Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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KRAMER (Stanley)

producteur et cinéaste américain (New York, N. Y., 1913 - Los Angeles, Ca., 2001).

D'abord producteur, vers la fin des années 40, d'une série de films engagés et très vantés à l'époque (les meilleurs sont le Champion [M. Robson], 1949, et Le train sifflera trois fois [F. Zinnemann], 1952), Stanley Kramer a abordé la mise en scène en 1955 avec Pour que vivent les hommes (Not as a Stranger). Plein de bonnes intentions, mais réalisant trop visiblement des films plus à cause d'un sujet brûlant qu'en raison d'une nécessité personnelle, Stanley Kramer est la meilleure preuve que de bonnes intentions ne peuvent masquer un manque d'inspiration. L'homme est sympathique et sincère, mais souvent sans talent. Au plus bas, on trouve R. P. M. (1970), invraisemblable salmigondis sur les révoltes étudiantes. À l'étage supérieur, il y a les films les plus légers de Kramer, qui, de temps à autre, semblent touchés par le bizarre : on peut voir Un monde fou, fou, fou (It's a Mad, Mad, Mad, Mad World, 1963), ou l'Or noir de l'Oklahoma (Oklahoma Crude, 1973) avec le sourire et sans ennui. Enfin, il y a quelques œuvres hybrides qui accrochent maladroitement l'attention, comme la Nef des fous (Ship of Fools, 1965) ou la Théorie des dominos (The Domino Principle, 1977).

En fait, si les films de Kramer ont souvent marqué des dates dans l'histoire du cinéma américain, on réalise maintenant que c'est pour des motifs tout autres que leurs qualités intrinsèques. La Chaîne (The Defiant One, 1958) avait le mérite de briser un tabou racial ; le Dernier Rivage (On the Beach, 1959) devait à Sam Leavitt quelques belles images de ville déserte figée par une explosion atomique. Jugement à Nuremberg (Judgement at Nuremberg, 1961) permettait un subtil échange d'émotion entre Spencer Tracy et Marlene Dietrich. Et Devine qui vient dîner (Guess Who's Coming to Dinner, 1967), qui enfonçait des portes ouvertes avec une belle inconscience, restera dans nos mémoires parce que Spencer Tracy encore et Katharine Hepburn savaient y déguster, comme personne, des sorbets à la fraise des bois.

Autres films :

Orgueil et Passion (The Pride and the Passion, 1957) ; Procès de singe (Inherit the Wind, 1960) ; le Secret de Santa Vittoria (The secret of Santa Vittoria, 1969) ; Bless the Beasts and Children (1971) ; The Runner Stumbles (1979). ▲

KRAMPF (Günther)

chef opérateur autrichien (Vienne 1899 - Londres, G.-B., 1955).

Pour ses premières armes, il est assistant sur Nosferatu le vampire (F. W. Murnau, 1922). Rapidement promu chef opérateur, il dirige la photo d'un grand nombre de films, dont d'importantes œuvres expressionnistes. Son style est caractérisé par un goût marqué pour la pénombre. En Allemagne, il collabore notamment à Cendrillon (L. Berger, 1923), les Mains d'Orlac (R. Wiene, 1924), Loulou (G. W. Pabst, 1929), la Dernière Compagnie (K. Bernhardt, 1930), Kühle Wampe (S. Dudow, 1932), ainsi qu'à Narkose (1929), l'unique film de l'acteur Alfred Abel. En 1932, il se fixe en Grande-Bretagne et poursuit une carrière toujours fructueuse avec, par exemple, Rome Express (W. Forde, 1932), The Tunnel (M. Elvey, 1935), Fame Is the Spur (R. Boulting, 1947), Portrait of Clare (L. Comfort, 1950).

KRASKER (Robert)

chef opérateur britannique d'origine australienne (Perth, Australie-Occidentale, 1913 - Londres 1981).

Il débute en Angleterre comme cadreur des productions Korda et s'affirme après la guerre comme un des plus brillants chefs opérateurs de l'époque : Henry V (L. Olivier, 1944) ; Brève Rencontre (D. Lean, 1945) ; le Troisième Homme (C. Reed, 1949) ; Pleure, ô mon pays bien-aimé (Z. Korda, 1952) ; Senso (L. Visconti achève le film commencé par G. R. Aldo, 1954) ; Roméo et Juliette (R. Castellani, id.) ; les Criminels (J. Losey, 1960) ; Billy Budd (P. Ustinov, 1962) ; la Chute de l'Empire romain (A. Mann, 1964) ; l'Obsédé (W. Wyler, 1965).

KRASNA (Norman)

scénariste et cinéaste américain (Corona, N. Y., 1909 - Los Angeles, Ca., 1984).

Fort de ses succès scéniques, il collabore avec Fritz Lang sur deux de ses premiers films américains : l'un des meilleurs (Furie, 1936) et l'un des plus mauvais (Casier judiciaire, 1938). En fait, il travaille souvent avec de bons cinéastes, comme Frank Borzage (la Grande Ville, 1937) ou Alfred Hitchcock (Joies matrimoniales, 1941). La comédie alerte et vivace lui convient mieux, comme Jeux de mains (M. Leisen, 1935) ou Sa femme et sa dactylo (C. Brown, 1936). Il aborda par trois fois la réalisation, mais sans réussite notable malgré le petit succès que se tailla, en 1943, son premier film, Princess O'Rourke, pour lequel il reçut un Oscar, mais au titre de scénariste.

KRASNER (Milton)

chef opérateur américain (Philadelphie, Pa., 1901 - Woodland Hills, Ca., 1988).

Assistant opérateur dès 1918, il ne s'impose qu'après la guerre : la Femme au portrait (F. Lang, 1944) ; la Rue rouge (id., 1945) ; Nous avons gagné ce soir (R. Wise, 1949) ; Ève (J. L. Mankiewicz, 1950) ; Chérie, je me sens rajeunir (H. Hawks, 1952) ; Bas les masques (R. Brooks, id.) ; Sept Ans de réflexion (B. Wilder, 1955) ; Bus Stop (J. Logan, 1956) ; Doux Oiseau de jeunesse (Brooks, 1962) ; Pookie (A. J. Pakula, 1969). À quoi s'ajoutent sept films de Minnelli, Celui par qui le scandale arrive (1960), Un numéro du tonnerre (1960), les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (1962), Quinze Jours ailleurs (id.), Il faut marier papa (1963), Au revoir Charlie (1964) et le Chevalier des sables (1965).

KRAUSS (Henri Kraus, dit Henri)

acteur et cinéaste français (Paris 1866 - id. 1935).

Dès 1908, il devient l'un des piliers du Film d'Art. Jusqu'à 1914, il apporte ainsi, dans les réalisations d'Albert Capellani (la Tour de Nesle, Germinal, les Misérables, Quatrevingt-Treize, le Chemineau), sa connaissance du théâtre mise au service d'un jeu robuste, plus épuré, plus concentré. Il travaille ensuite avec Antoine (Frères corses, 1915) et met en scène lui-même Papa Hulin (1917), Marion Delorme (1918), le Fils de monsieur Ledoux (1919), toujours avec un même souci de réalisme. Pendant le tournage de Napoléon (1925), Gance le choisit pour être un de ses assistants. En 1925, il compose avec une minutie attentive le personnage du père de Poil de carotte (Duvivier). Peu avant sa mort, il trace la figure sereine de Mgr Myriel (les Misérables, R. Bernard, 1934), après avoir paru auparavant dans le Procureur Hallers (R. Wiene, 1930).