ALLEMAGNE. (suite)
Plus tard, Leni Riefenstahl tentera de se justifier. « Mon film, dira-t-elle évoquant le Triomphe de la volonté, n'est qu'un document. J'ai montré ce dont tout le monde alors était témoin ou entendait parler. Et tout le monde en était impressionné. Je suis celle qui a fixé cette impression, qui l'a enregistrée sur pellicule. Et c'est sans doute à cause de cela qu'on m'en veut : pour l'avoir saisie, mise en boîte... Ce film ne contient aucune scène reconstituée. Tout y est vrai. C'est de l'histoire. Un pur film historique... »
Karl Ritter*, lui, va se faire le spécialiste des histoires édifiantes de soldats : Permission sur parole (Urlaub auf Ehrenwort, 1937), Pour le mérite (1938), Kadetten (1941), ou de la propagande anticommuniste : Guépéou (GPU, 1942). Cinéaste officiel s'il en fut, Veit Harlan* se fait connaître avec Crépuscule (1937). Mais son œuvre la plus célèbre reste le Juif Süss (1940), avec Werner Krauss, prototype du film antisémite qui connut un triomphe. « Particulièrement recommandé », par la propagande officielle, « pour sa valeur politique et artistique », le film eut une première mondiale à Venise en septembre 1940, en présence du réalisateur et de ses interprètes. Par la suite, Veit Harlan, comme Leni Riefenstahl, tentera de se justifier en amoindrissant la signification de son film. Avec le Grand Roi (1942), Harlan entame la veine d'exaltation du passé germanique à travers le portrait de Frédéric II, « grand précurseur de l'unité allemande, qui, seul et sûr de lui, trouve la force de vaincre ».
Au même genre appartiennent Bismarck (1940), de Wolfgang Liebeneiner*, Friedrich Schiller (id.), de Herbert Maisch*, ou Der Höhere Befehl (1935), de Gerhard Lamprecht.
Drames paysans (Friesennot, 1935, de Peter Hagen), opérettes (Premiere, 1937, de Geza von Bolvary*, avec Zarah Leander*) et films d'évasion exotique (Kautschuk, 1938, de Eduard von Borsody*) sont mis eux aussi au service de la propagande. Pabst lui-même, de retour dans son pays, tourne deux œuvres de circonstance : les Comédiens (1941) et Paracelse (1943). Production de prestige en Agfacolor réalisée pour le vingt-cinquième anniversaire de l'UFA, les Aventures fantastiques du baron de Münchhausen (1943), de Josef von Baky*, restera une apothéose sans lendemain.
L'après-guerre.
En 1945, le cinéma allemand entre dans le néant. La plupart des studios et de nombreuses infrastructures ont été détruites, les structures économiques anéanties. La production redémarre en zone d'occupation soviétique dès 1946, les autorités militaires ayant favorisé la création de la DEFA dans les studios de l'ancienne UFA à Postdam-Babelsberg. C'est ainsi que Staudte* peut tourner Les assassins sont parmi nous, sorti en salles dès novembre 1946. Staudte, Erich Engel, Gerhard Lamprecht, Slatan Dudow, Kurt Maetzig*, relancent ainsi le cinéma à l'Est, tandis que les Alliés occidentaux favorisent la relance à l'Ouest, notamment avec Erich Pommer*, revenu en Allemagne tout d'abord sous l'uniforme américain.