Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MONTAND (Ivo Livi, dit Yves) (suite)

Moins convaincantes seront ses incursions dans le genre burlesque : le Diable par la queue, la Folie des grandeurs. Troisième heureuse rencontre, celle de Claude Sautet, qui dans César et Rosalie hausse son personnage de ferrailleur au grand cœur aux dimensions de l'archétype : un rôle à la Raimu. Cette santé, cette naïveté se retrouvent en Vincent, petit industriel ruiné courant à l'infarctus (dans Vincent, François, Paul et les autres). Une dernière touche au portrait du Montand des années 70 sera apportée par Pierre Granier-Deferre, dans le Fils, ou Alain Corneau, dans Police Python 357, la Menace et le Choix des armes, trois « polars » de bonne cuvée, cependant que l'acteur prouve qu'il peut dès lors tout jouer, y compris la comédie (le Sauvage, Tout feu tout flamme), la comédie musicale « autobiographique » (Trois places pour le 26) , ou les drames paysans de Pagnol revus par Claude Berri (Jean de Florette et Manon des sources). Apparaît enfin en pleine lumière, sous un masque chaleureux et farceur, l'homme pétri de fécondes contradictions, hanté par ce que Miguel de Unamuno a appelé « le sentiment tragique de la vie ». Montand incarne, d'une certaine manière et depuis plus d'une décennie, un type populaire, un peu comme le fut Gabin, auquel les Français ne détestent pas s'identifier.

Parallèlement à cette carrière à l'écran, il n'a cessé d'améliorer son répertoire de chanteur, dont un portrait remarqué de ce « work in progress » a été brossé par Chris Marker, dans un film méconnu, la Solitude du chanteur de fond (1974). Yves Montand s'est aussi montré plusieurs fois à la scène (les Sorcières de Salem, d'Arthur Miller, et Des clowns par milliers, de Herb Gardner).

Films  :

Silence... antenne (René Lucot, CM, 1945) ; Étoile sans lumière (Marcel Blistène, 1946) ; les Portes de la nuit (M. Carné, id.) ; l'Idole (Alexandre Esway, 1948) ; Souvenirs perdus (Christian-Jaque, 1950) ; Paris chante toujours (Pierre Montazel, 1951) ; Paris est toujours Paris (L. Emmer, id.) ; le Salaire de la peur (H. -G. Clouzot, 1953) ; Quelques pas dans la vie (A. Blasetti, 1954) ; Napoléon (S. Guitry, 1955) ; Les héros sont fatigués (Y. Ciampi, id.) ; Marguerite de la nuit (C. Autant-Lara, 1956) ; Hommes et Loups (G. De Santis, 1957) ; les Sorcières de Salem (R. Rouleau, id.) ; Yves Montand chante (S. Youtkevitch, URSS, id.) ; Un dénommé Squarcio (G. Pontecorvo, id.) ; Premier Mai / le Père et l'Enfant (Luis Saslavsky, 1958) ; la Loi (J. Dassin, id.) ; le Milliardaire (G. Cukor, 1960) ; Sanctuaire (T. Richardson, id.) ; Aimez-vous Brahms ? (A. Litvak, 1961) ; Ma geisha (My Geisha, J. Cardiff, id.) ; Compartiment tueurs (Costa-Gavras, 1965) ; Paris brûle-t-il ? (R. Clément, 1966) ; La guerre est finie (A. Resnais, id.) ; Grand Prix (J. Frankenheimer, id.) ; Vivre pour vivre (C. Lelouch, 1967) ; Un soir, un train (A. Delvaux, 1968) ; Mr. Freedom (W. Klein, 1969) ; Z (Costa-Gavras, id.) ; le Diable par la queue (Ph. de Broca, id.) ; le Deuxième Procès d'Arthur London (Chris Marker, MM , id.) ; l'Aveu (Costa-Gavras, 1970) ; Melinda (V. Minnelli, id.) ; le Cercle rouge (J.-P. Melville, id.) ; la Folie des grandeurs (G. Oury, 1971) ; Tout va bien (J. -L. Godard et J. -P. Gorin, 1972) ; César et Rosalie (C. Sautet, id.) ; État de siège (Costa-Gavras, 1973) ; le Fils (P. Granier-Deferre, id.) ; les Deux Mémoires (J. Semprun, 1974) ; la Solitude du chanteur de fond (Chris Marker, id.) ; le Hasard et la Violence (Philippe Labro, id.) ; Vincent, François, Paul et les autres (Sautet, id.) ; T'es fou, Marcel (J. Rochefort, CM, id.) ; le Sauvage (J.-P. Rappeneau, 1975) ; Section spéciale (Costa-Gavras, caméo, id.) ; Police Python 357 (A. Corneau, 1976) ; le Grand Escogriffe (C. Pinoteau, id.) ; la Menace (Corneau, 1977) ; les Routes du Sud (J. Losey, 1978) ; Clair de femme (Costa-Gavras, 1979) ; I comme Icare (H. Verneuil, id.) ; le Choix des armes (Corneau, 1981) ; Tout feu tout flamme (Rappeneau, 1982) ; Garçon ! (Sautet, 1983) ; Jean de Florette et Manon des sources (C. Berri, 1986) ; Trois places pour le 26 (J. Demy, 1988) ; Netchaiev est de retour (J. Deray, 1990) I.P. 5, l'île aux pachydermes (J.-J. Beineix, 1992).

MONTEIRO (João Cesar)

cinéaste portugais (Figueira da Foz 1939).

Issu d'une famille de la bourgeoisie rurale fortement imprégnée des traditions anticléricales et antisalazariste de la Première République, il devient à Lisbonne l'assistant de Perdigão Queiroga en 1963. En 1965, il commence son premier film Qui court après les souliers d'un mort, meurt nu-pieds (Quem Espera por Sapatas de Defunto Morre Delcalço) qu'il n'achèvera qu'en 1970. Sa carrière sera désormais marquée par différents films empreints du sceau de sa personnalité quelque peu marginale et toujours surprenante : Sophia de Mello Breyner Andresen (MM, DOC 1969), la Sainte Famille (A Sagrada Familia, 1972), Que Farei Eu com Esta Espada ? (1975), Chemins de traverse (Veredas, 1977), Silvestre (id., 1981), A Flor do Mar (1986), Souvenirs de la maison jaune (Recordacões da casa Amarela, 1989) ; la Comédie de Dieu (A Comédia de Deus, 1995). Les récompenses obtenues au Festival de Venise pour ces deux derniers films ont permis à ce réalisateur qui eut toujours plusieurs cordes à son arc (il fut animateur de ciné-clubs, critique, poète et écrivain et s'imposa comme un acteur d'une étrange originalité dans plusieurs films, tous les siens mais également d'autres signés Alberto Seixas Santos, Manuel de Oliveira, João Mario Grilo, Robert Kramer et Margarida Gil) d'élargir sa renommée à la fois dans son propre pays et sur le plan international. Il tourne en 1997 le Bassin de J. W. (A Bacia de John Wayne) puis les Noces de Dieu (As Bodas de Deus, 1998) et Blanche-Neige (Branca de Neve, 2000).

MONTENEGRO (Arlette Pinheiro Esteves da Silva, dite Fernanda)

actrice brésilienne (Rio de Janeiro 1929).

Née dans un modeste foyer d'origine portugaise et italienne, elle devient une star du théâtre brésilien, reconnue partout grâce à la télévision. Le dramaturge Nelson Rodrigues la propose pour l'adaptation de A falecida (L. Hirszman, 1965), son formidable début sur le grand écran. Cependant, elle doit attendre Tudo bem (A. Jabor, 1978) pour avoir un deuxième rôle à sa mesure, bientôt suivi par l'émouvante composition de Ils ne portent pas de smoking (L. Hirszman, 1981). De la farce à la tragédie, elle peut tout faire, mais le cinéma ne lui offre pas souvent l'occasion de le montrer. Un personnage spécialement conçu pour elle lui apporte la consécration internationale avec Central do Brasil (W. Salles, 1997), doublement couronné à Berlin, avec l'Ours d'or et l'Ours d'argent pour Fernanda Montenegro. Elle a produit des spectacles avec son mari, l'acteur Fernando Torres ; leur fille Fernanda Torres (Rio de Janeiro, 1966), elle-même actrice, a donné de multiples preuves de son talent, depuis son début dans Inocência (W. Lima Jr., 1983) jusqu'à Minuit (W. Salles, 1998), en passant par Eu sei que vou te amar (A. Jabor, 1985, prix d'interprétation à Cannes) et Terre lointaine (W. Salles-Daniela Thomas, 1995).