Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MILLER (Arthur C.)

chef opérateur américain (Roslyn, N. Y., 1895 - Los Angeles, Ca., 1970).

Probablement un des plus grands opérateurs américains, bien qu'il ne soit pas le plus célèbre. Actif dès 1918, il se signale par son goût des atmosphères romantiques et le fini de son travail (Forever, G. Fitzmaurice, avec qui il collaborera beaucoup, 1921). Il est l'un des créateurs du style 20th Century Fox des années 40, avec des images bien définies, aux contrastes vifs et aux décors nettement rendus. Il y travaille de 1935 à 1950, que ce soit dans le film noir (Johnny Apollo, H. Hathaway, 1940 ; le Mystérieux docteur Korvo, O. Preminger, 1950), dans l'imagerie sulpicienne (le Chant de Bernadette, H. King, 1943), ou historique (Anna et le roi de Siam, J. Cromwell, 1946), le réalisme (la Route du tabac, J. Ford, 1941 ; Qu'elle était verte ma vallée, id., id.), qu'il transcrit aussi dans le cadre alors idéalisé du western (l'Étrange Incident, W. Wellman, 1943 ; la Cible humaine, H. King, 1950 après lequel il s'est retiré). Mais sans doute n'a-t-il jamais rien fait de plus inspiré que les clairs-obscurs vaporeux et romanesques et les éclats baroques de la Mousson (C. Brown, 1939).

MILLER (Claude)

cinéaste français (Paris 1942).

Il a suivi les filières cinématographiques classiques (assistant, directeur de production), mais il a eu la chance d'être à bonne école (celle de Godard et de Truffaut en particulier). Avec beaucoup d'obstination, il a réussi à réaliser un premier long métrage, la Meilleure Façon de marcher (1976), plein de promesses et de sensibilité, où Patrick Dewaere trouvait l'un de ses meilleurs rôles. Dites-lui que je l'aime (1977), sans doute plus ambitieux, est un film déconcertant (avec Gérard Depardieu) qui ne rencontre pas l'accueil public qu'il méritait. Miller ne réussit pas à monter un de ses projets les plus chers, Java. On est alors un peu déçu de lui voir accepter un film de commande, dialogué par Michel Audiard ; mais il fait de Garde à vue (1981) un superbe exercice de style et duel d'acteurs (Michel Serrault et Lino Ventura) très maîtrisé qui (une fois n'est pas coutume) emporte les suffrages de la critique et du public. Il signe ensuite un très original policier Mortelle Randonnée (1983) avec Isabelle Adjani puis l'Effrontée (1985), la Petite Voleuse (1988) avec Charlotte Gainsbourg. Son goût pour les études psychologiques parfois déroutantes s'exprima encore dans l'Accompagnatrice (1992) et le Sourire (1994). En 1998, il obtient le prix spécial du jury à Cannes pour la Classe de neige, puis il sort en 2001 la Chambre des magiciennes, réalisée selon de nouvelles techniques vidéo.

MILLER (David)

cinéaste américain (Paterson, N. J., 1909 - Los Angeles, Ca., 1992).

Chef monteur à la Columbia (1930), puis réalisateur de courts métrages, il débute vraiment en 1941 avec le Réfractaire, une version assez réussie de Billy the Kid. La plupart de ses films manquent toutefois de personnalité bien affirmée : la Pêche au trésor (Love Happy, 1950), dernier film des Marx Brothers (avec Vera Ellen et une célèbre apparition de Marilyn Monroe), ne lui doit rien ; le Masque arraché (Sudden Fear, 1952) est un « récital » bien mené de Joan Crawford ; Sexe faible (The Opposite Sex, 1956) est le remake du Women de Cukor (1939) ; le Scandale Costello (The Story of Esther Costello, 1957) est encore le remake d'un inusable mélodrame ; Piège à minuit (Midnight Lace, 1960), un suspense sans véritable énigme, sauvé par la photo de Russell Metty. On portera néanmoins au crédit de Miller un film pseudo-historique savoureux avec Lana Turner : Diane de Poitiers (Diane, 1956), et la réalisation d'une curiosité, une œuvre qui porte la marque de son producteur-interprète, Kirk Douglas, sur un bon scénario de Dalton Trumbo : Seuls sont les indomptés (Lonely Are the Brave, 1962). Cette œuvre de collaboration, très attachante, n'a pas eu de lendemain, et l'activité de Miller s'est réduite ensuite à quelques besognes anonymes (Executive Action, 1973).

MILLER (Dr. George)

cinéaste australien (Brisbane 1945).

Quand le phénomène du cinéma australien a pris une dimension internationale, George Miller a paru en être l'un des principaux atouts commerciaux, avec les trois épisodes de la saga de Mad Max : Mad Max (id., 1980), Mad Max 2 (Mad Max 2 : The Road Warrior, 1981) et Mad Max 3, sous le dôme du tonnerre (Mad Max Beyond Thunderdome, 1985). Ces films d'action qui progressent de la brutalité crue à la conscience, du patchwork esthétique au raffinement, sont d'ores et déjà des classiques populaires. Plus curieux et plus ambitieux sont les deux films que Miller a réalisés aux États-Unis. Tout d'abord la comédie sulfureuse et très drôle les Sorcières d'Eastwick (The Witches of Eastwick, 1987), où, dans une invention visuelle parfois fiévreuse, les ravissantes Susan Sarandon, Cher et Michelle Pfeiffer donnaient bien du fil à retordre à un Satan suffisant et bouffi, joué par Jack Nicholson. Film inclassable et dépaysant, il révélait, bien mieux que les Mad Max, le talent parfois visionnaire de cet ancien médecin bientôt rattrapé par son amour du cinéma. Boudé, Lorenzo (Lorenzo's Oil, 1992) est tout aussi inclassable : sur un sujet véridique digne d'un téléfilm (des parents qui se démènent pour trouver un remède à la maladie réputée incurable de leur enfant), Miller applique sa vision tout à fait originale, lyrique, ample, qui fait penser parfois à Boorman dans sa manière de bousculer les conventions. George Miller n'est certainement pas un cinéaste ordinaire, et son obstination force l'attention. Il est également responsable du meilleur épisode de la Quatrième Dimension, le dernier (Twilight Zone - The Movie, 1983). Il a touché à la production (Calme Blanc, Philip Noyce, 1989). Il ne faut pas le confondre avec un autre réalisateur australien, George Miller, qui, lui, ne peut se prévaloir du titre de docteur.

MILLER (Patricia Ruth, dite Patsy Ruth)

actrice américaine (Saint Louis, Mo., 1905 - Palm Desert, Ca., 1995).

Dans le Camille de Ray C. Smallwood en 1921, elle apparaît aux côtés de Rudolph Valentino et d'Alla Nazimova, mais devient célèbre grâce à son rôle d'Esmeralda dans The Hunchback of Notre-Dame (Wallace Worsley, 1923). Parmi ses autres films, il faut citer le Cheikh (George Melford, 1921), Omar the Tentmaker (James Young, 1922), The Yankee Consul (James W. Horne, 1924), les Surprises de la T. S. F. (E. Lubitsch, 1926), What Every Girl Should Know (Charles F. Reisner, 1927). Elle disparaît de l' écran à l'avènement du parlant, écrit des textes pour la radio, publie de courtes nouvelles et un roman, The Flanagan Girl (1939). Elle fut un temps l'épouse du metteur en scène Tay Garnett.