Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ALBERS (Hans)

acteur allemand (Hambourg 1891 - Munich 1960).

D'abord actif dans le cirque, le music-hall et l'opérette, il vient au cinéma en 1924, parallèlement à sa carrière théâtrale (il fait partie du Deutsches Theater de Max Reinhardt en 1926-1928), avec un personnage de jeune premier dynamique et enjoué, aventureux et gaillard, une sorte de Douglas Fairbanks local. On le voit dans de nombreux films muets (la Danse de mort [U. Gad, 1912], Ein Sommer Nachtstraum [Hans Neumann, 1925], Eine Dubarry von Heute [A. Korda, 1926], Prinzessin Olala [Robert Land, 1928]). Remarqué dans Asphalt (J. May, 1929) et l'Ange bleu (Sternberg, 1930), il tourne dans les années 30 et 40 sous la direction de Carl Froelich (la Nuit est à nous, 1929), Richard Eichberg (Der Greifer, 1930), Kurt Gerron (Der weisse Dämon, 1932), Robert Siodmak (Quick, id.), Gustav Ucicky (Au bout du monde, 1933), Karl Hartl (l'Or, 1934), Fritz Wendhausen (Peer Gynt, id.), Herbert Selpin (Sergent Berry, 1938 ; Carl Peters, 1942), Helmut Käutner (la Paloma, 1944), mais c'est avec le rôle-titre des Aventures fantastiques du baron de Münchhausen (J. von Baky, 1943) qu'il obtient son plus grand succès. Ayant su garder ses distances vis-à-vis du nazisme, et toujours très populaire, il poursuivra sa carrière après la guerre dans une vingtaine de films, dont deux réalisés par lui-même.

ALBERT (Edward Albert Heimberger, dit Eddie)

acteur américain (Rock Island, Ill., 1908).

Du théâtre, il passe au cinéma en 1938, avec l'adaptation d'une pièce qu'il avait jouée à Broadway : Brother Rat (William Keighley). Son physique ordinaire et la mobilité de ses traits le désignent pour des emplois secondaires, dans de petites comédies, à la Warner. Un amour désespéré (W. Wyler, 1952) le fait remarquer dans un rôle dramatique. Il brille ensuite dans le même registre : Attaque (R. Aldrich, 1956), les Racines du ciel (J. Huston, 1958) ; et toujours dans la comédie : la Petite Maison de thé (Daniel Mann, 1956), les Arpents verts (Green Acres, feuilleton télévisé, Richard L. Bare, 1965-1969). Il mène aussi une carrière de chanteur. Son fils a joué un moment sous le nom d'Eddie Albert Jr.

ALBERTAZZI (Giorgio)

acteur et cinéaste italien (Fiesole 1925).

Interprète de théâtre, il apparaît au cinéma dans Lorenzaccio (Raffaello Pacini, 1952) et à la télévision (acteur, réalisateur). Il est connu surtout pour le rôle qu'il tient dans l'Année dernière à Marienbad (A. Resnais, 1961). Il a signé, mis en scène et interprété une adaptation de la Gradiva de Jensen en 1970. Depuis, il se consacre principalement au théâtre. Dans les années 90, on le retrouve encore au générique de Tutti gli anni una volta l'anno (G. Lazotti, 1994), Crimine contro crimine (A. Florio, 1998), Briganti (P. Squitieri, 1999) et Tutta la conoscenza del mondo (E. Puglielli, 2001).

ALBICOCCO (Jean Gabriel)

cinéaste français (Cannes 1936 – Rio de Janeiro, Brésil, 2001).

Fils du chef opérateur Quinto Albicocco, dont il partage le goût pour une image empreinte d'afféterie, il est assistant de Dassin pour Celui qui doit mourir (1956), puis réalise quelques discutables adaptations littéraires : la Fille aux yeux d'or (1961), Un rat d'Amérique (1962), le Grand Meaulnes (1967), le Cœur fou (1969), le Petit Matin (1971).

ALCORIZA (Luis)

cinéaste et scénariste mexicain (Badajoz, Espagne, 1921 - Cuernavaca, Mexique, 1992).

Fils d'un couple de comédiens espagnols, il s'installe au Mexique au lendemain de la guerre civile. Il débute lui aussi comme acteur de théâtre et de cinéma : une quinzaine de rôles, de La torre de los suplicios (R. J. Sevilla, 1940) au Grand Noceur (L. Buñuel, 1949). Il apprend le métier de scénariste auprès de l'Américain Norman Foster et participe à l'écriture de plus de cinquante films entre 1946 et 1960. Il est notamment le collaborateur de dix films mexicains de Buñuel, dont Los olvidados (1950), El (1953) et l'Ange exterminateur (1962). Lassé de voir ses projets édulcorés par les tâcherons d'une industrie déjà complètement sclérosée, il passe à la mise en scène avec Los jóvenes (1961). À contre-courant de la débâcle du cinéma mexicain, il s'impose avec Tlayucan (1962), Pêcheurs de requins (Tiburoneros, 1963) et Toujours plus loin (Tarahumara, 1965) comme un réalisateur original et incisif. Il procède dans ces trois films à une véritable redécouverte de la réalité nationale, celle de la province, puis des pêcheurs, et enfin des Indiens, sans les artifices traditionnels ou l'idéalisation des Fernandez et Figueroa. Plutôt qu'une influence de Buñuel, il y révèle une identité de vues, une même volonté de subversion, le goût de l'insolite et du sarcasme, le recours à l'érotisme libérateur. À la différence de son aîné, il se montre davantage intégré à son pays d'adoption, plus attentif à l'insertion des personnages dans le paysage et dans un contexte social précis. Il dévoile l'envers du décor de prospérité d'Acapulco et de Mexico et révèle sans complaisance les laissés-pour-compte du système, dans Paraíso (1970) et Mecánica nacional (1972). Il s'oriente ensuite vers la fable, avec Presagio (1975), écrit en collaboration avec Gabriel García Márquez, et Las fuerzas vivas (1975), dont l'action se situe à l'époque de la révolution mexicaine. Il a réalisé également Amor y sexo (1964), El gángster (1965), Divertimento (1967), La puerta (1968), El oficio más antiguo del mundo (1970), El muro del silencio (1974), A paso de cojo (1978), Lo que importa es vivir (1985), Dia de difuntos (1987), des sketches de Antología del miedo (1968) et Fe, esperanza y caridad (1974).

ALCOTT (John)

chef opérateur britannique (Londres 1931 - Cannes, France, 1986).

Son nom reste associé à celui de Stanley Kubrick : après son travail sur la photographie additionnelle de 2001, l'Odyssée de l'espace (1968), le cinéaste lui fit constamment confiance. C'est donc à lui que l'on pense en évoquant la lumière glacée et terrifiante d'Orange mécanique (1971) ou de Shining (1980) ou encore les légendaires clairs-obscurs dus à la bougie de Barry Lyndon (1975). Le prestige de cette collaboration le fit solliciter par les États-Unis. Il faut cependant reconnaître que, pour être toujours aussi compétent, son travail y était plus anonyme, comme dans le Policeman (D. Petrie, 1980) ou Sens unique (R. Donaldson, 1987), son dernier film, que le réalisateur dédie à sa mémoire. Mais on peut avoir une bonne idée de sa facilité d'adaptation en comparant l'aspect quasi documentaire de Under Fire (R. Spottiswoode, 1983) à l'enluminure chatoyante de Greystoke (H. Hudson, 1984).