (Paris 1924 - id. 1978).

Fils du producteur Raymond Borderie, il s'illustre dans tous les genres populaires du cinéma français des années 50 et 60. Il aborde, sans complexe aucun, le film policier humoristique dans la série des « Lemmy Caution » avec Eddie Constantine : la Môme Vert-de-Gris (1952), Les femmes s'en balancent (1953), Lemmy pour les dames (1961), À toi de faire mignonne (1963) et dans celle des « Gorille » avec Lino Ventura (Le Gorille vous salue bien, 1957), puis Roger Hanin (la Valse du Gorille, 1959), avant de s'attaquer à un autre genre en vogue : le film de cape et d'épée (les Trois Mousquetaires, 1961 ; le Chevalier de Pardaillan, 1962). Après Rocambole (id.), il réalise la série des « Angélique », une sorte de feuilleton à la fois érotique et pseudo-historique qui connut un large succès public : Angélique, marquise des Anges (1964), Angélique et le Roy (1965), l'Indomptable Angélique (1967), Angélique et le sultan (id.).

BORELLI (Lyda)

actrice italienne (Rivarolo Ligure, Gênes, 1884 - Rome 1959).

Après ses débuts sur les planches en 1901, Lyda Borelli connaît une rapide renommée : elle joue aux côtés de Eleonora Duse puis de Ruggero Ruggeri. D'allure sophistiquée, maigre, alanguie, Lyda Borelli impose une silhouette de femme avant même de commencer à faire du cinéma. En 1913, elle est engagée par la Gloria Film pour interpréter le rôle de protagoniste dans Ma l'amor mio non muore de Mario Caserini. Le succès est immédiat et, au cours d'une carrière cinématographique assez brève (elle cessera de tourner en 1918 à la suite de son mariage avec l'industriel Vittorio Cini), Lyda Borelli va de triomphe en triomphe et impose définitivement un personnage féminin particulièrement représentatif du goût de l'époque : son jeu emphatique, tarabiscoté, ses attitudes toujours proches de l'état de pâmoison en font une actrice géniale ou ridicule, selon le point de vue que l'on adopte. Parmi ses contributions les plus représentatives, on peut citer : La donna nuda (1914) de Carmine Gallone, Rapsodia satanica (1915) de Nino Oxilia ; trois films de Gallone, La falena (1916), Malombra (id.) et La storia dei tredici (1917) ; Madame Tallien (1916) de Mario Caserini et Enrico Guazzoni, Carnevalesca (1917) de Amleto Palermi, Il dramma di una notte (id.) de Caserini.

BORGES (Jorge Luis)

écrivain argentin (Buenos Aires 1899 - Genève 1986).

L'auteur de Fictions pratique la critique de films, notamment dans la revue Sur (1931-1944). Il « écrit en vain des scénarios pour le cinéma », dont deux, cosignés par Adolfo Bioy Casares, sont publiés : Los orilleros et El paraíso de los creyentes (1955). Touché par l'épique du western et du film noir, le cinéma constitue pour lui une véritable école du récit. Son goût de la stylisation, le choix de moments significatifs, l'ellipse, l'énumération, la discontinuité narrative peuvent être rapprochés du montage cinématographique. L'œuvre de Borges a inspiré directement des cinéastes aussi divers que Torre Nilsson, René Mugica, Hugo Santiago (scénario original), Bertolucci. À la mode en Argentine après sa consécration européenne, son magnifique répertoire d'histoires commence à être platement porté à l'écran par ses compatriotes Ricardo Luna (Los orilleros, 1975), Héctor Olivera (El muerto, 1975) et Carlos Hugo Christensen (A Intrusa, 1979, au Brésil). La télévision s'en est également servi, notamment avec El sur (C. Saura, 1991) et Emma Zunz (B. Jacquot, id.).

BORGMANN (Hans Otto)

musicien allemand (Hanovre 1901 - Berlin 1977).

Après des études classiques à Berlin, il est de 1928 à 1945 compositeur et directeur musical à la UFA. Ayant commencé par des comédies musicales, il a travaillé sur plus de cent films. Il est l'auteur, en particulier, de la musique des films les plus célèbres de l'époque nazie : le Jeune Hitlérien Quex (H. Steinhoff, 1933), Ein Mann will nach Deutschland (P. Wegener, 1934), l'Or (K. Hartl, id.), le Grand Roi (V. Harlan, 1942), et la Ville dorée (id., id.)... Avec Herbert Windt, Norbert Schultze et Wolfgang Zeller, il est un des grands responsables du style musical de l'époque. Il a continué à composer après la guerre, en particulier pour des films de Veit Harlan.

BORGNINE (Ernest)

acteur américain (Hamden, Conn., 1917).

Il débute sur scène dans Harvey (1948) et à l'écran dans China Corsair (R. Nazarro, 1951), The Whistle at Eaton Falls (R. Siodmak, id.). Longtemps cantonné dans des rôles de brute sadique, Tant qu'il y aura des hommes (F. Zinnemann, 1953), Vera Cruz (R. Aldrich, 1954), Un homme est passé (J. Sturges, 1955), il incarne dans Marty (Delbert Mann, 1955) un boucher new-yorkais amoureux d'une timide institutrice. Cette composition inattendue lui vaut un Oscar à Hollywood et un prix d'interprétation au festival de Cannes. Il retrouve un emploi voisin dans The Catered Affair (R. Brooks, 1956), inspiré, comme Marty, d'une pièce de Paddy Chayefsky. Las des rôles plus stéréotypés auxquels le voue son physique marqué, il se tourne vers la télévision et remporte un Emmy pour le feuilleton McHale's Navy. Il doit à Robert Aldrich son retour au cinéma et ses meilleures créations récentes : le Vol du phénix (1966), les Douze Salopards (1967), le Démon des femmes (1968), l'Empereur du Nord (1973) et la Cité des dangers (1975). Parmi ses autres interprétations, citons celles de Johnny Guitare (N. Ray, 1954), l'Homme de nulle part (D. Daves, 1956), les Vikings (R. Fleischer, 1958), la Horde sauvage (S. Peckinpah, 1969), Willard (Daniel Mann, 1971), la Loi et la Pagaille (I. Passer, 1974), le Convoi (Peckinpah, 1978).