Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MIFUNE (Toshiro)

acteur japonais (Tsing-tao, Chine, 1920 - Tokyo 1997).

Ses parents étant installés en Chine, il fait ses études au Manchukuo, puis exerce divers métiers, dont celui de photographe à Shanghai, et passe cinq ans dans l'armée impériale. Rentré au Japon en 1946, il passe un examen d'acteur à la Toho, où il est immédiatement engagé comme « jeune premier », dans un film de Kajiro Yamamoto, l'Âge de la nouvelle folie (Shin baka jidai, 1946). Découvert par Akira Kurosawa, qui lui offre le rôle du gangster Matsunaga dans l'Ange ivre (1948), il s'impose en quelques films comme le comédien numéro un de la génération d'après-guerre, par son physique original et un style de jeu assez occidentalisé. Il devient son acteur fétiche, que ce soit dans des films contemporains (le Duel silencieux, 1949, Chien enragé, 1949, l'Idiot, 1951) ou des films historiques, dont le plus célèbre demeure Rashomon (1950), où il donne un relief inhabituel au rôle du bandit Tajonaru. Par la suite, hormis Vivre (1952, interprété par Takashi Shimura), il est l'interprète idéal de presque tous les films de Kurosawa jusqu'à Barberousse (1965), qui marque, semble-t-il, une rupture définitive entre l'acteur et le cinéaste. Ses rôles les plus marquants demeurent ceux du rônin Kikuchiyo dans les Sept Samouraïs (1954), du vieillard dans Chronique d'un être vivant (1955), du seigneur Washizu dans le Château de l'araignée (1957), du voleur des Bas-Fonds (id.), du général de la Forteresse cachée (1958), du personnage de Sanjuro Kuwabatake dans Yojimbo (1961) et Sanjuro (1962), du roi de la chaussure Gondo dans Entre le ciel et l'enfer (1963) et du docteur Niide dans Barberousse (1965).

En dehors des films de Kurosawa, qui l'ont rendu célèbre dans le monde entier, Mifune a tourné d'innombrables films, principalement historiques, à la Toho, surtout avec le réalisateur Hiroshi Inagaki (Samourai, 1954, le Pousse-pousse, 1958), ainsi qu'avec Kobayashi (Rébellion, 1967). Fait exceptionnel, sa renommée internationale l'a amené à jouer dans plusieurs coproductions ou films étrangers : Animas Trujano (Ismail Rodríguez, au Mexique, 1961), Grand Prix (J. Frankenheimer, 1966), Duel dans le Pacifique (J. Boorman, 1968), Soleil rouge (T. Young, 1971), 1941 (S. Spielberg, 1980) ou Shogun (Jerry London, TV, id.). Il a réalisé l'Héritage des cinquante mille (Gojuman-nin no isan, 1963), après avoir fondé sa propre compagnie, Mifune Pro, en 1962. Il tourne également un grand nombre de films pour la télévision. Mifune est revenu une dernière fois au cinéma en tenant le rôle principal de la Mort du maître de thé (Sen no Rikyu, 1989) de Kei Kumai, puis en jouant dans Picture Bride (Kayo Hatta, 1994).

MIIKE (Takashi)

cinéaste japonais (Osaka 1960).

Après des études à l'Académie du film de Yokohama, il devient assistant de plusieurs réalisateurs, dont S. Imamura, Kazuo Kuroki et Hideo Onchi. Passé à la réalisation en 1991, il se spécialise dans les films d'action à petit budget, souvent tournés en OV (« Original Video »), comme Shinjuku Outlaw (1994). En 1995, il se fait remarquer par un film assez violent, tourné en partie à Taïwan, les Affranchis de Shinjuku (Shinjuku kuro-shakai), qui sera suivi de plusieurs films du même genre, comme Chien enragé (Rainy Dog/ Gokudo kuro-shakai, 1997), où il multiplie les effets de style, en plongeant avec délectation dans les bas-fonds du Tokyo actuel, sous influence d'un certain cinéma américain (Tarantino et Cie). Parmi ses derniers films : les Hommes-oiseaux de Chine (Chûgoku no chôjin, 1997), Blues Harp (1998), Dead or Alive (Hanzaisha, 1999), Audition (id. 1999), la Cité des âmes perdues (Hyoryu-gai, 2000), le Hasard (2001).

MIKHALKOV (Nikita) [Nikita Sergeevič Mihalkov]

acteur et cinéaste soviétique (Moscou 1945).

Acteur dès l'âge de seize ans, notamment dans Je m'balade dans Moscou (G. Danelia, 1963), il commence une carrière de jeune premier séduisant et désinvolte avec un succès public croissant (le Nid des gentilshommes, [A. Mikhalkov-Kontchalovski, 1969], Portrait de la femme de l'artiste). Parallèlement, il suit les cours de la section réalisation du VGIK (classe de Mikháil Romm) et en sort diplômé en 1972 avec un excellent moyen métrage, Un jour tranquille à la fin de la guerre (Spokojnyj den'v konce vojny). Ses débuts dans le long métrage sont ceux d'un brillant cinéphile et d'un habile technicien : Ami chez les ennemis, ennemi chez les siens (Svoj sredi čužih, čužoj sredi svojh, 1974) est une sorte de western à la Sergio Leone sur le thème de la guerre civile, laquelle sert également de décor à l'Esclave de l'amour (Raba ljubvi, 1975), évocation gentiment ironique de l'époque du muet à travers l'aventure d'une vedette de cinéma prise dans la tourmente révolutionnaire.

Mikhalkov se tourne vers une inspiration plus sérieuse avec Partition inachevée pour piano mécanique (Neokončennaja p'esa dlja mehaničeskogo pianino, 1976), adaptation de Ce fou de Platonov de Tchekhov, où il se réserve un rôle flatteur (comme dans ses précédents films) et fait montre de son brio habituel dans la réalisation. Cette nouvelle réussite lui confère une stature internationale, brillamment confirmée par Cinq Soirées (Pjat'večerov, 1978), d'après la pièce à succès d'Alexandre Volodine, étude intimiste de caractères et d'atmosphère qui doit beaucoup à l'excellent acteur Stanislas Lioubchine dans le rôle d'un solitaire retrouvant, quinze ans après, la femme qu'il a naguère aimée. Le cinéaste continue à exploiter la veine littéraire avec Quelques jours de la vie d'Oblomov (Neskol'ko dnej iz žizni I. I. Oblomova, 1979), savoureuse transcription du roman de Gontcharov. Il réalise ensuite la Parentèle (Rodnija, 1981) et surtout Sans témoin (Bez Svidetelej, 1983) qui rejoint la veine intimiste de Cinq Soirées en étudiant l'affrontement en huis clos de deux personnages. En 1987, il réalise en Italie les Yeux noirs (Oci ciornie), d'après trois nouvelles de Tchekhov puis tourne en Chine et en Mongolie Urga (1991) avant de brosser le portrait de sa fille dans Anna (1992-94) et de retrouver une veine particulièrement nostalgique et originale dans Soleil trompeur (Utomlennye solncem, 1994). En 1998, il réalise le Barbier de Sibérie (Sibirskij cirjul'nik). ▲