Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LEHMAN (Ernest) (suite)

Il collabore avec Hitchcock pour deux des scénarios les plus alertes que le maître traita : Complot de famille (1976) et surtout la Mort aux trousses (1959) donnent l'impression enivrante d'être bâtis sur de l'air et de pourtant tenir debout. Mais, auparavant, Lehman avait déjà prouvé qu'il était un solide charpentier dramatique (la Tour des ambitieux, R. Wise, 1954 ; Sabrina, B. Wilder, id. ; le Grand Chantage, A. MacKendrick, 1957). Après s'être intéressé à la production (Hello Dolly !, G. Kelly, 1969), il s'est laissé tenter, hélas !, par la mise en scène (Portnoy et son complexe [Portnoy's Complaint], 1972). On ne peut que regretter qu'il y ait perdu les qualités antithétiques qui faisaient son originalité : sa fraîcheur et sa rigueur.

LEIGH (Jeanette Helen Morrison, dite Janet)

actrice américaine (Merced, Ca., 1926).

Esquissant une carrière de chanteuse, elle est remarquée par Norma Shearer, et la MGM la fait débuter en vedette. Ses premiers rôles sont romanesques : The Romance of Rosy Ridge (R. Rowland, 1947) ou les Quatre Filles du docteur March (M. LeRoy, 1949). Mais elle montre bientôt son aptitude à la comédie musicale (Ma vie est une chanson, N. Taurog, 1948 ; les Coulisses de Broadway [Two Tickets to Broadway], C. V. Kern, 1951), à laquelle elle fera d'excellents retours (Ma sœur est du tonnerre, R. Quine, 1955 ; Bye Bye Birdie, G. Sidney, 1963). Si elle continue d'incarner des héroïnes en costume (Scaramouche, Sidney, 1952 ; Houdini, G. Marshall, 1953 ; Prince Vaillant, H. Hathaway, et le Chevalier du roi [The Black Shield of Falworth], R. Mate, 1954), c'est d'une manière de plus en plus piquante (les Vikings, R. Fleischer, 1958). De l'Intrépide (S. Donen, 1952) à C'est pas une vie, Jerry (Living It Up, Taurog, 1954), Vacances à Paris (B. Edwards, 1959), Qui était donc cette dame ? (Sidney, 1960) et Trois sur un sofa (Jerry Lewis, 1966), la même évolution est sensible. Ambiguë dans un western comme l'Appât (A. Mann, 1953), elle sera souvent, dans les policiers, une présence pleine de tendresse (la Peau d'un autre [Pete Kelly's Blues], Jack Webb, 1955 ; Un crime dans la tête, J. Frankenheimer, 1962) qui éveille la nostalgie du solitaire (Détective privé, J. Smight, 1966). Mais elle est surtout la beauté exposée au mal, dans sa splendeur innocente (la Soif du Mal, O. Welles, 1958) ou dans tout son trouble (Psychose, A. Hitchcock, 1960) ; c'est cet emploi qu'elle tient encore dans Fog (J. Carpenter), 1980. Elle publie en 1984 son autobiographie, There Really Was a Hollywood.

LEIGH (Jennifer Morrow, dite Jennifer Jason)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1958).

Fille de l'acteur Vic Morrow, Jennifer Jason Leigh a longtemps été employée dans des rôles anodins de jeune première (elle a débuté en 1981) avant de se faire connaître par son habileté à jouer les personnages dérangés ou, pour le moins, hors norme. Presque dans la foulée, on l'a vue successivement en locataire boulotte et timide, peut-être folle et meurtrière (J.F. cherche appartement, B. Schroeder, 1992), et en mère de famille téléactrice de téléphone rose simulant un érotisme torride tout en langeant son bébé (Short Cuts, R. Altman, 1993). Ambitieuse, elle s'essaie à des emplois différents : femme d'affaires à poigne à la Barbara Stanwyck dans le Grand Saut (J. Coen, 1994), Dorothy Parker, écrivain et poète cynique, alcoolique, traînant son spleen entre New York et Los Angeles (Mrs. Parker et le cercle vicieux, A. Rudolph, 1994). Cette dernière composition, un peu forcée et artificielle, montre une tendance au cabotinage qui ne demande qu'à être endiguée. En 1995, elle est l'héroïne de Georgia, d'Ulu Grosbard, et en 1996 de Kansas City de Robert Altman. En 1997, elle tient un rôle de composition dans le Secret (A Thousand Acres, Jocelyn Moorehouse). En 2001, elle réalise avec Alan Cumming The Anniversary Party.

LEIGH (Mike)

cinéaste et acteur britannique (Salford 1943).

Après avoir activement participé aux recherches de plusieurs théâtres expérimentaux, il devient l'un des réalisateurs les plus originaux de la chaîne télévisée BBC, en demandant aux acteurs d'improviser leur style d'interprétation à partir d'un scénario oral. C'est dans cette option esthétique qu'il réalise Bleak Moments (1970), film antidramatique et antispectaculaire sur le vide des moments quotidiens vécus par des êtres qui ne trouvent ni les gestes ni les mots de la communication. Bleak Moments renouait avec la grande tradition du réalisme, qui fut longtemps l'image de marque du cinéma britannique. Successivement, il signe quatre portraits acides de la société britannique contemporaine : Meantime (1984), High Hopes (1988), Life is Sweet (1990), Naked (id., 1993), Secrets et mensonges (Secrets and Lies, 1996), succès inattendu, et Deux Filles d'aujourd'hui (Career Girls, 1997). Le naturel qui s'en dégage, tout ce qui relie Mike Leigh à la tradition sociale du cinéma britannique, pourraient faire croire à du cinéma-vérité. Mais Leigh est un homme de théâtre et c'est à force de travail et de répétition que cette impression vertigineuse de spontanéité est atteinte. C'est pour cela qu'il ne faut guère s'étonner de Topsy Turvy (id., 1999), premier film en costumes du cinéaste et délicieuse évocation de la gestation du Mikado, classique absolu de l'opérette anglaise de Gilbert et Sullivan : sous des dehors plaisants et chatoyants auxquels on n'était pas préparé, Leigh nous offre une très profonde méditation sur la création et sur son propre art.

LEIGH (Vivian Mary Hartley, dite Vivien)

actrice britannique (Darjeeling, Indes, 1913 - Londres 1967).

Elle débute au cinéma, en prenant le nom de son premier mari, l'avocat Herbert Leigh Holman, et devient célèbre en l'espace d'une soirée, le 15 mai 1935, pour son interprétation d'Henriette Duquesnoy, dans le Masque de la vertu à l'Ambassadors Theatre de Londres. Cette promotion fulgurante est considérée comme unique dans l'histoire du théâtre britannique. Sa rencontre avec Alexander Korda et Laurence Olivier (qu'elle épouse en 1940) est décisive pour la suite de sa carrière. En contrat avec la London Films, elle joue dans l'Invincible Armada (W. K. Howard, 1937), Dark Journey (V. Saville, id.), Tempête dans une tasse de thé (id., id.) et Twenty-One Days (B. Dean, 1939 ;  : 1937). En 1937, Miss Baylis, directrice de l'Old Vic, l'engage pour être Ophélie lorsque la troupe se déplace à Elseneur pour deux représentations d'Hamlet, désormais historiques. Vivien Leigh continue une brillante carrière théâtrale dans un répertoire très varié.