Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SCHAMONI (Thomas)

cinéaste allemand (Berlin 1936).

Fils de Victor Schamoni, frère de Peter et d'Ulrich, il est opérateur de télévision en 1959, puis dirige, à partir de 1962, téléfilms, documentaires, courts métrages. Il a réalisé un long métrage cinématographique Un grand oiseau gris-bleu (Ein grosser graublauer Vogel) en 1970, mais il travaille presque exclusivement pour la télévision.

SCHAMONI (Ulrich)

cinéaste allemand (Berlin 1939 - id. 1998).

Le plus jeune des frères Schamoni réalise son premier long métrage en 1965 (Es), une œuvre très personnelle qui est, chronologiquement, le premier long métrage du jeune cinéma allemand, et qui est suivie, en 1967, d'un film de la même veine, la Fleur de l'âge (Alle Jahre wieder). Il tourne quatre autres longs métrages (dont Chapeau-claque, id., 1973), et se consacre à partir de 1974 à la télévision. En 1980, il est revenu au cinéma avec la Maison des rêves (Das Traumhaus). Il est le scénariste de tous ses films.

SCHARY (Dore)

scénariste et producteur américain (Newark, N. J., 1905 - New York, N. Y., 1980).

Tout en travaillant comme serveur dans des camps de vacances juifs des Catskills, il participe à de petits spectacles, avant de devenir acteur professionnel, journaliste et auteur dramatique sans grand succès. Il entre à la Columbia comme scénariste en 1932, puis écrit en indépendant, ou avec des contrats à court terme, pour les grands studios. Il obtient l'Oscar du meilleur scénario original en 1938 pour Des hommes sont nés (Boy's Town, N. Taurog). Il devient directeur de sa propre unité de production à la MGM en 1942, pour en partir l'année suivante, après que le studio eut refusé de tourner un de ses sujets, Storm in the West (auquel participa l'écrivain Sinclair Lewis). Après une période de collaboration avec David O. Selznick, il entre à la RKO en 1947 comme responsable de la production. Un conflit avec Howard Hughes le fait revenir à la MGM comme vice-président en 1948. Il prend la direction de la célèbre firme trois ans plus tard, après le départ de Mayer. Renvoyé en 1956 à l'occasion d'une crise interne, il retourne à Broadway comme producteur et auteur. (Sunrise at Campobello [1958], porté à l'écran en 1960 par Vincent J. Donehue, obtient cinq Oscars.)

Comme producteur, il s'est efforcé de faire réaliser des films variés, des divertissements de prestige — films d'aventures, westerns (Convoi de femmes [Westward the Women], W. Wellman, 1951) — comme des films à sujets graves et ambitieux, où il s'attaque à toutes formes d'intolérance : Feux croisés (E. Dmytryk, 1947), premier film hollywoodien s'en prenant à l'antisémitisme, le Garçon aux cheveux verts (J. Losey, 1948), la Toile d'araignée (V. Minnelli, 1955), sur les tensions au sein du personnel d'un hôpital psychiatrique. Un homme est passé (J. Sturges, 1956) évoque l'ostracisme d'une petite ville provinciale, comme en 1950, déjà, la Porte du diable (A. Mann) dénonçait le sort d'un Indien (Robert Taylor) rejeté, une fois la guerre de Sécession terminée, par ses anciens compagnons d'armes blancs.

Forte personnalité s'accommodant mal des contraintes du système hollywoodien — ses nombreux conflits en témoignent —, il s'est constamment dressé contre la censure idéologique imposée à l'époque du maccarthysme et est resté un des très rares producteurs à s'opposer aux listes noires. Il fut l'un des plus grands producteurs hollywoodiens.

SCHATZBERG (Jerry)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1927).

Il fut l'un des artisans majeurs de la renaissance du cinéma américain au début des années 70, mais, contrairement à ses confrères, il ne sortait ni de l'université, ni des productions Corman, ni de la télévision. Schatzberg fut l'un des plus brillants photographes des années 60, travaillant pour Vogue et McCall's, s'imposant dans la photo de mode tout en signant des portraits de personnalités célèbres, des scènes de rue, des paysages. Le sens du cadre, l'observation des modèles, la curiosité pour la vie quotidienne le préparaient au métier de réalisateur. On retrouve en effet dans ses films une grande qualité plastique, une direction d'acteurs d'un naturel parfait et un goût pour les rapports humains et la vie de l'Amérique contemporaine. Pour ses débuts au cinéma, il signe Portrait d'une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child, 1970), film à la narration complexe qui retrace subjectivement la vie d'une cover-girl (interprétée par Faye Dunaway) victime d'une dépression nerveuse. Le film frappe par sa nouveauté, sa sensibilité écorchée et son raffinement. Panique à Needle Park (The Panic in Needle Park, 1971) est une autre plongée dans la détresse humaine, celle d'un couple de drogués d'une grande ville filmés avec un réalisme impitoyable mais aussi chaleur et compassion. Al Pacino y fait ses débuts de vedette à l'écran. L'Épouvantail (Scarecrow, 1973) vaut à Schatzberg la Palme d'or du festival de Cannes. Al Pacino encore et Gene Hackman campent un couple de clochards qui traversent l'Amérique à la poursuite de leur rêve. Film lyrique, truculent, déchirant, picaresque, l'Épouvantail brosse les genres et les registres d'émotion avec une simplicité apparente qui est le fruit d'une grande maîtrise. Après ces trois films ambitieux qui n'eurent qu'un maigre succès commercial, Schatzberg allait faire preuve de son talent dans des entreprises plus modestes mais qui toutes, avec justesse et sensibilité, font le portrait d'Américains d'aujourd'hui : Vol à la tire (Sweet Revenge/Dandy, the All American Girl, 1976), sur une jeune délinquante qui dérobe des voitures pour s'acheter une Ferrari, la Vie privée d'un sénateur (The Seduction of Joe Tynan, 1979), sur la vie privée et professionnelle d'un sénateur, Show Bus (Honeysuckle Rose, 1980), sur les amours et les tournées d'un chanteur folk joué par Willie Nelson, Besoin d'amour (Misunderstood, 1983), remake de l'Incompris de Comencini, situé cette fois en Tunisie, et enfin No Small Affair (1984), sur la passion d'un jeune photographe pour une chanteuse. En 1987, il réalise la Rue (Street Smart), un mélodrame urbain qui dénonce et explique les relations ambiguës de la société et de la pègre et qui donne une perspicace analyse de la puissance des médias. L'Ami retrouvé (Reunion, 1989) dont le scénario est dû à Harold Pinter d'après un court roman de Fred Uhlman prend pour thème, avec en toile de fond la montée du nazisme en Allemagne, la quête d'une amitié d'enfance disparue dans la tourmente historique. Schatzberg s'éloigne ensuite des studios pendant une dizaine d'années mais revient à la mise en scène en 2000 pour tourner The Day the Ponies Come Back. Dans un cinéma américain de plus en plus dominé par les effets spéciaux et les effets tout court, Schatzberg a persisté à jouer sa petite musique où s'expriment les sentiments sans sentimentalisme et la beauté du monde sans que les images de cet ancien photographe ne deviennent jamais de « jolies » images. ▲