Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DE PUTTI (Lya)

actrice hongroise (Vecse 1897 - New York, N. Y., US, 1931).

D'abord danseuse, elle se produit en Europe, puis, après avoir tourné à Bucarest les Vagues du bonheur (D. Szigethy, 1920), elle se fixe en Allemagne et interprète de nombreux films où se forge son image de « vamp malgré elle » (Ilona, R. Dinesen, 1921 ; le Tombeau hindou, J. May, id. ; Die Fledermaus, M. Mack, 1923 ; Komödianten, K. Grune, 1924). Dirigée par F. W. Murnau (la Terre qui flambe et Phantom, 1922), Arthur Robison (Manon Lescaut, 1926) et, surtout, E. A. Dupont (Variétés, 1925), elle connaît le succès, ce qui lui ouvre les portes d'Hollywood : Prince of Tempters (L. Mendès, 1926) ; les Chagrins de Satan (D. W. Griffith, 1926) ; The Scarlet Lady (A. Crosland, 1928). Elle a également tourné en Grande-Bretagne (The Informer, A. Robison, 1929).

DERAY (Jacques)

cinéaste français (Lyon 1929).

Jacques Deray a étudié l'art dramatique au cours de René Simon et a tenu de petits rôles, à la scène comme à l'écran, avant de travailler comme assistant metteur en scène à partir de 1952 et régulièrement jusqu'en 1960, année où il réalise son premier film. Comme nombre de cinéastes qui abordent la mise en scène plus en techniciens qu'en auteurs, Deray dirige des films de genre, surtout policiers, non sans participer, toutefois, à l'écriture des scénarios, ni affirmer un sens visuel aigu. Si Rififi à Tokyo (1961) est une révélation pour les cinéphiles, il faut attendre 1969 pour voir s'affirmer la personnalité d'un certain regard, avec la Piscine, premier opus d'une longue et inégale collaboration avec Alain Delon, acteur-producteur, qui lui signe un contrat de longue durée parfois bien aliénant. Ensemble, ils feront Borsalino et Borsalino et Co, Doucement les basses, Flic Story, le Gang, Trois Hommes à abattre, ouvrages inégaux, où la personnalité de Deray ne s'affirme que sporadiquement, quand s'atténue l'interventionnisme de l'acteur-producteur. Ainsi, faute d'avoir jamais pu gagner une autonomie suffisante dans le cadre de ses productions, Deray donne l'impression de dilapider un talent qui ne s'est jamais complètement exprimé que dans trois films : la Piscine, Un peu de soleil dans l'eau froide, Un papillon sur l'épaule, qui révèlent sinon un auteur complet, du moins un styliste de grande classe. La perfection du découpage, la fluidité du travail de la caméra, la précision de la direction d'acteurs confèrent à des schèmes classiques (policier, adultère, espionnage) une qualité d'émotion, affective et esthétique, une dimension fantastique qui ont parfois permis de citer le nom de Preminger pour définir l'équivalence de son art. Cette référence à l'auteur de Laura n'est pas un mince compliment, adressé à un cinéaste au demeurant imprégné de culture cinématographique américaine, culture parfaitement digérée et comme naturellement réinventée avec une sensibilité française.

Films :

le Gigolo (1960) ; Rififi à Tokyo (1961) ; Symphonie pour un massacre (1963) ; Par un beau matin d'été (1964) ; l'Homme de Marrakech (1966) ; Avec la peau des autres (id.) ; la Piscine (1969) ; Borsalino (1970) ; Doucement les basses (1971) ; Un peu de soleil dans l'eau froide (id.) ; Un homme est mort (1973) ; Borsalino et Co (1974) ; Flic Story (1975) ; le Gang (1977) ; Un papillon sur l'épaule (1978) ; Trois Hommes à abattre (1980) ; le Marginal (1983) ; On ne meurt que deux fois (1985) ; le Solitaire (1987) ; Maladie d'amour (id.) ; les Bois noirs (1989) ; Netchaiev est de retour (1991) ; Un crime (1993) ; l'Ours en peluche (1994).

DÉRAYAGE.

Traitement de rénovation des films rendant les rayures moins visibles. (Voir GONFLAGE (2) et POLISSAGE.)

DEREK (Dare ou Derek Harris, dit John)

acteur et réalisateur américain (Los Angeles, Ca., 1926 - Santa Maria, id., 1998).

Fils du réalisateur Lawson Harris, il débute chez Selznick dans Étranges Vacances (I'll Be Seeing You, W. Dieterle, 1945) et entre à la Columbia, où il incarne le jeune délinquant des Ruelles du malheur (N. Ray, 1949) et le fils de Broderick Crawford dans les Fous du roi (R. Rossen, id.) avant de devenir le rival (mineur) de Tony Curtis et Cornel Wilde dans une série de films de cape et d'épée et d'aventures exotiques. Il reste fidèle à ce genre, dont il tourne un des classiques : les Aventures de Hadji (D. Weis, 1954). Ses rares incursions hors du cinéma « bis » (Prince of Players, Ph. Dunne, 1955 ; les Dix Commandements, C. B. De Mille, 1956 ; Exodus, O. Preminger, 1960) n'ayant guère eu d'incidences sur sa carrière, il s'oriente vers la production (Tendre Garce, Marc Lawrence, 1965). Il se fait également connaître comme photographe et exalte, en une série de films d'une désarmante naïveté, les charmes de ses trois épouses successives : Ursula Andress (Une fois avant de mourir [Once Before I Die], 1966), Linda Evans (Childish Things, 1969) et Bo Derek (And Once Upon a Time, 1975 ; Love You, 1978 ; Tarzan, l'homme singe [Tarzan the Ape Man], 1981). Il signe en1990 Ghosts Can’ t Do It.

DEREN (Maya)

cinéaste expérimentale américaine d'origine russe (Kiev 1908 - New York, N. Y., 1961).

Fille d'un psychiatre qui émigre en 1922 aux États-Unis, elle fait ses études en Suisse et à New York : licenciée en arts, elle fait un peu de journalisme et s'occupe de poésie, de danse, puis d'anthropologie. De sa rencontre avec le cinéaste Alexander Hammid résulte Meshes of the Afternoon (1943), qui marque la naissance d'une avant-garde américaine assez proche de Cocteau. Ses « films de chambre » suivants incorporent de plus en plus la danse ou l'expression corporelle (A Study in Choreography for Camera, 1945 ; Ritual in Transfigured Time, 1946 ; Meditation on Violence, 1948 ; The Very Eye of Night, 1959). Elle utilise la première bourse décernée par la Fondation Guggenheim à un cinéaste, en 1946, à des recherches sur les rituels vaudous en Haïti. De ce séjour résulteront un livre, Divine Horsemen (1953), et cinq heures d'un film que la mort l'empêchera de monter. Auteur d'un recueil de textes sur « l'art, la forme et le film », elle crée avec Amos Vogel la Creative Film Foundation et, en 1953, participe à l'existence éphémère de l'Independent Film-makers Association, première tentative de regroupement des cinéastes expérimentaux américains.