Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DUVIVIER (Julien) (suite)

Films 

Haceldama ou le Prix du sang (1919) ; la Réincarnation de Serge Renaudier (1920) ; les Roquevillard (1922) ; l'Ouragan dans la montagne (id.) ; le Logis de l'horreur (Der Unheimliche Gast, id.) ; l'Œuvre immortelle (1923) ; le Reflet de Claude Mercœur (id.) ; la Tragédie de Lourdes (id.) ; Cœurs farouches (1924) ; la Machine à refaire la vie (id., CO H. Lepage) ; l'Abbé Constantin (1925) ; Poil de carotte (id.) ; l'Homme à l'Hispano (1926) ; l'Agonie de Jérusalem (1927) ; le Mariage de mademoiselle Beulemans (id.) ; le Tourbillon de Paris (1928) ; les Mystères de la tour Eiffel (id.) ; la Divine Croisière (1929) ; la Vie miraculeuse de Thérèse Martin (id.) ; Au bonheur des dames (1930) ; Maman Colibri (id.) ; David Golder (1931) ; les Cinq Gentlemen maudits/Sous la Lune du Maroc (id., et la vers. all. : Die fünf Verfluchten Gentlemen) ; Poil de carotte (1932) ; la Vénus du collège (id.) ; Allo Berlin ? Ici Paris ! (id., et la vers. all. : Hallo Hallo ! Hier spricht Berlin !) ; la Tête d'un homme (1933) ; le Petit Roi (id.) ; la Machine à refaire la vie (id.) ; le Paquebot Tenacity (1934) ; Maria Chapdelaine (id.) ; Golgotha (1935) ; la Bandera (id.) ; la Belle Équipe (1936) ; le Golem (id.) ; l'Homme du jour (1937) ; Pépé le Moko (id.) ; Un carnet de bal (id.) ; Toute la ville danse (The Great Waltz, 1938) ; la Fin du jour (1939) ; la Charrette fantôme (1940) ; Lydia (1941) ; Six Destins (Tales of Manhattan, 1942) ; Obsessions (Flesh and Fantasy, 1943) ; l'Imposteur (The Impostor, 1944) ; Untel père et fils (1945, 1940) ; Panique (1947) ; Anna Karenine (1948) ; Au royaume des cieux (1949) ; Black Jack (1950) ; Sous le ciel de Paris (1951) ; le Petit Monde de Don Camillo (1952) ; la Fête à Henriette (id.) ; le Retour de Don Camillo (1953) ; l'Affaire Maurizius (1954) ; Marianne de ma jeunesse (1955) ; Voici le temps des assassins (1956) ; l'Homme à l'imperméable (1957) ; Pot-Bouille (id.) ; la Femme et le Pantin (1959) ; Marie-Octobre (id.) ; la Grande Vie (Das Kunstseidene Mädchen, 1960) ; Boulevard (id.) ; la Chambre ardente (1962) ; le Diable et les Dix Commandements (id.) ; Chair de poule (1963) ; Diaboliquement vôtre (1967).

DUX (Pierre Alexis Martin Vargas, dit Pierre)

acteur français (Paris 1908 - id. 1990).

Le théâtre a été sa vie. Ses parents étaient dans le métier et il fit carrière à la Comédie-Française, dont il devint finalement le directeur. Ses apparitions à l'écran au cours des années 30 – dont le Mariage de Mlle Beulemans de Jean Choux (1932) et Piano à vendre de René Jayet (1934) – sont suivies de participations plus fréquentes et plus denses après la guerre : Patrie de L. Daquin (1946, d'après une pièce de Victorien Sardou), les Dernières Vacances de R. Leenhardt (1948), puis les Grandes Manœuvres de R. Clair (1955), ainsi que Paris brûle-t-il ? de R. Clément (1966)... Il est presque indispensable aux adaptations de pièces de boulevard, et il compose des personnages antipathiques pour un cinéaste engagé comme Costa-Gavras (Z en 1969 et Section spéciale en 1975). On peut le voir également dans des films assez originaux comme la Lectrice (1988) de M. Deville (dans un rôle de magistrat, sa spécialité), ou Plein Sud de Luc Béraud (1981).

DVORAK (Ann McKin, dite Ann)

actrice américaine (New York, N. Y., 1912 - Honolulu, Hawaii, 1979).

Enfant de la balle et actrice-enfant au muet, Ann Dvorak n'a jamais été une star. Mais elle est une de ces actrices sûres qui ont été les piliers du cinéma hollywoodien. La composition tragique lui sied particulièrement : Cesca, trouble et innocente, sœur de Scarface (H. Hawks, 1932) ; bourgeoise instable, acharnée rageusement à sa propre perte dans Une allumette à trois (M. LeRoy, id.) ; frénétique et fatale dans l'Étrange Passion de Molly Louvain (M. Curtiz, id.). Quelques minutes lui suffisent pour créer un personnage en profondeur : ainsi sa fulgurante apparition en mannequin vieilli et suicidaire dans Ma vie à moi (G. Cukor, 1950). Elle reprend même, avec panache, le rôle d'Arletty dans la version américaine du Jour se lève (The Long Night, A. Litvak, 1947).

DWAN (Joseph Aloysius, dit Allan)

cinéaste américain d'origine canadienne (Toronto, Ontario, 1885 - Los Angeles, Ca., 1981).

Allan Dwan naît au Canada dans une famille d'origine irlandaise qui émigre bientôt à Detroit puis à Chicago, déjà métropole florissante. Il reçoit, dans la prestigieuse Université catholique de Notre-Dame (Ind.), une formation d'ingénieur. Il invente une lampe à vapeur de mercure qui est remarquée par la compagnie Essanay, ce qui l'introduit dans le monde des pionniers du cinéma. Il écrit des scénarios, puis assure des mises en scène pour l'American Film Manufacturing Company, issue d'Essanay. De 1911 à 1913, Dwan est en Californie, dirigeant ou supervisant des centaines de films brefs, généralement d'une bobine, souvent des westerns. Embauché à l'Universal, il réalise pour cette compagnie son premier long métrage, Richelieu (1914), passe aux Famous Players (New York), enfin à la Triangle, compagnie dirigée par Griffith, pour lequel Dwan professe une vive admiration. Il dirige notamment Douglas Fairbanks, Dorothy et Lillian Gish. Il collabore en tant qu'ingénieur au célèbre plan à la grue d'Intolérance (Griffith, 1916). En 1922, il signe Robin des Bois (Robin Hood), l'une des plus importantes productions du cinéma muet américain, dont il ne fait cependant pas de doute que le véritable « auteur » est Douglas Fairbanks lui-même. Les décors (dus à Wilfred Buckland), la photographie (par Arthur Edeson), la direction des scènes de foule en sont remarquables. Alors au sommet de sa carrière, Dwan dirige Gloria Swanson : Zaza (id., 1923), Tricheuse (Manhandled, 1924), Vedette (Stage Struck, 1925), etc. En 1926, il commence à travailler pour la Fox, où il demeurera jusqu'en 1941. L'avènement du parlant réduit considérablement ses moyens d'action sinon son activité, même si l'on peut noter tel titre intéressant (Chances, 1931). Il dirige notamment Shirley Temple : Heidi (id., 1937), à l'esthétique méticuleusement kitsch. Il revient enfin à la grande production — et au film historique — avec Suez (id. 1938), biographie romancée de Ferdinand de Lesseps, avec Tyrone Power, Loretta Young et Annabella, et d'excellents effets spéciaux. La qualité de sa production est, de nouveau, inégale : de tristes farces avec les frères Ritz, les Trois Louf'quetaires (The Three Musketeers, 1939), le Gorille (The Gorilla, id.), voisinent avec un bon western, Frontier Marshall (1939), où Randolph Scott tient le rôle de Wyatt Earp. De 1945 à 1956, Dwan travaille pour la petite compagnie Republic et donne par intermittence libre cours à son inspiration profonde, élégiaque et intimiste plus que spectaculaire. Ainsi Driftwood (1947), attachant conte sentimental, avec Natalie Wood dans le rôle d'une petite orpheline, sorte de Heidi du Far West, ou Angel in Exile (CO Philip Ford, 1948). En 1949, Iwo-Jima (Sands of Iwo Jima), film de guerre important et efficace, avec John Wayne, prélude aux Douze Salopards d'Aldrich. Enfin, de 1954 à 1958, Dwan réalise encore une série de films à très petit budget, produits par Benedict Bogeaus : Quatre Étranges Cavaliers (Silver Lode, 1954), le Bagarreur du Tennessee / Le mariage est pour demain (Tennessee's Partner, 1955) d'après Bret Harte, Deux Rouquines dans la bagarre (Slightly Scarlet, 1956), adaptation de James Cain, avec Rhonda Fleming et Arlene Dahl, Le Bord de la rivière (The River's Edge, 1957), dont l'argument marque une sorte de retour aux westerns des débuts de sa carrière, la Ville de la vengeance (The Restless Breed, id.), l'Île enchantée (Enchanted Island, 1958) d'après Typee de Melville, à l'inspiration primitiviste, enfin The Most Dangerous Man Alive (1961, [ 1958]), film de science-fiction d'une très grande sobriété d'effets, dont le remake fictif servira de point de départ à l'État des choses de Wim Wenders (1982).