Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CRISTALDI (Franco)

producteur italien (Turin 1924 - Monte-Carlo 1992).

Il produit cinquante documentaires de court métrage et, en 1952, fonde sa maison de production, la Vides. Dès son premier film, La pattuglia sperduta (P. Nelli, 1954), une épopée anticonventionnelle sur le Risorgimento, il affirme ses ambitions culturelles, rarement contredites en 70 films. Parmi ses œuvres les plus audacieuses : le Défi (F. Rosi, 1958) ; le Pigeon (M. Monicelli, id.) ; Divorce à l'italienne (P. Germi, 1961) ; Salvatore Giuliano (Rosi, 1962) ; les Camarades (Monicelli, 1963) ; Sandra (L. Visconti, 1965) ; La Chine est proche (M. Bellocchio, 1967) ; l'Affaire Mattei (Rosi, 1972) ; Amarcord (F. Fellini, 1973) ; Le Christ s'est arrêté à Eboli (Rosi, 1979) ; Ratataplan (id., Maurizio Nichetti, id.) ; le Nom de la rose (J.-J. Annaud, 1986) et Cinéma Paradiso (Giuseppe Tornatore, 1988). Plus de nombreuses comédies populaires, et la production de jeunes auteurs.

CROCKWELL (Douglas)

cinéaste expérimental américain (Colombus, Ohio, 1904 - ? 1968).

Dès 1934, l'animation devient le violon d'Ingres de ce dessinateur professionnel. Il réalise Fantasmagoria I, II III entre 1938 et 1940, puis Glens Falls Sequence (du nom de l'endroit de l'État de N. Y. où il vit alors) en 1946 et The Long Bodies en 1946-1949. Pour obtenir ces libres associations de formes abstraites ou figuratives qui se métamorphosent, le plus souvent dans un espace à trois dimensions, il utilise parfois des objets réels, des pâtes à modeler ou des papiers découpés, et redécouvre des procédés employés par Ruttmann ou Fischinger vers 1920 (filmage de blocs de cires colorées découpés en tranches et peinture sur plaque de verre). Après 1949, il adapte certaines de ses œuvres au principe du mutoscope — série de cartes dont le feuilletage rapide donne l'illusion du mouvement.

CROIX DE MALTE.

Sur les appareils de projection, pièce usinée, comportant quatre rainures en croix, servant à créer le mouvement de rotation intermittente du tambour denté qui entraîne le film. ( PROJECTION, INVENTION DU CINÉMA.) Au milieu des années 90, un nouveau système d'entraînement intermittent du film utilisant des moteurs électriques pilotés et contrôlés par microprocesseur a été mis au point sous le nom de croix de malte électronique.

CROMWELL (Jamie Cromwell, dit James)

acteur américain (Los Angeles, Ca., 1940).

Fils du cinéaste John Cromwell, il a débuté au cinéma en 1976, mais c'est dans les années 90 qu'il s'est imposé comme l'un des meilleurs acteurs de complément du cinéma américain contemporain. Son visage acéré en lame de couteau et ses cheveux blancs peuvent faire de lui un flic retors (L. A. Confidential, C. Hanson, 1997), un militaire rigide (le Déshonneur d'Elizabeth Campbell, The General's Daughter, Simon West, 1999), un fermier placide (Babe, un cochon dans la ville, G. Miller, id.) ou un irrésistible responsable de la NASA (Space Cowboys, C. Eastwood, 2000).

CROMWELL (Elwood Dager Cromwell, dit John)

cinéaste américain (Toledo, Ohio, 1887 - Santa Barbara, Ca., 1979).

John Cromwell fait ses débuts d'acteur de théâtre en 1906 ; après quelques années, tout en continuant fréquemment à jouer, il devient aussi régisseur, puis metteur en scène et producteur. Curieux de nouveauté, il se rend à Hollywood lors de la naissance du parlant, y joue quelques rôles, dirige (avec Edward Sutherland) son premier film, Close Harmony, en 1929, et atteint rapidement à la notoriété avec Street of Chance (1930 — avec William Powell et Kay Francis), puis les Aventures de Tom Sawyer (Tom Sawyer, id., avec Jackie Coogan). Il acquiert une réputation justifiée de grand directeur d'actrices : citons les interprétations de Katharine Hepburn dans Mademoiselle Hicks (Spitfire, 1934), Anne Harding dans Fontaine (The Fountain, id.), Bette Davis dans l'Emprise (Of Human Bondage, id.), Hedy Lamarr dans son premier film américain Casbah (Algiers, 1938, remake de Pépé le Moko de Duvivier), Carole Lombard dans le Lien sacré (Made for Each Other, 1939), Carole Lombard et Kay Francis dans l'Autre (In Name Only, id.). Metteur en scène discret et scrupuleux, et fin lettré, mais très attentif aux valeurs visuelles du cinéma, Cromwell se fait une sorte de spécialité de l'adaptation littéraire de qualité : d'après Mark Twain (Tom Sawyer), Dickens (Rich Man's Folly, 1931, d'après Dombey and Son) et Somerset Maugham (l'Emprise), il porte à l'écran Jalna d'après Mazo de La Roche (1935), le Petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fauntleroy, 1936), d'après Frances Hodgson Burnett, et le Prisonnier de Zenda (The Prisoner of Zenda, 1937), d'après Anthony Hope (il donne ainsi deux très beaux exemples du genre impérial britannique dans lequel excella Hollywood). Puis viennent Abe Lincoln in Illinois (1940), d'après Robert E. Sherwood, ou Victory (id.), d'après Conrad.

Jouissant depuis longtemps de la confiance de Selznick, il est chargé pendant la guerre de diriger Depuis ton départ (Since You Went Away, 1944), hymne ambitieux et éloquent à la gloire de l'Amérique familiale, chrétienne et patriotique, avec Claudette Colbert et Jennifer Jones. Il revient à l'adaptation soignée : le Cottage enchanté (The Enchanted Cottage), féerie de 1945 ; Anna et le roi de Siam (Anna and the King of Siam, 1946). Il dirige Bogart dans le policier En marge de l'enquête (Dead Reckoning, 1947) et réalise à la Warner une œuvre forte sur un aspect peu abordé de la vie carcérale, Femmes en cage (Caged, 1950). Lors de la chasse aux sorcières, ses sympathies démocrates et son passé syndical déplaisent à Howard Hughes, qui le force à quitter Hollywood et à retourner au théâtre, à New York puis à Minneapolis (avec Tyrone Guthrie), où il joue notamment Shakespeare. Il signe encore la Déesse (The Goddess, 1958) sur un script de Chayefsky, The Scavengers aux Philippines (1959) et, en Suède, A Matter of Morals (1960). Nonagénaire, il apparaît pour la dernière fois à l'écran dans deux films d'Altman : en compagnie de sa quatrième épouse, l'actrice Ruth Nelson, dans Trois Femmes (1977), et seul dans Un mariage (1978), où il interprète l'évêque Martin.

CRONENBERG (David)

cinéaste canadien (Toronto, Can., 1945).