Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BALINT (András)

acteur hongrois (Pécs 1943).

Diplômé en 1965 de l'École supérieure des arts dramatiques et du cinéma de Budapest, il débute au théâtre à Pécs, puis joue à Budapest, où il est découvert par István Szabó, qui le lance avec l'Âge des illusions (1965) et lui assure une immédiate popularité. Il lui confie la vedette de plusieurs de ses films : Père (1966), Un film d'amour (1970), 25, rue des Sapeurs (1973) et Contes de Budapest (1977). Simultanément, il travaille avec Jancsó (Ah ! ça ira, 1969 ; Psaume rouge, 1972), Máriássy (Imposteurs, 1969), Kovács (Course de relais, 1971), Johannes Schaaf (Trotta, 1972), Fábri (la Phrase inachevée, 1975), Krisztina Deák (le Livre d'Esther [Eszterkönyv], 1990), Judith Elek (l'Éveil, 1994). Il fait preuve d'élégance et de caractère dans chacune de ses compositions.

BALL (Lucille)

actrice américaine (Celoron, N. Y., 1911 - Los Angeles, Ca., 1989).

Elle débute à Broadway dans l'opérette Rio Rita et à Hollywood comme « Goldwyn Girl » dans des revues musicales. La RKO la cantonne dans des seconds rôles, le plus souvent comiques (Pension d'artistes, G. La Cava, 1937 ; Panique à l'hôtel, W. Seiter, 1938 — avec les Marx Brothers) jusqu'à Dance Girl Dance (D. Arzner, 1940). Tournant pour la MGM, la Paramount ou la Columbia avec Red Skelton ou Bob Hope pour partenaires, elle se spécialise dans le splapstick et la comédie burlesque. Rares sont ses emplois dramatiques : l'Impasse tragique (H. Hathaway, 1946), Des filles disparaissent (D. Sirk, 1947), Easy Living (J. Tourneur, 1949). Elle tourne ensuite notamment deux films de Lloyd Bacon : Miss Grain de Sel (1949) et En plein cirage (1950), puis à partir de 1951 se produit avec son mari Desi Arnaz dans un show télévisé (I Love Lucy), le premier à ne pas être enregistré en direct, qui connaît une popularité et une longévité exceptionnelles. Le couple interprète la Roulotte du plaisir (V. Minnelli, 1954), se consacre ensuite à la société Desilu Productions, qui rachète les studios RKO en 1958 et produit des émissions pour la télévision (The Lucy Show). Les retours épisodiques de l'actrice au cinéma se sont soldés par le désastre de la superproduction musicale Mame (Gene Saks, 1974).

BALLARD (Lucien)

chef opérateur américain (Miami, Okla., 1904 - Rancho Mirage, Ca., 1988).

Il fait ses classes entre 1930 et 1935, sous la férule de Josef von Sternberg, dont il est l'assistant opérateur pour Cœurs brûlés (1930), la Femme et le Pantin (1935), Remords / Crime et Châtiment (id.) et Sa Majesté est de sortie (1936). De ce prestigieux parrainage, Ballard a gardé le sens des nuances subtiles, du sfumato impalpable et du clair-obscur menaçant. Ces qualités sont en évidence dans l'Obsession de Mme Craig (Dorothy Arzner, 1936) et surtout dans Blind Alley (Ch. Vidor, 1939), un des classiques de la série B. Les années 40 et son mariage avec Merle Oberon allaient faire de lui un spécialiste du gros plan satiné et des ambiances « gothiques ». Jack l'éventreur (J. Brahm, 1944), Notre cher amour (This Love of Ours [W. Dieterle], 1946) ou Tentation (Temptation, I. Pichel, 1947) sont de parfaits exemples de cet art. Plus brillant encore, Berlin Express (J. Tourneur, 1948) emprunte parfois la nudité de la lumière néoréaliste. Progressivement, son style se décante et Baïonnette au canon (S. Fuller, 1951) ou Return of the Texan (D. Daves, 1952) sont traités dans un blanc et noir lumineux, mais sec et sobre. Enfin, Raoul Walsh, dans l'Esclave libre (1957) et Un roi et quatre reines (id.), perçoit en Ballard un coloriste émouvant et dépourvu d'afféteries. Sa collaboration avec Sam Peckinpah exaltera cet aspect de sa personnalité et Ballard deviendra le peintre privilégié du crépuscule des cow-boys : Coups de feu dans la Sierra (1962), la Horde sauvage (1969), Junior Bonner (1972). Feuilles rougies, prairies dorées, neiges bleutées, petits matins gris créent dans 100 Dollars pour un shérif (H. Hathaway, 1969) et dans Will Penny, le Solitaire (T. Gries, 1968), une inoubliable atmosphère de fin du monde.

BALLHAUS (Michael)

chef opérateur allemand (Berlin 1935).

Il se fait connaître en 1968-1970 en collaborant à des films de cinéma et de télévision dirigés par quelques représentants du jeune cinéma allemand, Vesely ou les frères Schamoni. Travaillant essentiellement à Munich, il devient entre 1970 et 1978 le chef opérateur de plusieurs films importants de Fassbinder, où il excelle dans la froide représentation des intérieurs bourgeois et petits-bourgeois (les Larmes amères de Petra von Kant, 1972 ; le Droit du plus fort, 1975 ; Maman Kuster s'en va au ciel, id.). On lui doit aussi les images, plus brillantes, de Bolwieser (1977) ; Despair (1978), le Mariage de Maria Braun (1979), du même Fassbinder. Il s'adapte également à des réalisateurs aussi différents que Peter Stein (les Invités, [Sommerga˝ste] 1976) et Rudolf Thome (Made in Germany and USA, 1974) et tourne ensuite avec, notamment, Peter Lilienthal, Jeanine Meerapfel, Walter Bockmayer, Peer Raben. Martin Scorsese l'invite aux États-Unis pour signer les images de After Hours (1985), la Couleur de l'argent (1986), la Dernière Tentation du Christ (1988), les Affranchis (1990), le Temps de l'innocence (1993). On lui doit également les prises de vues de Mort d'un commis voyageur (V. Schlöndorff, 1985), la Ménagerie de verre (P. Newman, 1987), Susie et les Baker Boys (Steve Kloves, 1989), la Liste noire (Guilty by Suspicion, Irwin Winkler, 1990), Malina (W. Schroeter, id.), Dracula (F. Coppola, 1992), le Temps de l'innocence (M. Scorsese, 1994) et la Légende de Bagger Vance (R. Redford, 2000).

BALLING (Erik)

cinéaste danois (Nyborg 1924).

Il remplace en 1952 Ole Palsbo (mort en cours de tournage) pour le film Nous sommes de pauvres pécheurs. Puis il signe notamment Adam et Ève (Adam og Eva, 1953), Kispus (1956), Qivitoq (id., tourné au Groenland), le Poète et sa muse (Poeten og Lillemor, 1959), la Foi, l'Espérance et la Sorcellerie (Tro, Hab og Trolddom, 1960), la Chère Famille (Den Kaere familie, 1962), À l'enseigne du Ciel-de-Lit (2 × 2 im himmelbett, 1965), Frappe le premier Freddy (Sla forst Frede, 1966) — une parodie de James Bond —, Annie Cat (1967) — une comédie musicale —, C'était un samedi soir (Det var en Lørdag aften, 1968), avant de connaître dans son pays un durable succès populaire avec les aventures de la Bande à Olsen (13 films entre 1968 et 1982).