Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CAPELLANI (Paul)

acteur français (Paris 1877 - Cagnes-sur-Mer 1960).

De 1908 à 1914, sous la direction de son frère Albert, il est la vedette masculine des adaptations entreprises par la SCAGL. Ses traits énergiques, sa stature lui assurent le succès dans des concentrés de Sardou ou de Hugo : Patrie (A. Capellani, 1913) ou Quatrevingt-Treize (id. ; 1914 ; 1920). Il suit son frère aux États-Unis, y interprète la Dame aux camélias (Camille, 1915) et Mimi (1916). À son retour, L'Herbier l'utilise encore dans le Carnaval des vérités (1920) ; mais, à partir de 1931, le cinéma l'oublie définitivement.

CAPELLARO (Vittorio)

cinéaste et acteur brésilien d'origine italienne (Mongrande, Piémont, 1877 - Rio de Janeiro 1943).

Ses œuvres, à l'instar du Film d'Art français, trahissent une expérience théâtrale (avec Eleonora Duse) et reflètent un nationalisme cultivé et romantique pour sa patrie d'adoption : Inocência (1915) d'après Taunay, O Guarany (1916) d'après José de Alencar, coréalisés avec Antônio Campos. O Cruzeiro do Sul (1917) d'après Aluízio de Azevedo, Iracema (1918) d'après Alencar et O Garimpeiro (1920) d'après Bernardo Guimarães marquent sa collaboration avec Paolo Benedetti. Outre ces films, dont il est aussi l'interprète, citons la deuxième version de O Guarany (1926), O Caçador de Diamantes (1932) sur les explorateurs coloniaux, et Fazendo Fita (1935), où des cinéastes finissent en asile psychiatrique. Vittorio Capellaro est mort des suites de violences policières sous la dictature de Vargas.

CAPOTE (Truman Strekfus Persons, dit Truman)

écrivain et scénariste américain (La Nouvelle-Orléans, La., 1924 - Los Angeles, Ca., 1984).

Il n'a pas collaboré aux adaptations cinématographiques de Diamants sur canapé (B. Edwards, 1961) et De sang-froid (R. Brooks, 1967), mais on lui doit les dialogues de Stazione Termini (V. De Sica, 1953) et les scénarios (en collaboration) de Plus fort que le diable (J. Huston, 1954), les Innocents (J. Clayton, 1961), Trilogy (F. Perry, 1969) et la Corruption, l'ordre et la violence (T. Gries, 1972). Il parodie son propre personnage dans le rôle qu'il joue dans Un cadavre au dessert (Murder by Death, Robert Moore, 1976).

CAPOVILLA (Maurice)

cinéaste brésilien (Valinhos, São Paulo, 1936).

Il doit sa formation de critique à l'Institut de cinématographie de l'université du Litoral (Santa Fe), dirigé par Fernando Birri, d'où est issu le documentaire social argentin. De retour à São Paulo, il réalise des courts métrages : Meninos do Tietê (1963), sur les enfants des bidonvilles ; Esportes no Brasil (1965) ; Subterrâneos do Futebol (1966). Mais il tourne aussi de longs métrages de fiction, Bebel Garota Propaganda (1967), un assez original et « tropicaliste » O Profeta da Fome (1970), et Noites de Yemanja (1971). Capovilla s'est imposé avec O Jogo da Vida (1977), description réaliste des marginaux d'après un récit de João Antônio (Malagueta, Perus e Bacanaço). Il mène une activité parallèle à la télévision.

CAPRA (Frank)

réalisateur américain (Bisaquino, Italie, 1897 - Los Angeles, Ca., 1991).

Fils de paysans, il a six ans quand sa famille émigre aux États-Unis. Il paie ses études au California Institute of Technology en exerçant divers petits métiers. Après la guerre, il vit d'expédients dans l'Ouest, jusqu'au jour où, rencontrant l'acteur shakespearien Walter Montague, il se fait passer pour un technicien de Hollywood et tourne son premier court métrage, The Ballad of Fultah Fisher's Boarding House, d'après un poème de Kipling. Après un stage en laboratoire, il trouve un emploi de scénariste pour la série Our Gang aux studios Hal Roach, puis de gagman aux studios Mack Sennett, où il collabore aux premiers courts métrages d'Harry Langdon, contribuant à façonner le personnage de « l'homme enfant dont le seul allié était Dieu ». Il signe le scénario de Plein les bottes (qu'il réalise en partie), mais c'est dans l'Athlète incomplet et Sa dernière culotte qu'il fait donner à Langdon toute la mesure de son génie comique. L'adolescent attardé qui balance entre le rêve et la réalité, le naïf venu de la campagne pour triompher des roués citadins, l'innocent confronté à un monde hostile qu'il ne soupçonnait même pas : sur les thèmes chers à Langdon, Capra rode quelques-uns des ressorts dramatiques qui lui assureront la notoriété dix ans plus tard.

L'échec de Pour l'amour de Mike, le premier film de Claudette Colbert, le conduit en 1927 à la Columbia, où il sera sous contrat pendant douze ans, hissant le modeste studio de Gower Street au rang de Major Company, luttant pied à pied avec Harry Cohn pour imposer ses vues (en 1936, il sera le premier cinéaste maison à obtenir au générique son nom au-dessus du titre), gravissant avec une rare obstination les marches du succès (jusqu'à la consécration tant convoitée de trois Oscars du meilleur réalisateur : en 1934, 1936 et 1938), abordant tous les genres, du film policier (The Way of the Strong ; l'Affaire Donovan) ou d'aventures viriles (Flight ; l'Épave vivante) aux mélodrames spécifiquement féminins conçus pour Barbara Stanwyck (de The Miracle Woman à The Bitter Tea of General Yen), avec une prédilection toutefois pour l'americana, qui comble son souci constant de réalisme : « Je méprisais l'artifice du théâtre. J'avais été élevé à ma propre école du naturel. Mon plateau était le monde réel. »

Le triomphe de New York-Miami, marivaudage de classe archétypal de la comédie américaine, est le premier aboutissement d'une carrière qui a jusque-là puisé son inspiration dans les affres de la struggle for life. Capra n'a cessé, en effet, de mettre en scène les antagonismes sociaux dont il avait souffert dans sa jeunesse. Dans Loin du ghetto, un parvenu de la 5e Avenue renie, en même temps que ses origines, ses parents et ses amis du ghetto juif de l'East Side, tandis que le reporter désinvolte de la Blonde platine aliène son indépendance en frayant avec les nouveaux riches. La bibliothécaire d'Amour défendu s'éprend d'un avocat et politicien ambitieux dont elle ne pourra jamais être que la maîtresse back-street, et la party girl de Ladies of Leisure se suicide pour éviter au peintre aimé d'être déshérité par une famille collet monté. Si les bootleggers de Grande Dame d'un jour conspirent pour travestir en dame du monde une clocharde dont la fille revient d'Europe mariée à un aristocrate, l'aventurier de la Course de Broadway Bill renonce à l'héritière d'un empire industriel pour se consacrer aux courses de chevaux et vivre d'expédients au milieu des déclassés et des non-conformistes qui ont toujours eu la sympathie du cinéaste.