Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BALOGUN (Ola)

cinéaste nigérian (Aba 1945).

Après des études à Lagos, Dakar, Caen et à l'IDHEC (1968), il obtient un poste à l'université d'Ife au Nigeria. Il dirige le Centre audio-visuel du musée de Lagos. En 1972, il tourne Alpha, son premier film, sur le thème de l'exil. Un des rares cinéastes africains à travailler régulièrement, il signe quinze films entre 1972 et 1980 (dont la moitié de courts métrages). L'insertion du cinéma dans la vie africaine et la nécessité de communiquer avec le public le préoccupent, d'où son attention aux possibilités du musical. Citons Ajani Ogun (1975), Muzik Man (1976), Black Goddess (1978), et puis l'excellent Money Power (1982), satire de la corruption. Cinéaste indépendant, il fonde en 1974 l'Afrocult Foundation Ltd, société de production et d'action culturelle. La langue parlée est l'uruba.

BALPÉTRÉ (Antoine)

acteur français (Lyon 1898 - Paris 1963).

Massif et pourvu d'une belle voix de tragédien, il est un des acteurs favoris de Cayatte : Justice est faite (1950), Nous sommes tous des assassins (1952), le Dossier noir (1955). Après un séjour glorieux à l'Odéon, il entre à la Comédie-Française en 1934 ; ses démêlés avec la maison de Molière consécutifs à l'épuration qui l'en chasse sont relatés dans son livre Comédies chez Molière. Il s'est fait apprécier dans le Corbeau (H.-G. Clouzot, 1943), la Main du diable (M. Tourneur, id.), le Journal d'un curé de campagne (R. Bresson, 1951), le Plaisir (Max Ophuls, 1952).

BALSAM (Martin)

acteur américain (New York, N. Y., 1919 - Rome, Italie, 1996).

Membre de l'Actors Studio, il s'illustre à la scène sous la direction d'Elia Kazan, qui le fait débuter à l'écran dans Sur les quais, en 1954. Son physique carré, sa robustesse placide l'amènent à jouer le plus souvent des hommes de confiance, des professionnels dévoués et sûrs : le détective Arbogast dans Psychose (A. Hitchcock, 1960), un conseiller de la Maison-Blanche dans Sept Jours en mai (J. Frankenheimer, 1964), un officier dans Aux postes de combat (J. B. Harris, 1965), un directeur de compagnie ferroviaire dans le Crime de l'Orient-Express (S. Lumet, 1974), un journaliste dans les Hommes du Président (A. J. Pakula, 1976). Il reçoit un Oscar (« Best supporting actor ») pour A Thousand Clowns de Fred Coe en 1965. On le retrouve en 1986 dans Second Serve d'Anthony Page et en 1991 dans les Nerfs à vif (M. Scorsese).

BÁN (Frigyes)

cinéaste hongrois (Kassa [auj. Košice, Tchécoslovaquie]1902 - Budapest 1969).

S'intéressant très tôt au cinéma, Bán ne peut y faire ses premiers pas qu'en 1934, après un long détour par le théâtre. Il travaille alors comme directeur de production, assistant, monteur et scénariste. Le premier de ses 33 films, comme ceux qui suivront, lui vaut les faveurs du public : Mátyás, redresseur de torts (Mátyás rendet csinál, 1939). Au cours d'une carrière bien remplie, Bán sait aborder tous les genres. Mais c'est à Un lopin de terre (Talpalatnyi föld, 1948), un vigoureux drame paysan réalisé après la nationalisation du cinéma hongrois, qu'il doit sa notoriété. Par la suite, il va insuffler vie à quelques pages mémorables de l'histoire nationale, évoquant tour à tour la noble figure du Dr Semmelweis, les luttes du prince Rákóczi et celles des Jacobins hongrois.

BANCROFT (Anna Maria Italiano, dite Anne)

actrice américaine (New York, N. Y., 1931).

Après une brève carrière à la télévision new-yorkaise, elle signe un contrat avec la Fox et débute à l'écran dans Troublez-moi ce soir (R. Baker, 1952). Durant deux ans, elle joue le plus souvent les utilités, tournant avec un bonheur variable dans : le Trésor du Guatemala (Treasure of the Golden Condor) et les Gladiateurs [Demetrius and the Gladiators] (D. Daves, 1953 et 1954), The Raid (H. Fregonese, 1954) et Gorilla at Large (Harmon Jones, id.). Redevenue indépendante, elle travaille sous la direction d'Anthony Mann (la Charge des Tuniques bleues, 1955), Jacques Tourneur (Night-fall, 1957) et Allan Dwan (la Ville de la vengeance, id.), sans parvenir pour autant à se trouver un registre précis. Après cinq années chaotiques et frustrantes, elle rompt avec Hollywood et se révèle à Broadway grâce à Two for the Seesaw, qui marque le début d'une fructueuse association avec William Gibson et Arthur Penn. En 1959, le trio remporte un nouveau triomphe avec The Miracle Worker.

Elle fait un retour en force à l'écran dans l'adaptation de cette pièce, un des films les plus intenses et les plus lyriques de Penn (1962). À trente ans, elle réalise enfin son potentiel et trouve là son personnage. Sa seconde carrière fait d'elle une femme à poigne : éducatrice, médecin (Frontière chinoise, J. Ford, 1966), avocate (Viol et Châtiment [Lipstick], Lamont Johnson, 1976), danseuse (le Tournant de la vie, H. Ross, 1977) ou comédienne (Elephant Man, David Lynch, 1980), elle possède les qualités et le tempérament nécessaires à la réussite sociale. Elle n'en paie pas moins son tribut à des stéréotypes toujours vivaces : la névrose (le Mangeur de citrouille, J. Clayton, 1964), l'abandon (le Lauréat, M. Nichols, 1967) ou le suicide (Frontière chinoise) sanctionnent fréquemment son non-conformisme. Dans ses conquêtes comme dans ses malheurs, celle qui fut la Marie-Madeleine du Jésus de Nazareth de Zeffirelli (1977) reflète ainsi les ambivalences des années 60, qu'elle prend en charge et parvient à tourner à son avantage. Actrice éminemment moderne, ce sont en effet les genres les plus datés — aventures orientales (Frontière chinoise), ou confrontation mélodramatique entre deux femmes, à la mode des années 40 (le Tournant de la vie) — qui mettent le plus en valeur son acidité, son expressivité et son allant. Sa première réalisation, Fatso (1980), une comédie à l'italienne, produite sous l'égide de son mari Mel Brooks et avec les complices habituels de ce dernier, se signale en revanche par un humour et un sentimentalisme des plus épais. Elle apparaît ensuite dans Night Mother (Tom Moore, 1986), 84 Charing Cross Road (David Jones, 1987), Torch Song Trilogy (Paul Bogart, 1990), Week-end en famille (J. Foster, 1996), Sunchaser (M. Cimino, id.) et dans De grandes espérances (Great Expectations, Alfonso Cuaron, 1998).