Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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CHOUIKH (Mohamed)

acteur algérien (Mostaganem [auj. Mestghanem], 1943).

Il rejoint à l'Indépendance une troupe de théâtre à Alger qui va devenir le Théâtre national algérien, où il va acquérir sa première formation d'acteur. Il fonde plus tard sa propre troupe dans sa ville natale. En 1965, il joue dans l'Aube des damnés, de René Vautier et Ahmed Rachedi. En 1966, Mohamed Lakhdar Ham¯ına lui confie le rôle du jeune moudjahid dans le Vent des Aurès. Il est le héros des Hors-la-loi de Tewfiq Farès (1969), et le partenaire tragique de Marie-José Nat dans Élise ou la vraie vie (Michel Drach, 1970). Comédien sobre et sensible (les Nomades, S. A. Maz¯ıf, 1975), il développe en parallèle à sa carrière d'acteur un travail de réalisation et fait preuve de réelles qualités de cinéaste dans l'Embouchure (1972), les Paumés (1974), Rupture (1983), longs métrages produits par la télévision (RTA), ainsi que dans la Citadelle (El Kalaa, 1988), Youcef (1993) et l'Arche du désert (1997).

CHOUKCHINE (Vassili) [Vasilij Makarovič Šukšin]

acteur et cinéaste soviétique (Strotski, Sibérie, 1929 - Klietskaïa, Ukraine, 1974).

Fils de paysan, d'abord ouvrier puis élève de Mikhail Romm à l'Institut du cinéma de Moscou de 1954 à 1960 et acteur dans une vingtaine de films, il débute dans les Deux Fédor (M. Khoutziev, 1958) et se fait remarquer peu à peu par son allure populaire, sa carrure puissante et son visage ouvert. Il joue, entre autres, dans Alenka (B. Barnet, 1962), Quand les arbres étaient grands (L. Koulidjanov, 1962), le Journaliste (S. Guérassimov, 1967), Près du lac (id., 1970), Si tu veux être heureux (N. Goubenko, 1974) et surtout Je demande la parole (G. Panfilov, 1975), où il tient le rôle de l'écrivain dont la pièce choque Madame le Maire. Sa mort, au cours du tournage de Ils ont combattu pour la patrie, est une perte sensible pour le cinéma et la littérature soviétiques.

Poète et écrivain très populaire, qui commençait à être connu à l'étranger, il a également écrit quelques scénarios, en particulier pour Un soldat revient du front (N. Goubenko, 1971). Plusieurs de ses nouvelles ont inspiré des films, dont Appelle-moi vers les clairs lointains (G. Lavrov et S. Lioubchine, 1977). Comme acteur, il symbolisait le Russe populaire, costaud, tranquille et taciturne, surtout dans les films de guerre, Libération (Y. Ozerov, 1971) et Ils ont combattu pour la patrie (S. Bondartchouk, 1975). Mais son rôle le plus fameux, c'est celui qu'il tient dans son propre film, l'Obier rouge (Kalina Krasnaja, 1973), où il incarne un délinquant de droit commun qui s'embauche, pour refaire sa vie, comme tractoriste dans le kolkhoz de son amie ; mais ses anciens complices viennent le relancer et, comme il refuse de les suivre, ils le tuent. Il fait là une composition saisissante.

Auparavant, il avait écrit et réalisé quatre autres films qui frappent par leur justesse de ton et leur ferveur. Un gars comme ça ou Il était une fois un gars (Živet takoj paren‘, 1964) raconte les frasques d'un joyeux garçon à qui la vie met un peu de plomb dans la cervelle. Ce début est encore assez léger, mais ses autres films font preuve d'une maturité et d'une profondeur qui lui ont valu sa juste réputation. Votre fils et frère (Vaš syn i brat, 1966) dépeint les relations d'un vieux couple de paysans avec ses trois fils et brosse un tableau de famille plein de verve et de vérité. Des gens étranges (Strannye ljudi, 1969) se compose de trois nouvelles qui sont l'occasion, surtout la dernière, d'une méditation attentive et souvent émouvante sur le sens de la vie. Enfin, dans À bâtons rompus / De fil en aiguille (Pečki-lavočki, 1972), Choukchine joue lui-même, en compagnie de son épouse, l'actrice Lydia Fedosseieva, le rôle d'un kolkhozien qui se rend en vacances sur la mer Noire : le cinéaste y exprime avec naturel sa philosophie de la vie, son amour de la terre natale et son respect de l'individu, préoccupations constantes dans toute son œuvre littéraire et que l'on retrouve encore dans son dernier film, l'Obier rouge (1973).▲

CHOUX (Jean)

cinéaste français (Genève, Suisse, 1887 - Paris 1946).

Critique de cinéma, défenseur de la « cinégraphie » française, il réalise, sur les bords du Léman, un long métrage, la Vocation d'André Carrel (ou la Puissance du travail), en 1925. Il s'y inspire du style de Louis Delluc et de Germaine Dulac, et donne en outre son premier rôle à un figurant de la troupe de Pitoëff : Michel Simon. Cet acteur, à Paris, lui vaut la notoriété grâce à l'adaptation de Jean de la Lune, pièce de Marcel Achard, qu'ils portent à l'écran en 1931. Il signe ensuite quelques médiocres mélodrames : Maternité (1935) ; Paix sur le Rhin (1938) ; Port d'attache (1943) ; l'Ange qu'on m'a donné (1946).

CHOW YUN-FAT

acteur chinois (Hongkong, 1955).

De 1974 à 1986, il a un contrat avec la chaîne de télévision TVB. Il apparaît aussi au cinéma dans quelques comédies à partir de 1976. Des cinéastes de la Nouvelle Vague, Ann Hui (Love in a Fallen City, 1984), Leon Po Chih (Hongkong 1941, id.) et Stanley Kwan (Femmes, 1985), lui permettent alors de composer des personnages romantiques. Mais ce sont ses rôles de gangsters qui lui valent la célébrité, comme ceux du Syndicat du crime (John Woo, 1986) ou de City on Fire (Ringo Lam, 1987). Son charisme, sa manière de tenir des armes à feu ne sont pas étrangers au succès international de The Killer (John Woo, 1989). En 1995, il quitte Hongkong pour Hollywood. L'adaptation est difficile ; on ne lui propose d'abord que des copies de ses figures wooïennes, comme Un tueur pour cible (The Remplacement Killers, Antoine Fuqua, 1998). Avec Anna et le roi (Andy Tennant, 1999) et surtout Tigre et dragon (Ang Lee, 2000), il retrouve des rôles à sa mesure.

CHPALIKOV (Guennadi) [Guennadi Fedorovič Špalikov]

scénariste et cinéaste soviétique (Seguej, Carélie, 1937 - Moscou 1974).

Diplômé du VGIK, il a collaboré à deux films importants du dégel : le Faubourg d'Illitch / J'ai vingt ans (M. Khoutziev, 1962-1964), Je m'balade dans Moscou (G. Danelia, 1964), Toi et moi (L. Chepitko, 1971), Chante ta chanson, poète (S. Ouroussevski, id.). Il a lui-même réalisé un film très typique de l'esprit de l'époque, Une vie longue et heureuse (Dolgaja sčastlivaja žızn', 1967). Il se suicide en 1974.