Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HARDWICKE (sir Cedric)

acteur britannique (Lye 1893 - New York, N. Y., 1964).

Remarquable et prestigieux acteur de théâtre, sir Cedric Hardwicke, dont la carrière s'est à la fois déroulée à Hollywood et en Angleterre, a laissé quelques belles mais brèves créations cinématographiques. En fait, il a beaucoup tourné, mais dans des films médiocres qui n'ont pas toujours mérité son talent. On retiendra parmi ses rôles la Mort coincée dans le pommier d'Étrange Sursis (H. S. Bucquet, 1939), le docteur Livingstone dans Stanley et Livingstone (H. King, id.), Nostradamus dans Diane de Poitiers (D. Miller, 1955) et un redoutable gangster dans l'Ennemi public (D. Siegel, 1957). Son dernier film est le Mangeur de citrouille (J. Clayton, 1964).

HAREL (Philippe)

cinéaste français (Paris 1956).

D'abord intéressé par les activités théâtrales, il tourne des reportages de télévision puis quelques courts métrages. Il réalise un premier long métrage avec un budget dérisoire (trois acteurs seulement et quelques figurants) mais beaucoup d'humour : Un été sans histoires (1992). On retrouvera ce ton flegmatique et l'ironie dans la satire avec les Randonneurs (1997. Il sait changer de registre, d'abord avec la Femme défendue (1997), où le principe de la caméra subjective s'allie avec un sens de la quotidienneté opposé à tout romantisme. Son style désenchanté se systématise avec Extension du domaine de la lutte (1999), d'après le livre de Michel Houellebecq. Il a réalisé d'autre part un film-enquête documentaire, Journal des affaires en cours (1999), avec le journaliste d'investigation Denis Robert, d'après le livre de ce dernier.

HARFOUCH (Corinna)

actrice allemande (Suhl 1954).

Formée en RDA, où elle débute à l'écran en 1983, elle est devenue après la réunification allemande une des actrices les plus importantes du pays, et on peut apprécier son talent dans des productions originales comme dans des films de grande consommation. Après son rôle dans Die Schauspielerin de Siegfried Kuhn (1988), elle devient une figure marquante des dernières années de la RDA et des films produits par la DEFA au lendemain de la chute du Mur, sous la direction de Michael Gwisdek (Treffen in Travers, 1989), de Roland Gräf (Fallada – letztes Kapitel, 1988 ; Der Tangospieler, 1991) ou de Horst Seeman (Zwischen Pankow und Zehlendorf, 1991). Elle tourne ensuite avec des réalisateurs réputés sur le marché allemand : Margarethe von Trotta (les Années du Mur, 1994), Joseph Vilsmaier (Charlie und Luise, 1993) ou son ancien partenaire des années DEFA, Michael Gwisdek (Das Mambospiel, 1998). Elle apparaît dans un film sur les premières semaines de la paix en 1945, Inge, April und Mai, de Michael Kohlhaase et Gabriele Denicke, deux anciens de la RDA (1992), et dans des films de jeunes cinéastes, dont l'un, Mathias Glasner, lui a offert dans Sexy Sadie (1995) son rôle le plus troublant. D'une filmographie bien fournie on peut extraire Die Wand (Klaus Maria Brandauer, 1999), Fandango (Mathias Glasner, 2000), Der Fall Vera Brühne (Hark Bohm, 2001).

HARLAN (Russell)

chef opérateur américain (Los Angeles, Ca., 1903 - Newport Beach, id., 1974).

Ancien cascadeur, il obtient son premier crédit photographique en 1935. Efficace et discret, il a été un collaborateur exceptionnel pour Howard Hawks. En noir et blanc (la Rivière rouge, 1948) ou en couleurs (Terre des pharaons, 1955 ; Rio Bravo, 1959), il sut à merveille trouver cet équilibre de sobriété et de noblesse propre au grand cinéaste. Non moins remarquable, et presque expérimentale, fut sa reconstitution de l'univers bariolé de Van Gogh dans la Vie passionnée de Vincent Van Gogh (V. Minnelli, 1956) ou de la nature sauvage du western dans la Dernière Chasse (R. Brooks, id.).

HARLAN (Veit)

acteur et cinéaste allemand (Berlin 1899 - Capri, Italie, 1964).

Son nom reste lié au plus célèbre, sinon au plus odieux film antisémite jamais réalisé, le Juif Süss (1940), présenté en France sous l'Occupation et qui y connut un certain succès. Mais la carrière de Veit Harlan avait commencé beaucoup plus tôt, en 1924. Né dans une famille d'artistes (son père est romancier, deux de ses frères deviendront musiciens), il fréquente l'intelligentsia berlinoise : Friedrich Kayssler, Max Reinhardt, Erwin Piscator. Il débute comme acteur au Volkstheater et épouse en premier mariage... une israélite. Au cinéma, il apparaît pour la première fois dans un petit rôle de Der Meister von Nürnberg, de Ludwig Berger (1927), que suivront une vingtaine de films, signés Kurt Bernhardt, Gustav Ucicky, Richard Eichberg, Robert Wiene. Le dernier, en 1935, est Stradivari de Geza von Bolvary. Dès 1933, il se rallie au régime hitlérien et sera, avec Karl Ritter, Hans Steinhoff, Herbert Maisch et Gustav Ucicky, l'un des cinéastes les plus proches de l'idéologie du IIIe Reich. La même année, il signe sa première réalisation : Die Pompadour (CO : W. Schmidt-Gentler et H. Helbig) avec Käthe von Nagy. Jusqu'à sa mort, il ne cessera plus de tourner, à l'exception d'une courte interruption, pour les raisons que l'on devine entre 1945 et 1950. Son retour déclenchera d'ailleurs de violentes protestations dans les partis de gauche en Allemagne. Il a évolué avec une certaine aisance de l'idylle romantique (la Sonate à Kreutzer [Die Kreutzersonate, 1937] ; le Voyage à Tilsit [Die Reise nach Tilsit, 1939], remake de l'Aurore de Murnau) au drame propagandiste et idéologique (Crépuscule [Der Herrscher, 1937] d'après Gerhart Hauptmann, qui a pu influencer les Damnés de Visconti), de la peinture acide de la jeunesse (Jeunesse [Jugend], 1938) à la fresque historique (Cœur immortel [Das unsterbliche Herz, 1939] ; le Grand Roi [Der grosse König, 1942] ; Kolberg [1945]). En 1942, il entreprend de donner à l'Europe son grand film en couleurs (procédé Agfa) : la Ville dorée (Die goldene Stadt). Après quoi il se plonge avec délices dans le Lac aux chimères (Immensee, 1943) et Offrande au bien-aimé (Opfergang, 1944), deux mélos échevelés, qu'un certain lyrisme sauve du ridicule. Presque partout, la propagande nazie apparaît en filigrane. Goebbels ne s'y est pas trompé, qui sacra Harlan cinéaste officiel du régime. Par la suite, celui-ci cherche à se disculper dans une autobiographie publiée en 1966 (Im Schatten meiner Filme [le Cinéma selon Goebbels]) qui est un chef-d'œuvre de mauvaise foi. Rien à retenir de la fin de carrière d'Harlan, hormis un film d'aventures à l'exotisme bien éventé, le Tigre de Colombo (en 2 parties : Sterne uber Colombo, 1953 ; Die Gefangene des Maharadscha, 1954) et une peinture ambiguë de l'homosexualité, le Troisième Sexe (Anders als Du und Ich, 1957). L'un de ses derniers films, en 1958, est une bluette : Ich werde dich auf Händen tragen. Il est interprété, comme presque tous les autres, par celle qui fut son égérie et troisième épouse, la plantureuse Kristina Söderbaum. Il est le père du cinéaste Thomas Harlan (Berlin 1929), auteur de Torre Bela (1980), Wundkanal (1984), Souvenance (1990).