Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DOUBLAGE. (suite)

Le responsable du doublage (directeur artistique) cherche évidemment à recréer la couleur et le « réalisme » du son original, en jouant sur le choix et l'emplacement du micro ainsi que sur les corrections ou manipulations qu'il peut effectuer soit lors de l'enregistrement, soit lors du mixage. Les comédiens, de leur côté, doivent s'efforcer de reproduire, dans leurs déplacements par rapport au micro, les déplacements des personnages visibles sur l'écran, par exemple lorsque ceux-ci s'éloignent. Si l'on ne prend pas soin d'agir ainsi, ce qui arrive parfois dans certains doublages exécutés un peu rapidement (notamment pour des raisons économiques), les voix doublées tendent à conserver une couleur et une présence uniformes de voix de studio.

Le mixage

consistera à mélanger les voix doublées avec les effets et les musiques de la version internationale ( BANDE SON). Très souvent il est tout de même nécessaire de réenregistrer, en bruitage, quelques effets ( BRUITAGE) qui ne se sont pas reportés dans la V.I., notamment des effets se trouvant enregistrés sur les sons directs de la V.O. et qu'il n'est plus possible d'isoler par la suite. Souvent, les paroles des chansons font partie de la bande musique et ne sont pas doublées. Lorsqu'elles sont doublées, les doublages des chansons se déroulent dans des studios musique à partir de l'enregistrement du seul accompagnement musical, fourni au titre de la V.I. et des images à doubler.

Postsynchronisation.

Si la fonction du doublage est évidente, on peut s'interroger sur l'intérêt de postsynchroniser dans la langue originale du film. Parfois, la postsynchronisation est voulue par les réalisateurs (Welles, Tati, Bresson, etc.) pour des raisons esthétiques. Le plus souvent, elle correspond à une commodité (libérer le tournage des problèmes liés au son) ou à un rattrapage (quand certaines scènes que l'on a captées en « son direct » ne peuvent être utilisées telles quelles, parce que le son du tournage est défectueux ou inintelligible).

Généralement, les acteurs qui ont joué pour l'image se postsynchronisent eux-mêmes après coup. Il arrive que ce soient d'autres acteurs, quand il s'agit de films tournés avec des non-professionnels dont on utilise le physique mais auxquels on veut donner une diction professionnelle (néoréalisme italien), ou bien quand la distribution du film emploie des acteurs étrangers (acteurs français ou américains dans les films italiens). Le cinéma italien possède d'ailleurs une tradition largement prédominante de postsynchronisation, alors que le cinéma français, s'il recourt souvent à une postsynchronisation partielle pour des raisons pratiques, conserve une préférence de principe pour le son direct.

La technique de la postsynchronisation est identique à celle du doublage, à ceci près que la bande « rythmo » est établie à partir du « son témoin ».

La postsynchronisation peut être considérée comme le symétrique exact du play-back, utilisé principalement pour les films musicaux, et qui consiste à tourner l'image sur un son préalablement enregistré.

DOUBLE BANDE.

Forme sous laquelle se présente un film sonore lorsque l'image et le son sont portés par deux bandes distinctes. La bande peut également être enregistrée sur disque informatique, synchronisée avec le projecteur image par un code temporel. ( BANDE SONORE.)

DOUBLE EXPOSITION.

Truquage consistant à faire défiler deux fois le film dans la caméra ou dans la tireuse pour y inscrire deux images superposées. ( EFFETS SPÉCIAUX.)

DOUBLER.

Doubler un film, effectuer le doublage de ce film. Doubler un acteur, remplacer cet acteur pour des scènes dangereuses ou osées, ou bien remplacer sa voix. ( CASCADES, DOUBLAGE.)

DOUBLEUR.

Comédien spécialisé dans le doublage.

DOUBLE X.

Nom de marque d'une pellicule négative noir et blanc de prise de vues de la firme Kodak. (Apparue entre les deux guerres, la Double X était, pour l'époque, particulièrement rapide.)

DOUBLURE.

Personne offrant une ressemblance satisfaisante avec un acteur et qui remplace celui-ci pour diverses activités où la présence de l'acteur n'est pas indispensable : réglage de l'éclairage avant une prise de vues, prise de vues où le personnage n'est vu qu'en amorce ou en silhouette, etc.

DOUBSON (Mikhaïl) [Mihail Iosifovič Dubson]

cinéaste soviétique (Smolensk 1899 - Moscou 1962).

Après des études de droit à Moscou, il est nommé en 1925 attaché commercial à Berlin, travaille avec des firmes cinématographiques locales et s'y familiarise avec la mise en scène. Il débute lui-même comme réalisateur à Berlin avec ‘Deux Frères’ (Dva brata, 1929) et ‘Gaz asphyxiant’ (Jadovityj gaz, id.) : ce dernier film, influencé par l'expressionnisme, est un étonnant pamphlet antimilitariste en forme de parabole de science-fiction politique ; le nom d'Eisenstein, venu rendre visite sur le tournage au réalisateur et à l'actrice Vera Baranovskaia, est parfois cité à son propos. De retour en URSS, Doubson réalise ‘Frontière’ (Granica, 1935) qui lui vaut des éloges enthousiastes de Gorki et de Romain Rolland. Ses films suivants sont décevants : ‘les Grandes Ailes’ (Bol‘šie Kryl'ja, 1937), ‘Concert-Valse’ (Koncert-val's, 1941, CO Ilia Trauberg) et ‘la Tempête’ (Štorm, 1957).

DOUGLAS (Bill)

cinéaste britannique (Newcraighall, Écosse, 1934 - Barnstaple, Devon, 1991).

Fils illégitime d'un mineur, Bill Douglas exerce lui-même ce métier pendant toute son adolescence. De 1968 à 1970, il étudie à la London Film School ; il en sort diplômé après avoir réalisé Come Dancing, son court métrage de fin d'études.

De 1972 à 1976, Douglas entreprend la conception d'une trilogie autobiographique composée des films suivants : My Childhood (1972), My Ain Folk (1974) et My Way Home (1976). Pour tourner ce triptyque, l'auteur retourne à Newcraighall, son village natal. Il s'agit, comme les fameuses trilogies de Mark Donskoï et de Satyajit Ray en leur temps, d'une œuvre de prise de conscience et d'auto-éveil. Sans nostalgie aucune, par un cheminement quasi documentaire et le recours à une photo contrastée, le cinéaste nous restitue, de manière à la fois brute et précise, ce que sa mémoire a retenu d'une enfance difficile vécue dans la solitude et le manque d'affection. Il a réalisé des documentaires et, en 1986, Comrades sur les luttes ouvrières au milieu du XIXe siècle.