Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KJAERULFF-SCHMIDT (Palle)

cinéaste danois (Esbjerg 1931).

Dès l'âge de vingt ans, il forçait l'admiration par ses mises en scène remarquables de pièces de Tennessee Williams, Beckett et Osborne. Vers la fin des années 50, ses fréquentes collaborations avec l'auteur Klaus Rifbjerg l'amenèrent à s'intéresser au cinéma et, avec Week-End (1962), il devait réussir une percée comme le cinéma danois n'en avait pas connu depuis longtemps. Cette peinture de jeunes couples d'une trentaine d'années marque la première réflexion authentique de la génération danoise d'après-guerre. Ce coup d'éclat est suivi par ‘ Deux ’ (To, 1964) et par un sketch de la coproduction interscandinave ‘ 4 × 4 ’ (l'épisode ‘ Manœuvres d'été ’ [Sommerkrig]). ‘ Il était une fois une guerre ’ (Der var engang en krig, 1966) propose une approche de l'occupation nazie au Danemark vue par un adolescent. Après ‘ l'Histoire de Barbara ’ (Historien om Barbara, 1967), ‘ Dans les vertes forêts ’ (I den gronne skov, 1968) et ‘ Pense à un nombre ’ (Taenk på ett tal, 1969), Kjaerulff-Schmidt met en scène des pièces de théâtre pour la télévision, où il s'est déjà plusieurs fois illustré. Il revient au cinéma en 1984 avec Tukuma et en 1987 avec Peter von Scholten.

KJELLIN (Alf)

acteur et cinéaste suédois (Lund 1920 - Los Angeles, Ca., US, 1988).

C'est David O. Selznick qui remarqua ce jeune homme séduisant, d'une taille exceptionnelle et qui devait tenir des rôles de jeune premier dans les années 40. En 1949, Minnelli lui confie la vedette de Madame Bovary (sous le pseudonyme de Christopher Kent), mais c'est à son interprétation antérieure du jeune homme rebelle dans deux œuvres capitales d'Alf Sjöberg, Tourments (1944, sur un scénario de I. Bergman) et Iris et le cœur de lieutenant (1946), qu'il doit la célébrité. S'il ne joue que dans deux films d'Ingmar Bergman, Cela ne se produirait pas ici (1950) et Jeux d'été (1951), en revanche il incarne l'alter ego du réalisateur dans la Femme sans visage écrit pour Gustaf Molander (1947) par Bergman lui-même.

À Hollywood, où il s'est installé, Kjellin, qui a joué dans des productions à gros budget comme la Nef des fous (S. Kramer, 1965) et Destination Zebra : station polaire (J. Sturges, 1968), a également réalisé des séries télévisées. Il a mis en scène plusieurs longs métrages en Suède — dont Une fille sous la pluie (Flickan i regnet, 1955), Rencontre au crépuscule (Möteni Skymningen, 1957), le Jardin des plaisirs (Lustgården, 1961), sur un scénario écrit en collaboration par Bergman et Erland Josephson, et Siska (1962) —, aux États-Unis ( Midas Run, 1969) et en Grande-Bretagne (le Clan des McMasters [The McMasters], 1970).

KLAPISCH (Cédric)

cinéaste français (Neuilly-sur-Seine 1961).

Il a étudié aux États-Unis, où il a été chef-opérateur et réalisateur de courts métrages (In Transit, 1986). En France, il est remarqué grâce à Ce qui me meut (1989), un film bref sur un pionnier du cinéma, où son humour s'applique à une biographie fantaisiste impeccablement réalisée. Il signe en 1992 une comédie originale, Riens du tout, où le personnel d'un grand magasin en déshérence constitue le microcosme de nombreuses situations humoristiques sans qu'on évite le retour aux tristes réalités. Le Péril jeune, une production télévision sortie en salles en 1995, s'essaie à l'alliance de tendresse et de représentativité sociale et lui permet de confirmer son audience, qui sera encore accrue par un film à petit budget tourné dans le quartier où il habite avec le concours de protagonistes non professionnels, Chacun cherche son chat (1995). Il présente peu après Un air de famille (1996), une intelligente adaptation d'une pièce de théâtre d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, qui sera le nouveau succès de Klapisch au box-office. Il bifurque alors en direction d'une réflexion ambitieuse dans le cadre d'une vision futuriste de nos sociétés : Peut-être (1999).

KLEIN (William)

cinéaste et photographe américain (New York, N. Y., 1928).

William Klein s'intéresse d'abord aux arts plastiques. Il travaille, dès son arrivée à Paris en 1949, avec Fernand Léger, réalise des peintures murales pour des architectes français et italiens et expose beaucoup en Europe. Il s'adonne ensuite à la photographie et est l'auteur des albums New York, Rome, Moscou et Tokyo. Il est attaché à de nombreux journaux de mode, dont Vogue (1955-1965). Il réalise, en 1958, son premier court métrage, Broadway by Light, et conçoit, en tant que conseiller artistique, le style photographique de Zazie dans le métro de Louis Malle (1960).

Dans son œuvre filmée, William Klein demeure un témoin attentif du monde moderne. Les univers de la mode (Qui êtes-vous Polly Maggoo ?, id., 1966), de la politique conçue comme une vaste bande dessinée (Mr. Freedom, 1969) et du cadre de vie futuriste (le Couple témoin, 1977), sont croqués, au niveau de la fiction, de manière très stylisée. L'auteur ouvrage beaucoup les décors et compte sur leur impact visuel.

William Klein est aussi un documentariste de talent. L'Amérique est souvent questionnée. À travers elle, l'auteur s'intéresse surtout au sort des Noirs, à leurs combats et à leur culture : Cassius le Grand (1964), Eldridge Cleaver, Black Panther (1969), Festival panafricain de la culture (id.), Muhammad Ali the Greatest (1974), The Little Richard Story (1980). William Klein a également réalisé un document remarqué sur mai 68, Grands Soirs et petits matins (1968-1978), et un film sur le tournoi de tennis de Paris : The French (1982).

KLEIN-ROGGE (Rudolf)

acteur allemand (Cologne 1888 - Graz, Autriche, 1955).

Venu du théâtre, il tient un petit rôle dans le Cabinet du Dr Caligari (R. Wiene, 1919). Il interprète l'année suivante Das wandernde Bild de Fritz Lang, sur un scénario de sa femme Thea von Harbou, qui divorcera pour épouser Lang en 1924. On voit Klein-Rogge dans tous les films du réalisateur dans les sept années qui suivent. Il y incarne une volonté forcenée de puissance : un noble vénitien dans les Trois Lumières (1921), Mabuse assoiffé de pouvoir dans le Docteur Mabuse (1922), Attila dans la Vengeance de Kriemhilde (les Nibelungen, 1924), Rotwang, savant fou de Metropolis (1927) ou l'hypnotiseur Haghi des Espions (1928). Il n'abandonne pas ce registre et incarne le sinistre docteur dans le Testament du Dr Mabuse (1933). On le retrouve dans Elizabeth und der Narr (T. von Harbou, 1933), les Deux Rois (H. Steinhoff, 1935), l'Empereur de Californie (L. Trenker, 1936), Madame Bovary (G. Lamprecht, 1937), Crépuscule (V. Harlan, id.), Hochzeit auf Bärenhof (C. Froelich, 1942). Il est souvent parvenu à rendre crédibles et en tout cas saisissantes des figures guettées ou ravagées par la déraison ou la tentation du pire.