Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MULLIGAN (Robert) (suite)

Films  :

Prisonnier de la peur (Fear Strikes Out, 1957) ; les Pièges de Broadway (The Rat Race, 1960) ; le Roi des imposteurs (The Great Impostor, 1961) ; le Rendez-vous de septembre (Come September, id.) ; l'Homme de Bornéo (The Spiral Road, id.) ; Du silence et des ombres (To Kill a Mockingbird, 1962) ; Une certaine rencontre (Love With the Proper Stranger, 1963) ; le Sillage de la violence (Baby, the Rain Must Fall, 1965) ; Daisy Clover (Inside Daisy Clover, 1966) ; Escalier interdit (Up the Down Staircase, 1967) ; l'Homme sauvage (The Stalking Moon, 1969) ; The Pursuit of Happiness, 1971) ; Un été 42 (Summer of 42, id.) ; l'Autre (The Other, 1972) ; The Nickel Ride, 1974 ; les Chaînes du sang (Bloodbrothers, 1978) ; Même heure l'année prochaine (Same Time, Next Year, id.) ; Kiss Me Goodbye (1982) ; Clara's Heart (1988) ; Un été en Louisiane (The Man in the Moon, 1991).

MULTICANAL.

D'une manière générale, on entend par « multiple », un système d'enregistrement, de stockage ou de diffusion sonore qui comporte plusieurs canaux ayant une relation temporelle entre eux. La stéréophonie, système ne comportant que deux canaux, est devenue un cas particulier du multicanal. Dans la stéréophonie de phase (très peu utilisée au cinéma), la relation temporelle entre les deux canaux doit être très précise.

Au cinéma, le multicanal est réellement apparu dans les années 50 avec le 70 mm à six pistes magnétiques, permettant la diffusion sur cinq voies d'écran (enceintes implantées derrière l'écran) et une voie d'ambiance (enceintes disposées sur les parois latérales, en fond de salle et parfois, dans les années 50-60, au plafond). Les différents systèmes qui ont suivi, y compris ceux qui sont employés aujourd'hui, reprennent cette base de configuration avec au minimum trois voies d'écran, une ambiance stéréophonique (2 canaux) et un canal de renfort des fréquences basses. Depuis l'apparition du numérique, on désigne ces systèmes par leur nombre de canaux, dans le cas précédent par 5.1, soit cinq canaux à large bande passante et un canal à bande passante réduite pour le canal de renfort des fréquences basses. Cette même terminologie a été conservée pour la diffusion domestique des programmes vidéo ou des enregistrements sur DVD.

Les différents fabricants proposent, en numérique, des variantes du système 5.1 : une voie d'ambiance arrière (procédés Dolby EX ou DTS EX) en plus de l'ambiance stéréophonique, ou cinq voies d'écran (procédé SDDS) et une ambiance stéréophonique.

MULTICOUCHE.

Traitement multicouche, opération consistant à déposer sur une lentille plusieurs couches antireflets superposées.

MULTI-IMAGE.

Truquage de laboratoire permettant de juxtaposer plusieurs images sur le film. ( EFFETS SPÉCIAUX.)

MUNI (Muni Weisenfreund, dit Paul)

acteur américain d'origine autrichienne (Lemberg, Autriche-Hongrie [devenu Lwów, Pologne, puis Lvov, URSS, auj. Ukraine], 1895 - Santa Barbara, Ca., 1967).

Enfant de la balle né dans une famille de comédiens ambulants, il vient avec ses parents aux États-Unis et débute en 1918 au Théâtre yiddish de New York. Ce n'est qu'en 1926 qu'il joue pour la première fois en anglais, avec un réel succès. Appelé à Hollywood en 1929, on le voit dans : The Valiant (William K. Howard) puis dans : Seven Faces (Berthold Viertel, id., où il joue sept rôles différents). Après un retour au théâtre, c'est à Scarface (H. Hawks, 1932) qu'il doit sa plus belle interprétation, celle qui le fait accéder à la notoriété. Sa création frénétique du gangster balafré, brute épaisse à la cruauté enfantine, reste une des grandes créations du cinéma de l'époque. La même année dans Je suis un évadé de Mervyn LeRoy, il ajoute à son talent une importante et convaincante dimension pathétique avec une interprétation aussi importante que la précédente. La Warner Bros le prend sous contrat et fait de lui sa vedette de prestige.

Il accepte certains rôles modestes (On a tué [Hi, Nellie], M. LeRoy, 1934 ; Ville frontière, A. Mayo, 1935), pour pouvoir être Louis Pasteur (The Story of Louis Pasteur, W. Dieterle, 1936, qui lui vaut un Oscar), Émile Zola (la Vie d'Émile Zola, id., 1937) ou Benito Juárez (Juárez, id., 1939). Paradoxalement, les premiers rôles sont plus convaincants que les seconds, où Paul Muni théâtralise sous les maquillages, les postiches et les prothèses en tout genre. Confronté à des rôles modestes d'homme simple en proie à l'adversité, selon une mystique juive à laquelle presque tous ses rôles se réfèrent, Paul Muni était en revanche sobre et émouvant (Furie noire, M. Curtiz, 1935 ; Nous ne sommes pas seuls, E. Goulding, 1939). Même lorsqu'il interprète un Chinois très vraisemblable dans Visages d'Orient (S. Franklin, 1937), c'est encore l'expression profonde de son éducation et de sa culture qu'il fait vivre : c'est ainsi qu'il faut comprendre l'odyssée de ce paysan qui traverse des épreuves comparables à celles que le Dieu de l'Ancien Testament infligea à Job, et qui affronte les tentations avec l'engagement d'un personnage de la Bible.

Vers le début des années 40, après un succès dans Le commando frappe à l'aube (J. Farrow, 1943), il revient vers le théâtre et ne tourne plus que sporadiquement. Il faut, hélas, constater que ses derniers rôles sont à peine supportables tant l'acteur, persuadé de sa grandeur, sautille, grimace et cabotine. Les cinéastes qui le dirigent alors déplorent son caractère intransigeant et imbu de lui-même. Sa création la plus paroxystique est celle du professeur de musique de Frédéric Chopin dans la Chanson du souvenir (Ch. Vidor, 1945). Il reste actif à la TV et surtout sur scène, où sa nature était plus à l'aise. Il sera fidèle jusqu'à sa mort à sa réputation d'acteur méticuleux et difficile. Après l'intéressant Un homme à détruire (1952), que Joseph Losey signe sous pseudonyme (Andrea Forzano), son dernier film fut The Last Angry Man (Daniel Mann, 1959), où il était à nouveau, bien qu'au prix d'un effort visible, sobre et acceptable. On découvrit à sa mort qu'il était pratiquement sourd depuis quelques années : il avait fait en sorte de le cacher, afin de continuer à jouer.