Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
T

TESSIER (Valentine)

actrice française (Paris 1892 - Vallauris 1981).

Dès avant 1914, elle apparaît dans certains films de Camille de Morlhon. Après un long silence, on retrouve la grande actrice qui, au temps de Jouvet et de Giraudoux, joue la carte de la féminité triomphante dans une scène d'Un chapeau de paille d'Italie (R. Clair, 1928). En 1934, elle devient Madame Bovary (J. Renoir). Elle marque cette création, en reste elle-même marquée et ne retrouve plus de rôles de cette envergure malgré Club de femmes (Jacques Deval, 1936), Abus de confiance (H. Decoin, 1937), Justice est faite (A. Cayatte, 1950), French Cancan (Renoir, 1955), Églantine (J.-C. Brialy, 1972) et Grandeur nature (L. G. Berlanga, 1973).

TESTUD (Sylvie)

actrice française (Lyon, 1971).

Après une bonne interprétation dans le très peu connu la Chanson de Marie, de Niko Brücher (1994), elle tourne, toujours en Allemagne avec un film remarqué sur le monde des sourds-muets, Jenseits der Stille (1996), sous la direction de Caroline Link, qu'elle retrouvera en 1999 avec Pünktchen und Anton. Après les Raisons du cœur, de Markus Imhoof, elle est découverte par le public français grâce à Karnaval de Thomas Vincent (1999). D'autres rôles importants s'enchaînent alors : la Captive (Chantal Akermann, 2000), la Chambre obscure (Marie-Christine Questerbert, 2000) et surtout les Blessures assassines de Jean-Pierre Denis (2000) où elle joue le rôle d'une des sœurs Papin.

TÊTE.

Dispositif, situé entre le pied et la caméra, qui permet de faire varier l'orientation de celle-ci. ( MOUVEMENTS D'APPAREIL.)

TÊTE DE FEMME.

Négatif, portant l'image d'une tête de femme, couramment utilisé par les laboratoires pour contrôler les réglages du développement et du tirage. ( ÉTALONNAGE.)

TETZLAFF (Theodore, dit Ted)

chef opérateur et cinéaste américain (Los Angeles, Ca., 1903).

Entré dans la profession cinématographique au début des années 20, il devient directeur de la photographie en 1926, collaborant principalement avec Frank Capra. Sa lumière satinée et douce fait de lui un technicien recherché des stars, principalement par Carole Lombard : My Man Godfrey (G. La Cava, 1936). Il passe à la réalisation en 1941, s'affirmant comme un cinéaste peu ambitieux, mais tout à fait compétent. Ses meilleurs films sont deux policiers : l'Homme de main (1949), qui démarque les Chasses du comte Zaroff (E. B. Schoedsack et I. Pichel, 1932), et, surtout, Une incroyable histoire (1949), savante et prenante adaptation de William Irish, qui est aussi un des meilleurs films noirs américains des années 40. Mais on se souviendra de lui surtout pour sa splendide photo des Enchaînés (A. Hitchcock, 1946). Son dernier film est un western avec Dennis Hopper, Californie, terre nouvelle (1959).

Films (réalisateur)  :

World Premiere (1941) ; Riff-Raff (1947) ; Fighting Father Dunne (1948) ; l'Homme de main (Johnny Allegro, 1949) ; Une incroyable histoire (The Window, id.) ; Dangerous Profession (id.) ; la Tour blanche (The White Tower, 1950) ; Under the Gun (1951) ; Gambling House (id.) ; The Treasure of Lost Canyon (1952) ; Cinq Heures de terreur (Terror on a Train/Time Bomb, GB, 1953) ; le Fils de Sinbad (Son of Sinbad, 1955) ; Seven Wonders of the World (CO L. Thomas, T. Garnett, P. Mantz, A. Martin, 1956) ; Californie, terre nouvelle (The Young Land, 1959).

TEWKSBURY (Peter)

cinéaste américain (1924).

Après un long séjour à la télévision, il réalise, avec un certain succès, Dimanche à New York (Sunday in New York, 1964), que d'excellents acteurs font paraître acide. Mais quand Tewksbury est absorbé par Elvis Presley (Stay Away, Joe, 1968 ; The Trouble With Girls, 1969), il devient évident qu'il n'y a pas grand-chose à attendre de lui. Il revient donc à la télévision.

T. G. P.

Abrév. de très gros plan.

THAÏLANDE.

Anciennement nommé Siam, ce très ancien royaume de l'Asie du Sud-Est, qui n'a jamais été colonisé, a développé à partir de ses origines chinoises et de l'influence bouddhique indienne une culture originale et raffinée. La langue nationale, le siamois (dont l'écriture, dérivée de l'alphabet devanagari venu de l'Inde méridionale, est peu à peu latinisée), quelles que soient ses relatives affinités avec le laotien ou le khmer, ses emprunts au cantonais, est l'obstacle majeur au développement du cinéma : la Thaïlande n'exporte pratiquement pas, et la recherche de coproductions avec Hongkong, le Japon ou la Corée n'est guère favorable à la recherche d'une spécificité nationale. Féru de théâtre (dramatique ou musical, de jeux d'ombres également), le public thaï ne voit pratiquement sur les écrans des quelque 1 200 salles du royaume que les produits des États-Unis, de ses voisins asiatiques, dont l'importation n'est soumise à aucun quota (1983), et ses propres films à vocation purement commerciale. C'est un Américain, Henry McRay, qui tourne la première bande professionnelle, en 1921 semble-t-il ; ses interprètes bénévoles, membres de la famille Wasunati, après avoir joué leur rôle dans ce mime filmé d'une œuvre due au roi régnant Rama VI, Suwan, fondent en 1927 la première compagnie de production, la Sri Kung, et gagnent de l'argent. Mais rien ne retient l'attention des historiens ( BIBLIO) jusqu'à la fin des années 60 — la guerre et l'occupation japonaise ont annihilé une production assez considérable en quantité (souvent en 16 mm Kodachrome) sinon en intérêt. Avec la vogue du film à intermèdes musicaux due à Dodkyn Kanyamarn, le 35 mm est alors couramment adopté, ainsi que l'usage fréquent du procédé Ramascope indien et de la couleur (généralement médiocre). En 1964 est créée une Association des producteurs de films. Pendant les années 70, grâce à une baisse de la taxe sur la pellicule (importée en totalité) et à la double passion du public pour les films musicaux — une sorte d'anthologie des « chants d'amour des provinces » (1970) eut un succès immense — et les films de violence, la production augmente. On peut en retenir Thon, de Piak Poster (1970), pour son essai d'écriture filmique originale. De tout temps, la cour siamoise avait été au cœur de la vie et de la création culturelles. En 1978, le prince Chatri Chalerm (qui a acquis sa formation technique aux États-Unis) adapte très librement et non sans talent le Voleur de bicyclette dans Thongpoon Kokpo. Les princes ont adopté le septième art : cinéastes (Phanupan Yugala coréalise avec Piak Poster, en 1981, Ngaw pha) ou producteurs, comme Atsvwin. En 1981, il faut citer ‘ le Peuple des montagnes ’ (Khon phuu kaow), de Vichit Kounavudhi, et ‘ le Bambou rouge ’ (Pai deng), dirigé et photographié par Permpol Chuaron, dont l'action abandonne Bangkok pour le pays des villages de montagne et de la frontière birmane, où sévissent les trafiquants chinois d'opium. Parmi les cinéastes dont on peut penser qu'ils apporteront à l'industrie du film en Thaïlande la part créatrice qui lui fait défaut, on doit citer encore Surasri Phatham, Saka Charuchinda, Chana Khaprayun, et le jeune poète et ethnologue Manop Udomej (‘ En marge de la société ’ [Prachachorn nork], 1981). On ne saurait non plus passer sous silence l'importance du box-office tant les acteurs devenus des stars sont, comme en Inde et en Égypte, des « valeurs » en termes de marché, tels Sombat Metanee ou le jeune premier Krung Srivalai, Sorapong Chatri, etc.À titre de curiosité, le film au meilleur rapport financier (650  000 US $) reste à ce jour ‘ la Cicatrice ’ (Plae gaew, 1979), de Cherd Songsri, avec Sorapong Chatri.