Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KÓSA (Ferenc) (suite)

Ses films suivants ont quelque peu déçu. Le mélange fragile et merveilleux de précision narrative, de messianisme naïf et d'équilibre plastique qui avait soutenu Dix Mille Soleils ne se retrouve ni dans Hors du temps ni dans Chute de neige, deux œuvres de moraliste, qui renvoient moins à l'histoire qu'elles ne sont le lieu d'une assomption. Portrait d'un champion, pourtant, est un reportage polémique et humaniste de la meilleure veine. Le Match, au contraire, s'englue dans une reconstitution polémique de la Hongrie aux temps staliniens, en retrait sur nombre de films réalisés sur le même sujet au cours de la décennie précédente.

Films  :

Dix Mille Soleils (Tízezer nap, 1967) ; Jugement (Ítélet, 1970) ; Hors du temps (Nincs idő, 1973) ; Chute de neige (Hószakadás, 1974) ; Portrait d'un champion (Küldetés, 1977) ; le Match (A. Mérkőzés, 1981) ; Guernica (1982) ; le Droit au dernier mot (Az utolsó szó jogán, DOC, 1987) ; Un autre (A másik ember, 1988).

KOSCINA (Sylva)

actrice yougoslave (Zagreb, Croatie, 1933 - Rome 1994).

Dès 1945, elle vit en Italie et débute avec deux rôles importants dans le Disque rouge (P. Germi, 1956) et dans Guendalina (A. Lattuada, 1957). Elle est exploitée ensuite pour son physique provocant dans de nombreux péplums et comédies, dont Michel Strogoff (C. Gallone, 1956), La nonna Sabella (D. Risi, 1957), les Travaux d'Hercule (Le fatiche di Ercole, Pietro Francisci, 1958), Mogli pericolose (L. Comencini, id.), Femmes d'un été (G. Franciolini, id.), Les temps sont durs pour les vampires (Steno, 1959), Cyrano et d'Artagnan (A. Gance, 1963), Parlons femmes (E. Scola, 1964), Judex (G. Franju, id.). Dans Juliette des esprits (F. Fellini, 1965), et surtout dans un épisode de Une poule, un train et quelques monstres (Risi, 1969), elle crée une élégante parodie de son personnage habituel de vamp évaporée. Ensuite, elle interprète plusieurs films érotiques et se voue aussi au théâtre de variétés.

KOSMA (Joseph)

musicien français d'origine hongroise (Budapest 1905 - La Roche-Guyon 1969).

Les Feuilles mortes, Démons et merveilles, les Enfants qui s'aiment, Méfiez-vous de Paris... : ces chansons, dont beaucoup ont été popularisées par le cinéma, suffisent à situer l'art de Joseph Kosma : dans la lignée de Maurice Jaubert, celle d'une authentique musique populaire, ancrée dans la réalité quotidienne et l'enrobant d'une fine pellicule de poésie, prolongement idéal des dialogues de Jacques Prévert, avec un zeste de préciosité « tzigane » qui lui appartient en propre.

Après des études au conservatoire Franz Liszt de Budapest, Joseph Kosma fut nommé chef d'orchestre assistant à l'Opéra de sa ville natale. Une bourse lui permet de partir pour Berlin en 1929 : il y subit l'influence de Brecht et de Kurt Weill. Il se fixe à Paris en 1933 (il sera naturalisé français en 1949), et met en musique des poèmes de Prévert, Apollinaire, Carco, Desnos, Queneau. L'un de ses premiers travaux pour le cinéma est la chanson de Florelle pour le Crime de monsieur Lange de Jean Renoir (1936), sur un texte de Prévert :

« Au jour le jour

À la nuit la nuit

À la belle étoile

C'est pour ça que je vis... »

Sa première partition officielle sera Jenny de Marcel Carné (1936). Puis il fait équipe avec Renoir, signant notamment la « symphonie du rail » de la Bête humaine et les arrangements de musique classique de la Marseillaise et de la Règle du jeu. Sous l'Occupation, il travaille — clandestinement — aux côtés de Maurice Thiriet pour les Visiteurs du soir et les Enfants du paradis. Après la guerre, sa production s'intensifie : les Portes de la nuit, Voyage surprise, le Petit Soldat, les Amants de Vérone, la Bergère et le Ramoneur (toujours sous l'égide de son ami Prévert), mais aussi le Sang des bêtes de Franju, Au grand balcon d'Henri Decoin, Juliette ou la Clé des songes de Carné (film qui lui vaut le prix de la meilleure partition musicale au festival de Cannes 1951), presque tous les films de Jean-Paul Le Chanois, Grand'Rue de Bardem, Cela s'appelle l'aurore de Buñuel, etc. Retour à Renoir avec la musique de scène d'Orvet (1955), l'air des bohémiens d'Élena et les hommes, la flûte de Pan du Déjeuner sur l'herbe, la musique dans les ténèbres du Testament du docteur Cordelier. Kosma est aussi l'auteur de ballets pour Roland Petit et Yvette Chauviré, d'oratorios (les Ponts de Paris, À l'assaut du ciel) et d'un opéra, les Canuts, créé à Budapest et repris à Lyon en 1964. Dédaignée de certains puristes (tel François Porcile, qui l'ignore dans son livre sur la musique de film), la « petite musique de nuit » de Joseph Kosma a marqué de son empreinte discrète une époque du cinéma français.

KOSTER (Hermann Kosterlitz, dit Henry)

cinéaste américain d'origine allemande (Berlin 1905 - Camario, Ca., É.-U, 1988).

Décorateur de théâtre, critique de cinéma, scénariste (1925-1930), il émigre en France dès 1933. Après avoir dirigé quelques productions hybrides en Europe, il part pour Hollywood et a la chance de sauver Universal de la faillite en « lançant » Deanna Durbin (Trois Jeunes Filles à la page [Three Smart Girls], 1936). Après quelque dix films joués et chantés par elle (sans oublier la Coqueluche de Paris [The Rage of Paris], 1938, avec Danielle Darrieux), sa réputation est telle qu'il ne cessera plus de travailler, réussissant notamment certaines comédies : Du burlesque à l'Opéra (Two Sisters From Boston, 1946) ; Vive Monsieur le Maire (The Inspector General, 1949) ; Harvey (1950) ; Mon homme Godfrey (My Man Godfrey, 1957). Mais il s'est aussi essayé, dans une production peut-être trop abondante, au drame romantique : Ma cousine Rachel (My Cousin Rachel, 1953), voire au film « en costumes » : Désirée (1954) ; la Maja nue / The Naked Maja / La Maja desnuda (1959). Il a dirigé avec une remarquable compétence le premier film en CinémaScope : la Tunique (The Robe, 1953). Il demeura un bon directeur d'acteurs jusque dans la chinoiserie d'Au rythme des tambours fleuris (Flower Drum Song, 1961). Mais la catastrophe de Dominique (The Singing Nun, 1966) semble avoir clos sa carrière d'habile faiseur.