Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FREDA (Riccardo)

cinéaste italien (Alexandrie, Égypte, 1909 - Rome, 1999).

Il étudie la sculpture à Milan et le cinéma au Centro sperimentale de Rome. En 1937, il collabore au scénario de Lasciate ogni speranza (G. Righelli), suivi par d'autres mélodrames et comédies. Il débute à la mise en scène avec Don César de Bazan (Don Cesare di Bazan, 1942), un brillant film de cape et d'épée. Après deux comédies musicales, il tourne l'Aigle Noir (Aquila Nera, 1946), saga aventureuse inspirée par Pouchkine. Il dirige encore des films du même genre, adaptant avec liberté et humour Hugo (l'Évadé du bagne [I miserabili], 1948), Dante (Il conte Ugolino, 1950) ou Dumas (le Fils de D'Artagnan [Il figlio di D'Artagnan], id.). Sa culture historique et littéraire lui permet de réussir des drames en costumes qui devancent la vague à venir des péplums : Spartacus (Spartaco, 1953) ; Théodora, impératrice de Byzance (Teodora, imperatrice di Bisanzio, 1954) ; le Château des amants maudits (Beatrice Cenci, 1956). En 1956, il dirige le premier film fantastique de cet après-guerre : les Vampires (I vampiri), un récit sadique superbement photographié par Mario Bava. Dans la même veine très noire il crée aussi l'Effroyable Secret du docteur Hichcock (L'orribile segreto del dottor Hichcock, 1962, signé sous un pseudonyme, Robert Hampton, qu'il utilisera souvent) et le Spectre du professeur Hichcock (Lo spettro, 1963). Il réalise également quelques-uns des meilleurs péplums, dont le Géant de Thessalie (I giganti della Tessaglia, 1961), Maciste aux enfers (Maciste all'inferno, 1962) et brode quelques variations sur un sujet connu : les Deux Orphelines (Le due orfanelle, 1966). Après un talentueux Roger la Honte réalisé en France (id.), des westerns et des films d'espionnage assez anonymes, il reste inactif jusqu'en 1980, et signe alors un insolite petit film d'horreur, Murder Obsession. Son œuvre passionnante et généreuse aurait mérité une meilleure estime.

FREDERICK (Beatrice Libbey, dite Pauline)

actrice américaine (Boston, Mass., 1883 - Los Angeles, Ca., 1938).

Active au théâtre dès 1902, spécialement dans le musical, Pauline Frederick est venue à l'écran vers 1915. Sa stature imposante et ses larges yeux clairs ont été ses meilleurs atouts. Au cinéma, elle a presque toujours été une femme mûrissante qui souffre de se voir vieillir. Son plus grand succès fut Madame X (F. Lloyd, 1920). Mais ce sont ses créations de quadragénaire tourmentée et jalouse de sa propre fille dans la Femme de quarante ans (C. Brown, 1925) et son rôle dans Comédiennes (E. Lubitsch, id.) que la postérité retiendra.

FREE CINEMA.

Mouvement cinématographique britannique lancé officiellement en février 1956 lors de la présentation par le British Film Institute de trois courts métrages O Dreamland (réalisé en 1953 par Lindsay Anderson), Together (Lorenza Mazzetti, 1955) et Moma Don't Allow (K. Reisz et T. Richardson, id.) dont la projection fut suivie de la lecture d'un manifeste. Cherchant à mettre en application les idées avancées par Anderson et Reisz alors qu'ils étaient rédacteurs de la revue Sequence (de 1946 à 1952), le Free Cinema se situe dans le prolongement de l'école documentariste de Grierson et des films de Jennings, s'opposant essentiellement aux scléroses et aux contraintes du cinéma commercial de son temps, réclamant plus d'engagement social dans le traitement des sujets et plus d'audace dans la description de la réalité quotidienne. En dehors des œuvres citées, quelques courts métrages seulement (Every Day Except Christmas, L. Anderson, 1957 ; We Are the Lambeth Boys, K. Reisz, 1959 ; Terminus, J. Schlesinger, 1961) peuvent se rattacher directement à un mouvement qui s'était développé parallèlement à un autre mouvement contestataire plus général, d'origine littéraire et théâtrale, celui des « Angry Young Men » (les Jeunes Gens en colère). En abordant le long métrage, les jeunes réalisateurs furent obligés d'accepter certaines concessions mais l'esprit du Free Cinema se retrouva dans les films de Tony Richardson (les Corps sauvages, 1959 ; Un goût de miel, 1961 ; la Solitude du coureur de fond, 1962), Lindsay Anderson (le Prix d'un homme, 1963), Karel Reisz (Samedi soir et Dimanche matin, 1960), John Schlesinger (Un amour pas comme les autres, 1962 ; Billy le menteur, 1963), Desmond Davis (la Fille aux yeux verts, 1964).

FREED (Arthur Grossman, dit)

producteur américain (Charleston, S. C., 1894 - Los Angeles, Ca., 1973).

Auteur des textes de chansons (musique : N. H. Brown) souvent utilisées par la MGM, de The Broadway Melody (H. Beaumont, 1929) à Chantons sous la pluie (S. Donen et G. Kelly, 1952), il assiste LeRoy dans la production du Magicien d'Oz (V. Fleming, 1939), avant de devenir le principal producteur MGM de comédies musicales. À la tête d'un véritable atelier, et avec l'aide de Roger Edens, il exerce alors une influence décisive sur ce genre, qui lui doit ses classiques. Soucieux de l'unité de ses films, de leur continuité de ton, il respecte les goûts et les affinités des artistes dont il s'entoure : Berkeley, Minnelli, Walters, Donen, Gene Kelly, Cyd Charisse, Judy Garland, Astaire, le chorégraphe Michael Kidd. S'il prépare minutieusement les projets, cela ne l'empêche ni de laisser beaucoup de liberté à ses collaborateurs ni d'affectionner la fantaisie onirique. Deux des films qu'il produisit gagnèrent l'Oscar du meilleur film : Un Américain à Paris (V. Minnelli, 1951) et Gigi (id., 1958).

Films :

Place au rythme (B. Berkeley, 1939) ; En avant la musique (id., 1940) ; Lady Be Good (N. Z. McLeod, 1941) ; Débuts à Broadway (Berkeley, id.) ; Pour moi et ma mie (id., 1942) ; Un petit coin aux cieux (V. Minnelli, 1943) ; La Du Barry était une dame (R. Del Ruth, id.) ; Best Foot Forward (E. Buzzell, id.) ; le Chant du Missouri (Minnelli, 1944) ; The Clock (id., 1945) ; Yolanda et le voleur (id., id.) ; les Harvey Girls (G. Sidney, 1946) ; Ziegfeld Follies (Minnelli, id.) ; Vive l'amour (C. Walters, 1947) ; Belle Jeunesse (R. Mamoulian, 1948) ; le Pirate (Minnelli, id.) ; Parade de printemps (Walters, id.) ; Match d'amour (Berkeley, 1949) ; Entrons dans la danse (Walters, id.) ; Un jour à New York (Donen et Kelly, id.) ; Annie, reine du cirque (Sidney, 1950) ; Mariage royal (Donen, 1951) ; Show Boat (Sidney, id.) ; Un Américain à Paris (Minnelli, id.) ; la Belle de New York (Walters, 1952) ; Chantons sous la pluie (Donen et Kelly, id.) ; Tous en scène (Minnelli, 1953) ; Brigadoon (id., 1954) ; Beau fixe sur New York (Donen et Kelly, 1955) ; Kismet (Minnelli, id.) ; la Belle de Moscou (Mamoulian, 1957) ; Gigi (Minnelli, 1958) ; Un numéro du tonnerre (id., 1960).