Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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HOUSEMAN (Jacques Haussmann, dit John) (suite)

Il renoue avec le cinéma en 1945. La Paramount l'engage comme producteur associé sur l'Invisible Meurtrier (L. Allen, 1945), puis comme producteur sur le Dahlia bleu (G. Marshall, 1946), deux films écrits par Raymond Chandler. Sa carrière prend son vrai départ en 1948 avec Lettre d'une inconnue de Max Ophuls. Elle s'étendra sur près de vingt ans et sera marquée par un constant souci de qualité et une étroite connivence avec des réalisateurs comme Nicholas Ray (les Amants de la nuit, 1949 ; la Maison dans l'ombre, 1952), Vincente Minnelli (les Ensorcelés, id. ; la Toile de l'araignée, 1955 ; la Vie passionnée de Vincent Van Gogh, 1956 ; Quinze Jours ailleurs, 1962), Joseph L. Mankiewicz (Jules César, 1953), Robert Wise (la Tour des ambitieux, 1954), John Frankenheimer (l'Ange de la violence, 1962) et Sydney Pollack (Propriété interdite, 1966).

Professeur d'art dramatique influent de la Juilliard School, acteur « dilettante », mais d'une imposante présence, on l'a notamment vu dans Sept Jours en mai (J. Frankenheimer, 1964), la Chasse aux diplômes (J. Bridges, 1973), Rollerball (N. Jewison, 1975), le Privé de ces dames (The Cheap Detective, Robert Moore, 1978), The Fog (J. Carpenter, 1980), le Fantôme de Milburn (Ghost Story, John Irvin, 1981) et dans diverses séries et miniséries TV. Il a écrit une remarquable trilogie autobiographique : Run Through (1972), Front and Center (1979), Final Dress (1983).

HOWARD (Leslie Stainer, dit Leslie)

acteur et cinéaste britannique (Londres 1893 - Golfe de Biscaye 1943).

Leslie Howard était une sorte d'affectueuse caricature d'Anglais. Osseux, blond, la mèche tortillée et en bataille, les lunettes de myope, la pipe de l'homme tranquille, le livre ouvert à proximité de la main, la diction calme et la repartie tranchante, il est, comme l'a dit Jeffrey Richards, l'intellectuel britannique devenu héros cinématographique.

Il paraît à l'écran en 1917, mais il tourne peu et ce n'est qu'à la faveur d'une tournée américaine qu'il va vraiment débuter dans Outward Bound en 1930 (Robert Milton). Peu de cinéastes américains ont su faire honneur à sa personnalité si spéciale. Trop souvent, ils l'ont utilisé sans imagination en le faisant paraître fade. Si sa sensibilité vibre assez fort dans Outward Bound et s'il suggère d'une manière impressionnante l'attachement obsessionnel dans Chagrins d'amour (S. Franklin, 1932), Frank Lloyd (Berkeley Square, 1933) ou Archie Mayo (la Forêt pétrifiée, 1936), qui firent de lui un jeune premier, n'ont réussi à lui arracher que des créations molles et stéréotypées. Même un directeur d'acteurs aussi fin que Clarence Brown s'est laissé prendre à ses dehors en lui donnant le rôle du terne fiancé de Norma Shearer dans Âmes libres (1931). En même temps, en Angleterre, où il revenait périodiquement, des cinéastes moins prestigieux comme Harold Young faisaient honneur à son humour malicieux et à son sens de la composition comique, par exemple dans la superproduction le Mouron rouge (The Scarlet Pimpernel, 1935). D'une manière générale, l'humour a mieux réussi à Leslie Howard que le drame : il est éblouissant de verve en cabotin fat dans l'Aventure de minuit (It's Love I'm After, A. Mayo, 1937), et Tay Garnett a découvert chez lui un côté Harold Lloyd, inattendu mais irrésistible (Monsieur Dodd part pour Hollywood, id.). Bette Davis fut pour Howard une excellente partenaire, son abattage et ses tendances à l'excès réveillant les fibres les plus secrètes du comédien : ainsi sa composition d'étudiant en médecine maladif et boiteux dans l'Emprise (J. Cromwell, 1934) est-elle saisissante et finalement plus attachante que celle, trop apprêtée, de sa partenaire.

Ce film prouvait que le grand talent de Leslie Howard pouvait aisément surmonter les pires handicaps : il était trop âgé pour le rôle, comme il le fut pour Roméo et Juliette (G. Cukor, 1936), ce qui ne l'empêcha pas de conférer à son jeu une émotion juvénile qui, la surprise des premiers instants passée, balaye tout.

Il accepta son personnage le plus célèbre, Ashley Wilkes dans Autant en emporte le vent (V. Fleming, 1939), pour que David O. Selznick lui laisse tourner Intermezzo (G. Ratoff, id.). Malgré une réalisation sans envergure, sa finesse et celle d'Ingrid Bergman suffirent à donner au film l'émotion nécessaire.

Sa meilleure création est celle du professeur Higgins dans Pygmalion (A. Asquith, 1938), qu'il coréalisa. Très différente de celle de Rex Harrison dans le My Fair Lady de Cukor, plus rentrée, plus secrète, son interprétation cerne admirablement le personnage : un intellectuel pudique qui dissimule sa sensibilité sous le sarcasme et l'ironie. Pendant la guerre, en Angleterre, il interpréta l'intéressant 49e Parallèle (M. Powell, 1941), réalisa trois films (Pimpernel Smith, id. ; The First of the Few, 1942 ; The Gentle Sex ; CO : M. Elvey, 1943) et prêta sa voix à la propagande antinazie à la radio. En 1943, il s'embarqua pour une série de conférences en faveur des Alliés. Son avion fut abattu. L'Angleterre perdait un de ses plus grands comédiens.

HOWARD (Ronnie, dit Ron)

acteur et cinéaste américain (Duncan, Ok., 1953).

Acteur enfant doué (il était le petit rouquin de Il faut marier papa, V. Minnelli, 1963), acteur adolescent attachant (American Graffiti, G. Lucas, 1973), puis idole de la télévision (la série à succès Happy Days), Ron Howard aurait pu se laisser porter par le succès facile. Mais il voulait être réalisateur. Ce qu'il fait très modestement depuis 1977. Il a maintenant abandonné sa carrière d'acteur pour devenir l'un des cinéastes les plus fiables et les moins prétentieux du cinéma commercial. Sa modestie sympathique ne le met pas à l'abri d'une certaine mièvrerie (Splash, id., 1984), pourtant souvent drôle (Cocoon, id., 1985), voire d'une certaine platitude : Horizons lointains (Far and Away, 1992). Il a cependant le sens de la fable (Willow, id., 1988) et du spectaculaire (l'impressionnant Backdraft, id., 1991). C'est aussi, comme l'annonçait ce dernier film, un excellent directeur d'acteurs capable de réussir de bonnes comédies vivement enlevées : Portrait d'une famille modèle (Parenthood, 1989) ; le Journal (The Paper, 1993). Il est dommage qu'il limite parfois son savoir-faire à des productions trop lourdes comme Apollo 13 (id., 1995) ou la Rançon (Ransom, 1997).