Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MASINA (Giulia Anna, dite Giulietta)

actrice italienne (San Giorgio di Piano 1920 - Rome 1994).

Elle apparaît très jeune au théâtre et la radio la révèle dans des personnages comiques. En 1943, elle épouse Federico Fellini, qui avait écrit pour elle des sketches radiophoniques. Elle débute comme figurante dans Paisà (R. Rossellini, 1946), puis Lattuada lui donne le rôle de la pauvre prostituée de Sans pitié (1948), pour lequel elle obtient un prix Nastro d'Argento. Dans les Feux du music-hall (1950), Lattuada et Fellini en font une figure brillante et pathétique qui contient déjà le meilleur de son talent. Après quelques films (dont les Volets clos, L. Comencini, 1951 ; Courrier du cœur, F. Fellini, 1952 ; Femmes damnées [Donne proibite], G. Amato, 1953), elle obtient un triomphe mondial avec La strada (Fellini, 1954), dans le personnage désespéré du clown Gelsomina. Fellini crée encore pour elle un rôle mineur dans Il bidone (1955), celui de la candide prostituée des Nuits de Cabiria (1957) et celui de la bourgeoise de Juliette des esprits (1965). Sa fragilité et son humour lunaire sont bien utilisés par des cinéastes comme Eduardo De Filippo (Fortunella, 1958), Renato Castellani (l'Enfer dans la ville, id.), Alberto Sordi (Scusi, lei è favorevole o contrario ?, 1966). Après un rôle dans la Folle de Chaillot (B. Forbes, 1969), elle n'apparaît plus ensuite que dans des feuilletons télévisés. On la retrouve cependant sur les écrans en 1985 dans Frau Holle (J. Jakubisko), dans Ginger et Fred de Federico Fellini où, face à Marcello Mastroianni (Fred), elle est une extraordinaire Ginger, et dans Aujourd'hui peut-être (B. Bertucelli, 1991).

MASON (James)

acteur britannique (Huddersfield, Yorkshire, 1909 - Lausanne, Suisse, 1984).

Après des études à Cambridge qui confirment ses goûts et ses dons artistiques, James Mason devient comédien de théâtre en 1930, sur un coup de tête. Il écrit lui-même une pièce et joue occasionnellement au cinéma dès 1935. Mais, en 1943, sa création à la fois séduisante et sulfureuse dans l'Homme en gris (Leslie Arliss) fait de lui une vedette populaire. Sa réputation grandit encore après sa prestation dans Huit Heures de sursis (C. Reed, 1947). Ce qui le conduit à Hollywood en 1948. Il y tourna presque exclusivement jusqu'en 1962, ne revenant en Europe que de temps à autre. Depuis la Chute de l'Empire romain (A. Mann, 1964), il s'est souvent imposé, avec beaucoup de présence, dans des emplois de complément prestigieux mais secondaires. C'est, on l'a dit, une des plus belles voix du cinéma anglo-saxon. Mais, heureusement, ce n'est pas tout. James Mason est un acteur aussi sobre que sensible, au registre très étendu. Le fait que, ces dernières années, il a honoré de sa présence des films qui ne la méritaient guère ne doit pas nous faire oublier la dignité et le talent dont il a infailliblement fait preuve. De plus, sa sobriété lui a permis de remplir des rôles très divers et toujours de manière convaincante. Il est le charmeur et hypocrite Homme fatal (A. Asquith, 1944), le touchant maître chanteur des Désemparés (Max Ophuls, 1949), le traître très noir du Prisonnier de Zenda (R. Thorpe, 1952), ou le tragique comédien déclinant d'Une étoile est née (G. Cukor, 1954). Il fait particulièrement bon ménage avec des cinéastes élégants et esthètes qui savent pleinement profiter de sa parfaite maîtrise des nuances : Ophuls, Cukor, Lewin (Pandora, 1951), Mankiewicz (l'Affaire Cicéron, 1952 ; Jules César, 1953), Ray (Derrière le miroir, 1956, qu'il produisit), Hitchcock (la Mort aux trousses, 1959) ou Kubrick (Lolita, 1962) ont été sans doute les sommets de sa carrière. Il s'est intéressé à la production en se lançant dans des entreprises audacieuses. Outre le film de Ray, on lui doit Hero's Island (Leslie Stevens, 1962), beau film d'aventures où il campait une étonnante figure ambiguë. Plus près de nous, il a été égal à lui-même dans l'Autobiographie d'une princesse (J. Ivory, 1975), qui reposait beaucoup sur sa présence et sa voix. C'est un très grand acteur dramatique que la comédie n'a que peu tenté ; mais personne n'a jamais songé à lui demander de s'y adonner. Un des grands souvenirs que nous ayons de lui demeure le tragique Humbert Humbert de Lolita, dont Mason seul semblait pouvoir rendre vrais le désarroi et les larmes.

Autres films :

Late Extra (Albert Parker, 1935) ; le Septième Voile (C. Bennett, 1945) ; le Masque aux yeux verts (L. Arliss, id.) ; Caught (Max Ophuls, 1949) ; les Rats du désert (R. Wise, 1953) ; l'Homme de Berlin (C. Reed, id.) ; 20 000 Lieues sous les mers (R. Fleischer, 1954) ; Prince Vaillant (H. Hathaway, id.) ; le Procès d'Oscar Wilde (K. Hughes, 1960) ; le Mangeur de citrouilles (J. Clayton, 1964) ; Lord Jim (R. Brooks, 1965) ; Mayerling (T. Young, 1968) ; Child's Play (S. Lumet, 1972) ; le Piège (J. Huston, 1973) ; Croix de fer (S. Peckinpah, 1977) ; Le Ciel peut attendre (W. Beatty, 1978) ; la Partie de chasse (A. Bridges, 1984) ; The Assisi Underground (Alexander Ramati, id.).

MASQUE.

Image colorée jaune-orangé, créée lors du développement des films négatifs en couleurs pour améliorer la restitution des couleurs sur les positifs. ( COULEUR.)

MASSARI (Anna Maria Massatani, dite Lea)

actrice italienne (Rome 1933).

Après des études d'architecture, elle incarne dans Du sang dans le soleil (M. Monicelli, 1955) un personnage inattendu de paysanne. Puis Renato Castellani crée pour elle le rôle de l'étudiante malicieuse de I sogni nel cassetto (1957), qui lui vaut une célébrité internationale. En 1960, alors qu'elle fait ses débuts au théâtre, elle obtient un rôle mémorable dans l'Avventura (M. Antonioni). Aux méandres psychanalytiques de son personnage dramatique correspondent très bien sa récitation nerveuse, pleine de nuances et son expressivité. Sa sensibilité et sa grâce raffinée sont mises en valeur dans ça s'est passé à Rome (Bolognini, 1960), dans le péplum spectaculaire le Colosse de Rhodes (S. Leone, 1961), dans des mélodrames populaires comme Morte di un bandito (G. Amato, id.), et I sogni muoiono all'alba (Indro Montanelli, Mario Graveri et E. Gras, id.). Dino Risi lui donne le rôle de la femme mariée qui traverse toutes les crises de la société italienne, dans Une vie difficile (id.). Son activité au théâtre et à la TV l'oblige à raréfier ensuite ses interprétations au cinéma. Citons, parmi ses autres films les plus importants : la Bataille de Naples (N. Loy, 1962) ; l'Insoumis (A. Cavalier, 1964) ; Des filles pour l'armée (V. Zurlini, 1965) ; les Choses de la vie (C. Sautet, 1969) ; le Souffle au cœur (L. Malle, 1971) ; la Course du lièvre à travers les champs (R. Clément, 1972) ; la Femme en bleu (M. Deville, 1973) ; Allonsanfan (P. et V. Taviani, 1974) ; Repérages (M. Soutter, 1977) ; Antonio Gramsci, i giorni del carcere (L. del Frà, Lino, 1977) ; les Rendez-Vous d'Anna (Ch. Akerman, 1978) ; Eboli (F. Rosi, 1979) ; la Flambeuse (Rachel Weinberg, 1980) ; Sarah (M. Dugowson, 1982) ; la Septième Cible (C. Pinoteau, 1984) ; Segreti, segreti (G. Patroni-Griffi, 1985) ; Viaggio d'amore (Ottavio Fabbri, 1991).