Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MAZIF (Sid-'Ali)

cinéaste algérien (Alger 1943).

Il s'inscrit à l'éphémère Institut du cinéma de Ben Aknoun, réalise quelques courts métrages, puis entre à l'ONCIC et tourne des documentaires, ainsi qu'un sketch du film L'enfer a dix ans, intitulé la Rencontre (1969). Sueur noire (détérioré par le laboratoire) est son premier long métrage et relate la répression d'une grève de mineurs au temps de la présence française. Trois ans plus tard, en 1975, les Nomades (ar-Ruhhal) aborde la sédentarisation obligée des tribus. Leila et les autres (1977) évoque la situation de la femme dans la société algérienne. Les films de Mazif partent toujours d'un script très élaboré, et le traitement plastique en est souvent d'une beauté rigoureuse.

MAZURSKY (Paul)

acteur et cinéaste américain (New York, N. Y., 1930).

Mazursky a raconté avec beaucoup de détails et de verve ses débuts d'acteur dans Next Stop Greenwich Village (1976). S'étant, après une carrière d'acteur incertaine, orienté vers l'écriture, il collabore avec Larry Tucker (le Baiser-papillon [I Love You Alice B. Toklas !], Hy Averback, 1969) et en vient ainsi à la réalisation. Son premier film, le plus célèbre, Bob et Carol et Ted et Alice (Bob and Carol and Ted and Alice, 1969), révèle un humour corrosif et tendre, un sens aigu de la charpente dramatique contrebalancé par la tentation du chaos, un ton charmeur pas toujours soutenu par une mise en scène qui peut pourtant se révéler nerveuse et élégante : en somme un tempérament réel mais brouillon. Depuis, Mazursky n'a pas changé. S'il n'est pas un grand cinéaste ni même un grand auteur, il est un auteur dont les films sont personnels et originaux. Il est à l'aise dans l'intimisme, entre le rire et les larmes, plus exactement entre la névrose et l'éclat de fou rire. Dans ce registre instable, ses meilleures réussites sont indubitablement la Femme libre (An Unmarried Woman, 1978), Ennemies, une histoire d'amour (Ennemies, A Love Story, 1989) et surtout le méconnu les Choses de l'amour (Blume in Love, 1973). Mais on ne saurait dénier au bancal et longuet Willie et Phil (Willie and Phil, 1979), ou au trop béat Harry et Tonto (Harry and Tonto, 1974), le même regard juste et amoureux porté sur la femme : Margot Kidder, Ellen Burstyn, comme par ailleurs Jill Clayburgh ou Natalie Wood, y rayonnaient.

Autres films :

Alex in Wonderland (1970) ; Tempête (Tempest, 1982) ; Moscou à New York (Moscow on the Hudson, 1984) ; le Clochard de Beverly Hills (Down and Out in Beverly Hills, 1986) ; Moon Over Parador (1988) ; Scènes de ménage dans un Centre commercial (Scenes from a Mall, 1991) ; The Pickle (1993) ; Faithful (1995) ; Why Do Fools Fall in Love (1998). ▲

MAZZACURATI (Carlo)

cinéaste italien (Padoue 1956).

Découvert par Nanni Moretti, qui produit son premier film, Nuit italienne (Notte italiana), en 1987, Carlo Mazzacurati s'est formé au sein du mythique ciné-club « Cinema Uno » de Padoue, que fréquentait aussi le scénariste Enzo Monteleone. Cinéaste cinéphile à la manière de certains réalisateurs français, Mazzacurati exprime sa passion en se lançant dès 1979 dans la réalisation d'un moyen métrage en 16 mm, Vagabondi, film autoproduit grâce à un petit héritage et qui révèle d'emblée un sens aigu du paysage et une approche chaleureuse de marginaux en état d'errance. Avec Nuit italienne, Mazzacurati obtient tout de suite une reconnaissance unanime, aussi bien en Italie qu'en France. Son deuxième film, les P'tits Vélos (Il prete bello, 1989), d'après l'œuvre de Goffredo Parise, montre une grande aptitude à se renouveler, par le choix d'une histoire située en Vénétie pendant le fascisme. Après Il richiamo della notte (1991) et Un'altra vita (1992), qui met en présence un homme rangé, dentiste de son état, et une réfugiée russe à la vie orageuse, Mazzacurati obtient un succès mérité au festival de Venise 1994 avec son quatrième long métrage, Il toro. Le film est distingué par le Lion d'argent, et Roberto Citran — déjà présent dans Il prete bello — est récompensé par le prix d'interprétation masculine réservé aux acteurs de seconds rôles. Ce voyage de la Vénétie à la plaine hongroise, en compagnie d'un taureau reproducteur que l'on va essayer de vendre à l'Est, est une sorte de road movie plein d'une humanité chaleureuse. Dans une œuvre en devenir, Mazzacurati décrit un univers lié en partie à sa terre natale (la basse vallée du Pô, les campagnes verdoyantes de la Vénétie, l'atmosphère des années du fascisme vécues à Vicenza) et aussi à une Rome nocturne vue dans sa désolation et son inhumanité. Le cinéaste, sur la base de scénarios fortement écrits (comme scénariste, Mazzacurati a collaboré à des films de D. Luchetti et de G. Salvatores), cerne des personnages qui semblent vivre pleinement leurs contradictions existentielles. Héritier d'un cinéma italien d'inspiration réaliste, Mazzacurati est aujourd'hui un des meilleurs représentants de sa génération. En 1996, il signe Vesna va veloce, la cruelle destinée d'une immigrée tchèque en Italie. En 1998, l'Été de David relate l'été plein de rebondissements d'un jeune qui se réfugie chez son oncle pour fuir ses problèmes familiaux et économiques. Deux ans plus tard, il réalise La lingua del santo (2000), le parcours initiatique de deux quadragenaires originaires de Padoue.

MAZZAROPI (Amácio)

acteur et cinéaste brésilien (São Paulo 1912 - id. 1981).

Comique débutant dans une production de la Vera Cruz (Sai da Frente, Abílio Pereira de Almeida, 1952), son personnage est une variante sentimentale et traditionnelle du Jeca Tatu, le prototype du paysan naïf créé par l'écrivain Monteiro Lobato. Les connotations populistes de ses débuts subissent une édulcoration qui rappelle l'évolution de Cantinflas. Devenu son propre producteur et, assez souvent, son propre metteur en scène, il atteint plusieurs fois les sommets du box-office national (Jeca Contra o Capeta, 1976 ; Jecão, um Fofoqueiro no Céu, 1977 ; Jeca e seu Filho Preto, 1978, signés par son photographe attitré, Pio Zamuner). Sa filmographie dépasse la trentaine de films.

MCS.

Abrév. anglaise de Medium Close Shot.