Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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LUCAS (George)

cinéaste et producteur américain (Modesto, Ca., 1944).

Quelques essais réussis dans le court métrage à la University of Southern California lui donnent l'occasion de s'intégrer à la « bande » de Coppola. Il participe à la mise en œuvre de Gens de la pluie en 1969 et en tire un film témoin, qu'il intitule Filmmaking. Il est un des opérateurs enregistrant pour David et Albert Maysles la foire épileptique sacrée que déchaîne un concert splendide des Rolling Stones (Gimme Shelter, 1970). L'année suivante, partant d'un de ses courts métrages, dont il développe le thème (THX 1138-4-EB), il signe une belle fable fantasmagorique sur un monde enterré, codé, aseptisé : c'est THX 1138 (id.), avec Donald Pleasance et Robert Duvall. La percée de Lucas se poursuit avec le succès d'un film de nostalgie sur sa jeunesse, tourné avec peu de moyens mais une justesse efficace : American Graffiti (id., 1973). Le système de production de Lucas, où il réintroduit une dimension oubliée de l'artisanat (« Je fais tout moi-même », dans son cas, n'est pas une figure de style), l'originalité de ses sujets, même si le genre, lui, n'est pas neuf, ont un impact réel, que la Guerre des étoiles (Star Wars, 1977) démultiplie encore, tout en redorant spectaculairement les actions de la Fox (pour un budget initial de moins de dix millions de dollars). Le film recueille dix Academy Awards. C'est, en plus simplet, le triomphe du space-opera type 2001 : l'Odyssée de l'espace. Mais les maquettes, les procédés techniques, les effets spéciaux, et, somme toute, l'héritage bien géré du vieux magicien Méliès émerveillent le public, séduit par des idées claires et par le mariage heureux de la bande dessinée et du baroque technologique. La Guerre des étoiles est un des plus grands succès financiers de l'histoire du cinéma. Scénariste, coproducteur de ses films, dialoguiste, Lucas collabore à L'Empire contre-attaque (I. Kerschner, 1980), suite de la Guerre des étoiles puis au Retour du Jedi (Return of the Jedi, Richard Marquant, 1983), tout en produisant les films de Steven Spielberg (les Aventuriers de l'arche perdue, 1981 ; Indiana Jones et le temple maudit, 1984 ; Indiana Jones et la dernière croisade, 1989), de Francis Ford Coppola (Tucker, 1988) ou de Ron Howard (Willow, id.). Star Wars : the Phantom menace, (1999) nouvel avatar de la Guerre des étoiles, revu et corrigé par son auteur est un des plus gros succès de l'année 1999. Son épouse, Marcia Lucas, est chef monteuse ; elle a travaillé sur plusieurs de ses films, et sur les deux premiers de Martin Scorsese.

LUCHAIRE (Corinne)

actrice française (Paris 1921 - id. 1950).

Son jeu tout à la fois sec, précis et vibrant s'épanouit dans Prison sans barreaux (L. Moguy, 1938), qui lui vaut un triomphe. En deux ans, elle accomplit sa carrière : Conflit (Moguy, id.) ; le Dernier Tournant (P. Chenal, 1939) ; Cavalcade d'amour (R. Bernard, 1940) ; Je t'attendrai / le Déserteur (Moguy, id.). En 1940, elle tourne en Italie Abbandono de Mario Mattoli, que l'on verra peu. La libération de la France l'emporte dans ses remous. Elle y perdra son père – patron de presse influent du Paris occupé par les Allemands, il sera fusillé après procès pour collaboration avec l'ennemi –, sa santé, ses illusions : elle en fait le récit dans Ma drôle de vie. Condamnée elle-même à dix ans de privation de droits civiques, elle mourra en 1950 de tuberculose.

LUCHETTI (Daniele)

cinéaste italien (Rome 1960).

D'abord assistant de Nanni Moretti, Luchetti fait ses débuts grâce à la Sacher Film, la société de production créée par Moretti, avec Domani, Domani, Domani accadrà (1988), mise en scène pleine d'invention mêlant spectacle et réflexion philosophique sur le XIXe siècle. Après une digression humoristique en forme de rébus sentimental, la Semaine du Sphinx (La settimana della sfinge, 1989), Luchetti signe un pamphlet politique interprété par Moretti, le Porteur de serviette (Il portaborse, 1991), sur les manœuvres frauduleuses et l'absence de scrupules d'un homme politique aux dents longues. Le succès remporté à Cannes, qui confirme les qualités d'un cinéaste à l'aise dans des registres différents, permet à Luchetti de poursuivre une brillante carrière avec È arrivata la bufera (1993), allégorie sur la société de consommation parvenue à son point de rupture, et La scuola (1995), portrait sensible d'un corps enseignant en pleine crise d'identité. Il participe en tant qu'acteur dans le film de Antonio Luigi Grimaldi, Il cielo è sempre più blu (1995), et joue son propre rôle dans Aprile (1998) de Nanni Moretti. En 1998, il réalise un nouveau film, I piccoli maestri (1998), l'histoire de deux jeunes étudiants en littérature pendant la Seconde Guerre mondiale.

LUCHINI (Fabrice)

acteur français (Paris 1951).

Acteur de théâtre, il apparaît aussi dans de nombreux films depuis 1969. C'est Perceval le Gallois, d'Eric Rohmer (1978), qui lui apporte sinon la gloire, du moins une certaine notoriété. Il sera fidèle au réalisateur : la Femme de l'aviateur (1981), les Nuits de la pleine lune (1984), Quatre Aventures de Reinette et Mirabelle (1987), l'Arbre, le maire et la médiathèque (1993). On l'appréciera aussi dans un film quelque peu « rohmérien », la Discrète (Christian Vincent, 1990). Ces films et quelques autres signés Pierre Zucca (Rouge-gorge, 1985) ou Nagisa Oshima (Max mon amour, 1986) lui ont conféré une image de spécialiste du film d'auteur. Son talent verbal, ses intonations personnelles, son goût pour le discours ont pourtant été souvent utilisés avec la même distance et plus d'humour : Riens du tout (Cédric Klapisch, 1991), l'Année Juliette (Philippe Le Guay, 1995), Rien sur Robert (P. Bonitzer, 1999). Il a souhaité élargir son répertoire en collaborant à des œuvres très diverses, de Patrick Schulmann (P. R. O. F. S., 1985 ; les Oreilles entre les dents, 1986) à Édouard Molinaro (Beaumarchais l'insolent, 1996) en passant par Claude Berri (Uranus, 1990), le Retour de Casanova (E. Niermans, 1991) et le Colonel Chabert (Yves Angelo, 1993), Un air si pur (id., 1997), Pas de scandale (B. Jacquot, 1999), Barnie et ses petites contrariétés (Bruno Chiche, 2001).