Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LUCIA (Luis)

cinéaste espagnol (Valence 1914 - Madrid 1984).

Il commence l'une des plus prolifiques carrières de metteur en scène de l'après-guerre avec El 13-13 (1943). Il exploitera tous les genres en vogue dans les trente ans qui suivent : le film historique (La princesa de los Ursinos, 1947) ; l'espagnolade (El sueño de Andalucía, 1950 ; Lola la Piconera, 1951 ; Un caballero andaluz, 1954 ; Morena Clara, id.) ; le film religieux, dans ses variantes décontractées (la Belle Andalouse [La hermana San Sulpicio], 1952 ; La hermana Alegría, 1954) ou sinistres (Molokai, 1959) ; le film à protagoniste enfantin, soit avec Marisol (Un rayo de luz, 1960), soit avec Rocío Dúrcal (Canción de juventud, 1962), soit Ana Belén (Zampo y yo, 1965).

LUDWIG (Edward)

cinéaste américain (Russie 1895 - Santa Monica, Ca., 1982).

Ses débuts, dans la comédie de mœurs, n'ont pas tellement laissé de traces dans les mémoires, malgré le charme d'Aventure à Manhattan (Adventure in Manhattan, avec Jean Arthur et Joel MacCrea, en 1936). Un policier réussi pour Edward G. Robinson (le Dernier Gangster [The Last Gangster], 1937) et un film de guerre avec John Wayne (Les Marines attaquent [Fighting Seabees], 1944) annonçaient mal la réussite du Réveil de la sorcière rouge (Wake of the Red Witch, 1948, avec John Wayne et Gail Russell), un classique du film de pirates. C'est dans le film d'aventures, l'Appel de l'or (Jivaro, 1954), mais surtout d'aventures maritimes, qu'il devait trouver sa voie : le Trésor des Caraïbes (Caribbean, 1952) et Songaree (1953). Après des tentatives diversement intéressantes (la Femme du hasard [Flame of the Island], 1955 ; le Scorpion noir [The Black Scorpion], 1957), Ludwig s'est surtout consacré à la télévision. Son dernier film est un western nostalgique avec Rory Calhoun et Virginia Mayo, le Justicier de l'Ouest (The Gun Hawk, 1963).

LUGOSI (Bela Blasko, dit Bela)

acteur américain d'origine hongroise (Lugos 1882 - Los Angeles, Ca., 1956).

Vedette du théâtre et du cinéma hongrois (parfois sous le pseudonyme d'Arisztid Olt), son activité politique durant la république des Conseils l'oblige à s'exiler en 1919, d'abord en Allemagne, où il interprète quelques films, puis aux États-Unis. C'est là qu'il rencontre le rôle de sa vie, celui du comte Dracula qu'il interprétera d'abord à Broadway (1928) et en tournée (1929-30) avant de le reprendre à l'écran : Dracula (T. Browning, 1931) ; la Marque du vampire (id., 1935). Dans les années 30 et 40, il met sa sombre élégance et sa diction fortement accentuée au service du cinéma fantastique et d'horreur alors très en vogue (Murders in the rue Morgue, R. Florey, 1932 ; l'Île du docteur Moreau, E. C. Kenton, id.), partageant la vedette de nombreux films avec Boris Karloff : le Chat noir (E. G. Ulmer, 1934) ; le Corbeau (Louis Friedlander [L. Landers], 1935) ; le Fils de Frankenstein (R. V. Lee, 1939) ; Vendredi 13 (Black Friday, A. Lubin, 1940) ; le Récupérateur de cadavres (R. Wise, 1945). Mais il manifeste peu de discernement dans la conduite de sa carrière et accepte aussi bien des rôles mineurs dans des productions de série ou les serials infantiles des studios les plus misérables. Incapable de s'adapter, il se prête à la fin des années 40 à la déchéance du fantastique et participe aux tristes bouffonneries que sont Zombies on Broadway (G. Douglas, 1945), Abbott et Costello contre Frankenstein (C. T. Barton, 1948) ou ce Bela Lugosi Meets a Brooklyn Gorilla (W. Beaudine, 1952) dont le titre dit bien à quel point le nom même de l'acteur avait pu s'identifier progressivement avec les sinistres personnages qui en avaient fait la renommée : savants fous, serviteurs difformes, vampires surtout à la cruelle élégance.

LUGUET (André Allioux, dit André)

acteur français (Fontenay-sous-Bois 1892 - Cannes 1979).

Acteur de théâtre réputé, issu d'une famille de comédiens, il apparaît au cinéma en 1911 dans l'Âme du violon (L. Perret). Engagé par Gaumont, il campe l'un des personnages principaux de Fantômas (L. Feuillade, 1913 et 1914) et joue dans d'autres bandes de ce réalisateur. Après la guerre, il entre à la Comédie-Française, d'où il va sortir avec éclat lorsque le cinéma devient parlant et qu'il est réclamé par Hollywood. Il y tourne des versions françaises, à la fois comme acteur et (co)réalisateur (Monsieur le Fox, H. Roach, 1930 ; le Bluffeur, M. Sennett, 1932) et affirme sa personnalité de jeune premier sportif. De retour en France, il campe de nombreux personnages, dosant désinvolture, humour et traditions théâtrales (les Amants terribles, M. Allégret, 1936 ; Battement de cœur, H. Decoin, 1940). Pendant l'Occupation, il met au point un rôle de séducteur mûrissant qui va lui valoir des succès comme le Mariage de Chiffon (C. Autant-Lara, 1942), l'Honorable Catherine (M. L'Herbier, 1943) ou l'Inévitable M. Dubois (P. Billon, id.) et qu'il a l'art de prolonger (Madame du Barry, Christian-Jaque, 1954 ; Une ravissante idiote, E. Molinaro, 1964).

LUITZ-MORAT

acteur et cinéaste français (Genève, Suisse, 1875 - Paris 1928).

Acteur de théâtre, il apparaît dans quelques films, comme Pervenche (1921), produit et réalisé par Alfred Machin. Il devient réalisateur en 1920 avec les Cinq Gentlemen maudits (où il est également acteur), un film dont il est aussi le producteur, sur un scénario qui sera repris par Duvivier en 1931. Il tourne des films dans différents genres, notamment la Terre du Diable (1921), qui baigne dans une ambiance fantastique, la Cité foudroyée (1924), sur un scénario de science-fiction de Jean-Louis Bouquet, Jean Chouan (1925), le Juif errant (1926), la Ronde infernale (1927), qui se déroule dans le cadre des Six-Jours cyclistes du Vél' d'Hiv, Odette (1928), nouvelle adaptation de la pièce de Victorien Sardou.

LUKAS (Pal Lukács, dit Paul)

acteur américain d'origine austro-hongroise (Budapest, Autriche-Hongrie, 1887 - Tanger, Maroc, 1971).

Acteur de théâtre coté dès les années 20, jouant notamment dans des productions de Max Reinhardt à Berlin et à Vienne, il vient à Hollywood en 1927, appelé par Adolph Zukor, et y commence une carrière brillante de séducteur, puis (grâce à son accent indélébile et à son physique inquiétant) de « traître » : il a incarné à plusieurs reprises des nazis. Il n'avait jamais cessé de faire du théâtre, et c'est en reprenant à l'écran son rôle (sympathique) de Quand le jour viendra (H. Shumlin, 1943) qu'il gagna un Oscar. On l'a aussi remarqué dans : les Carrefours de la ville (R. Mamoulian, 1931) ; les Trois Mousquetaires (Rowland V. Lee, 1935) ; Brief Ecstasy (E. T. Gréville, 1937, GB) ; Une femme disparaît (A. Hitchcock, 1938) ; Confessions of a Nazi Spy (A. Litvak, 1939) ; le Cargo maudit (F. Borzage, 1940) ; Angoisse (J. Tourneur, 1944) ; Berlin Express (J. Tourneur, 1948) ; les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (V. Minnelli, 1961) ; Tendre est la nuit (H. King, 1962) ; les 55 Jours de Pékin (N. Ray, 1963) ; Lord Jim (R. Brooks, 1965).